Classement Forbes 2018 : Le Royaume-Uni Nommé Meilleur Pays Pour Les Entreprises
(FORBES) Après le vote serré des Britanniques en faveur du Brexit
l’année dernière, beaucoup ont pensé que l’économie du pays allait
s’effondrer. Si la livre sterling a en effet reculé de 9 % par rapport
au dollar, et reste plus basse qu’auparavant, l’économie dans son
ensemble se porte plutôt bien. Le PIB a augmenté de 1,8 % en 2016, soit
juste derrière l’Allemagne et sa croissance de 1,9 %, en tête du G7. La
croissance économique s’est poursuivie en 2017, les prix de l’immobilier
augmentent et le chômage, à 4,3 %, n’a jamais été aussi bas depuis
42 ans.
La sortie de l’Union Européenne (UE) est
prévue pour mars 2019, mais beaucoup de choses sont encore incertaines.
Certaines entreprises britanniques n’osent pas investir
et attendent de
voir comment le Brexit affectera les relations commerciales, et les
prévisions de croissances sont plus basses pour 2018, mais le climat
entrepreneurial anglais reste attractif. Le Royaume-Uni arrive pour la
première fois en tête de ce 12ème classement Forbes annuel des Meilleurs Pays pour les Entreprises.
Il fait partie des 25 pays les mieux
classés (sur 153) dans chacun des 15 paramètres mesurés, en dehors du
risque politique où il arrive 28ème. Il arrivait 5ème au classement général en 2016.
Wells Fargo et Apple
ont tous deux entrepris des mouvements importants vers Londres depuis
l’annonce du Brexit. Le premier a ainsi dépensé 337 millions d’euros
pour acquérir un nouveau siège social européen dans le quartier des
affaires londonien. Quant à Apple, il a annoncé son intention d’ouvrir un nouveau campus londonien de presque 46 000 m² en 2021. Facebook
est aussi sur le coup avec 65 000 m² à aménager pour 9 000 employés.
« Ces engagements sont la preuve que les entreprises ont confiance en la
stabilité économique à long-terme du Royaume-Uni », analyse Jeff
Lessard, consultant pour Cushman & Wakefield, qui aide les
entreprises à trouver des locaux.
Le pays du thé s’en est particulièrement bien sorti en termes de préparation technologique (4ème) et au niveau de la taille et de la formation de sa main d’œuvre (3ème). Son économie d’une valeur de 2 200 milliards d’euros est la 5ème
du monde. La capitale bitannique est le centre des services financiers
européens, et abrite des géants de la finance comme HSBC, Prudential et
Barclays. « L’avantage du Royaume-Uni, c’est que Londres est l’un des
trois plus grands centres financiers de la planète, explique M. Lessard.
Après le Brexit, quelques villes européennes pourront concurrencer
Londres, mais toutes ont leurs défauts ».
La domination de l’Angleterre sur ce
classement pourrait être de courte durée avec la sortie de l’UE. Londres
pourrait perdre 10 000 emplois liés au secteur bancaire, d’après le
groupe de réflexion Bruegel.
Citigroup, Morgan Stanley, Nomura et Standard Charter déménagent à
Francfort, et Paris et Dublin font de l’œil aux autres banques qui ne
veulent pas perdre l’accès au marché unique européen.
« Le plus gros problème du pays sera la
facilité de la participation de jeunes talents européens à la croissance
de son économie. Le talent est la clé qui mène à l’innovation, la croissance et la compétitivité », explique Matthew De Luca, consultant en stratégie chez Cushman & Wakefield.
Nous avons mis au point ce classement
des Meilleurs pays pour les entreprises en évaluant 153 États selon
15 critères différents, notamment le droit à la propriété, l’innovation,
la fiscalité, la technologie, la corruption, la liberté (liberté
individuelle, liberté de commerce et liberté monétaire), la simplicité
des démarches administratives et la protection des investisseurs. Tous
ont le même coefficient.
