Synthèse de la Réunion de réflexion sur l’opérationnalisation du « Consensus de Douala » : « Les voies de la diversification économique en Afrique Centrale »
Le
Bureau Sous régional pour l’Afrique Centrale de la Commission Economique des
Nations Unies pour l’Afrique (CEA/BSR-AC) a organisé le 31 janvier à l’Hôtel
Hilton de Yaoundé au Cameroun, une réunion de réflexion consacrée à l’opérationnalisation du « Consensus de Douala ».
L’objectif principal de cette séance de réflexion était d’identifier des actions pratiques
pouvant conduire à la mise en œuvre effective du « Consensus de Douala » qui
avait été adopté à l’issue de la 33ème session du Comité Intergouvernemental
d’Experts (CIE). (Plus de détails: https://e2cbusiness.blogspot.com/2018/01/des-experts-se-reunissent-pour-debattre.html)
Monsieur Isaac Tamba, Directeur Général de l’Economie et de
la Programmation des Investissements Publics au Ministère de l’Economie, de la
Planification et de l’Aménagement du Territoire (MINEPAT) du Cameroun présidait
la rencontre, en compagnie de Monsieur Antonio
Pedro, Directeur du Bureau Sous Régional pour l’Afrique Centrale de la
Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), et Monsieur Adam
Elhiraika, Directeur de la Division de la Politique Macroéconomique de la
CEA. Y ont pris part, les représentants du Ministère de l’Économie, de
la Planification et de l’Aménagement du Territoire (MINEPAT) de la République
du Cameroun, de la CEEAC et de la CEMAC, les anciens fonctionnaires et
consultants de la CEA résidant au Cameroun ainsi que les économistes principaux
des bureaux du PNUD en Afrique centrale. Ont également été représentés le
secteur privé, la société civile, les universités et les centres de recherche
de la sous-région. La CEA a assuré le
secrétariat de la réunion de réflexion.
L’ordre du jour était principalement centré sur la présentation du
document de discussion, les travaux en atelier et leur restitution.
Après les civilités d’usage, le document de discussion préparé le
Bureau sous régional de la CEA a été présenté pour ouvrir les débats.
Le
présentateur a commencé son exposé en rappelant que le récent effondrement des
prix des matières premières, notamment ceux du pétrole, a entraîné des
difficultés économiques et budgétaires qui ont nécessité des programmes
d'ajustement structurel sous la tutelle du Fonds monétaire international (FMI)
pour assurer la stabilité macroéconomique à court et moyen terme et regagner la
confiance des investisseurs dans la sous-région.
Après avoir expliqué les raisons du regain d’intérêt pour la
diversification et l’industrialisation en Afrique centrale, l’orateur a
identifié les contraintes et les moteurs de la diversification en Afrique
Centrale qui peuvent se classer en quatre groupes de domaines d’intervention
clé : (i) un leadership public efficace ; (ii) des infrastructures et un
capital humain ; (iii) la gouvernance et des capacités publiques de mise en œuvre
; et (iv) le financement de l’industrialisation. Le présentateur a ensuite
décrit les éléments clés permettant d’ouvrir efficacement la voie à la
diversification et à l’industrialisation. Il s’agit : (i) des politiques
pragmatiques et non idéologiques ; (ii) une planification efficace et cohérente
; (iii) des capacités humaines adéquates, (iv) une mobilisation de l’ensemble
des parties prenantes ; et (v) une autonomie intégrée des institutions de
politique industrielle. L’exposant a terminé sa présentation en proposant une
série de questions pour amorcer la réflexion et qui couvraient plusieurs
domaines tels que la marge de manœuvre pour conduire une politique de
diversification ; la coordination de la politique de diversification au sein de
la sous-région, les partenariats ou encore le rôle du secteur privé.
Les discussions qui ont suivi la présentation ont permis le
partage de points de vue variés sur les modalités de l’opérationnalisation du «
Consensus de Douala ». Par exemple, la diversification horizontale a été
identifiée comme une voie à explorer avant de passer à la
diversification verticale. Etant donné les nombreux enjeux et défis de la
diversification les participants ont souligné l’importance d’établir des
priorités et ont plaidé pour davantage de coordination entre la CEEAC et la
CEMAC. La question du « patriotisme
économique » a été abordée pour permettre aux industries naissantes de se
développer à l’instar de ce qu’il s’est passé dans d’autres régions en
développement. En tout état de cause, la stabilité macroéconomique, la qualité
du leadership et la mobilisation des ressources financières ainsi que le
renforcement des capacités humaines ont été considérés comme des éléments
incontournables pour l’élaboration de stratégies efficaces orientées vers la diversification
économique et le développement d’un tissu industriel compétitif pour la
transformation structurelle de l’Afrique centrale.
A la suite de cette présentation, les travaux se sont déroulés en sessions plénières et en sessions parallèles pour approfondir les discussions, avec la matrice des quatorze recommandations issues du CIE comme base de travail. Les participants se sont répartis en deux groupes de travail:
o
Groupe 1 : Leadership politique et
Facteurs cognitifs/Capital humain
o
Groupe 2 : Infrastructures, climat des
affaires, secteur privé et Financement / Partenariat.
Le
groupe de travail 1 s’est penché sur les interventions clés à prendre pour
promouvoir et renforcer le Leadership politique (sous-groupe 1) et les Facteurs
cognitifs/capital humain (sous-groupe 2) qui doivent sous-tendre les
stratégies de diversification et d’industrialisation en Afrique Centrale. Les
membres ont suggéré les actions ci-après :
- mener des études et analyses sectorielles et régionales d’investissements;
- optimiser la conception, la cohérence et la réalisation des plans de développement industriels de chaque pays ;
- identifier les opportunités de coopération sous régionale ;
- mettre en place une plateforme pour améliorer la qualité du dialogue public / privé qui existe ;
- favoriser les échanges d’expériences avec les pays qui ont réussi leurs politiques de diversification (Singapour, Malaisie, Ile Maurice…) ;
- améliorer l’accès public à l’information incluant les marchés publics, les opportunités d’investissement pour une meilleure transparence.
- s’assurer du respect des clauses de transfert de technologie dans la conception et l’exécution des projets.
- insérer des modules de formation à l’entrepreneuriat et au leadership dans l’enseignement
- renforcer l’offre de formation technique et de technologie par la création des centres de formations de techniciens spécialisées (accès ouvert à tous les niveaux d’études).
- faciliter la mobilité des ressources humaines dans la sous-région.
- promouvoir les incubateurs d’entreprises pour les jeunes porteurs de projets
- créer des pôles d’excellence régionaux dans les secteurs à fort potentiel.
Le Groupe de travail 2 quant à lui s’est
penché sur les interventions clés à prendre pour développer les infrastructures
y compris les infrastructures-qualité, améliorer le climat des affaires et
promouvoir le secteur privé (sous-groupe 1). Il a identifié les actions
pratiques en vue de faciliter le financement de la diversification et de
l’industrialisation et identifier des partenariats potentiels à nouer
pour accélérer l’investissement et l’industrialisation (sous-groupe 2). Les
membres ont, entre autres, proposé de :
- renforcer au niveau national les capacités des organisations patronales et relancer au niveau sous régional l'UNIPACE (Union des Patronats d'Afrique Centrale) ;
- mettre en place des politiques de promotion des champions nationaux ou régionaux ;
- promouvoir la collaboration entre pays pour une démarche commune de normalisation. ;
- mettre en œuvre des instruments régionaux adoptés par le Conseil des ministres de la CEMAC. (Politiques régionales de normes et standards, prix qualité, études complémentaires) ;
- créer des agences d’information technologiques et renforcer les capacités des infrastructures locales de recherche ;
- créer des parcs industriels nationaux et sous régionaux basés sur des grappes industrielles qui abordent des questions spécifiques dans la chaîne de valeur de chaque pays ;
- mener des études de faisabilité pour la création de banques de développement et de fonds pour la préparation des projets ;
- établir un cadre de normes professionnelles pour les banques d'investissement ;
- recourir à l’assistance technique de la CEA pour la mise en œuvre des recommandations.