Nous avons changé notre méthodologie
pour la première fois cette année, après en avoir discuté avec plusieurs
experts de choix de localisation pour entreprises. Nous ne prenons plus
en compte les performances boursières, et nous avons ajouté la main
d’œuvre, les infrastructures, la taille du marché, la qualité de vie et
le risque politique à nos estimations pour mieux évaluer l’attractivité
d’un pays pour les investisseurs. Ces données sont tirées de rapports
publiés par Freedom House, Heritage Foundation,
Property Rights Alliance, les Nations Unies, Transparency International,
la Banque Mondiale, Aon, Marsh & McLennan et World Economic Forum
(cliquez ici pour obtenir plus de détails notre méthodologie et les classements pas critères).
La Nouvelle-Zélande arrive en 2ème
position au classement général pour la troisième année consécutive.
Cette île d’Océanie ne compte que 4,5 millions d’habitants, mais son
économie se porte comme un charme avec une croissance de 3,6 % en 2016.
Parmi les 20 meilleurs pays du classement, seule l’économie irlandaise a
obtenu un meilleur score.
Les Kiwis sont parvenus à passer d’une
économie agraire à une économie industrielle et de libre marché en
40 ans. Ils ont privatisé des dizaines d’entreprises comme des
compagnies d’aviations, des assurances, des banques ou des entreprises
de télécommunication auparavant dirigée par l’État. Ce pays est le
meilleur en matière de simplicité administrative, de corruption et de
droits de propriété.
Les Pays-Bas, la Suède et le Canada complètent ce top 5.
Les États-Unis étaient sur une mauvaise pente depuis une dizaine d’années, passant de la première place en 2006 à la 23ème
position en 2016 à cause de la multiplication des démarches
administratives et bureaucratiques, ainsi que de moins bons résultats en
termes de libertés commerciales et monétaires. Mais ce pays à
15 700 milliards d’euros remonte à la 11ème place cette année grâce à de meilleurs scores par rapport à ses concurrents en préparation technologique, en innovation et en liberté de commerce.
« Les États-Unis ont de très bons accès à
la fois aux économies européennes et à celles du Pacifique, ils ont une
main d’œuvre variée et bien formée, des entreprises à la pointe de l’innovation et un environnement économique stable, confie M. Lessard. Et la grande réforme fiscale de l’administration Trump ne va qu’augmenter l’intérêt qu’ont les entreprises à s’implanter sur le sol américain ».
Le changement de méthodologie avantage
les Américains, avec la nouvelle prise en compte de la main d’œuvre (par
sa taille et son niveau de formation) et de la taille du marché
(produit national brut). Les U.S.A arrivent premiers dans ces deux
catégories.
« Les investissements directs à
l’étranger en direction des États-Unis sont importants ces dernières
années car les multinationales cherchent à se rapprocher de leurs
clients et mieux contrôler leur chaîne de production sur le plus marché
le plus riche du monde », explique Jerry Szatan, consultant en choix
d’installation d’entreprise, basé à Chicago.
Les deuxième et troisième économies mondiales, la Chine et le Japon, sont arrivées respectivement 66ème et 21ème
dans notre classement. La Chine est handicapée par son manque de
libertés commerciale et monétaire. Quand au Japon, il a beau avoir
diminué la taxe sur les entreprises de 8 % depuis 2012, sa lourde
fiscalité le laisse à la traîne derrière les autres pays développés,
d’après la Banque Mondiale. Il fait tout de même partie du top 10 quand
il est question d’innovation et d’infrastructures.
Les pays d’Afrique font partie
des moins nantis pour les entreprises, avec six d’entre eux parmi les dix
derniers du classement (Haïti est le moins bien classé des pays non
africains). La plupart de ces pays ont de mauvais résultats en
innovation, en liberté commerciale et en protection des investisseurs. Les pays
africains enclavés souffrent d’un manque d’infrastructure et du manque
de formation de leur main d’œuvre, ainsi que d’une lourde bureaucratie
et d’importants problèmes de corruption.
Commentaires
Enregistrer un commentaire