Pour
finir, trois allocutions de clôture ont été prononcées respectivement par le
Directeur de la CEA/BSR-AC, le Directeur de la Politique macroéconomique de la
CEA et le Directeur Général de l’Economie, qui ont d’entrée de jeu remercié les
participants pour la qualité des échanges et des contributions en vue de l’opérationnalisation
du « Consensus de Douala ».
Le
Directeur Monsieur Antonio Pedro, a prioritairement noté qu’un des principaux
enseignements tirés de la journée de réflexion était que la promotion la
diversification économique en Afrique centrale exige l’établissement et le
développement d’institutions de classe mondiale accompagnées de meilleures
normes et cadres réglementaires.
Après
la suite, Monsieur Adam Elhiraika, a insisté sur le fait que les Banques
centrales devraient renforcer l'approfondissement du système financier, car il
est essentiel au développement financier et au déblocage du financement en
faveur de la diversification économique. Il a, par ailleurs, indiqué que les
autorités nationales devraient poursuivre des politiques favorables et mettre
en place des mécanismes appropriés pour attirer l'investissement direct
étranger.
Dans son allocution de clôture, le Directeur
Général de l’Economie, Monsieur Isaac Tamba a souligné le fait que la
diversification économique en Afrique centrale était non seulement capitale
mais également opportune. Elle doit permettre d’atténuer certains des risques
inhérents aux économies de l'Afrique centrale. Selon lui l'accent devrait être
mis sur le passage progressif de la diversification horizontale à la
diversification verticale, compte tenu des abondantes ressources dont dispose
les pays de la sous-région. Il a insisté sur le fait que ces recommandations ne
devraient pas être « jetées aux oubliettes », mais qu’elles devraient plutôt
servir à engager des discussions avec les décideurs politiques de haut rang en
vue de leurs mises en œuvre effectives. C’est sur cette note d’espoir qu’il a
déclaré close la réunion de réflexion sur l’opérationnalisation du « Consensus
de Douala ».
Pour toute information
complémentaire sur le rapport original de la réunion,
veuillez-vous adresser à:
Commission
économique pour l’Afrique
Bureau
sous-régional pour l’Afrique Centrale
BP. 14935,
Yaoundé, Cameroun
M. Mamadou
Malick Bal
Téléphone :
+237 222 50 43 46 / E-mail : balm@un.org
Nathalie
Kouam
Téléphone :
+237 222 50 43 45 / E-mail : kouam@un.org
Télécharger le Rapport de réunion (Français)
Télécharger le Rapport de réunion (Anglais)
Annexe: Matrice des
quatorze recommandations issues du CIE
Source:Rapport de la réunion rédigé par le Bureau Sous-Régional pour l'Afrique Centrale de la Commission Économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA/BSR- AC)
About CEA/BSR- AC
"Les Africains doivent rechercher une croissance tenant surtout compte de
leurs priorités et à même d’entraîner une transformation structurelle."
Situé à Yaoundé, Cameroun, le Bureau Sous-Régional pour l’Afrique Centrale de la Commission Économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA/BSR-AC) couvre les Etats membres suivants: le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la République Centrafricaine, la République Démocratique de Sao Tome & Principe et le Tchad. Compte tenu de sa mission visant à soutenir les Communautés Economiques Régionales, à savoir la CEMAC et la CEEAC, ainsi que leurs institutions spécialisées, la CEA / BSR-AC collabore également avec l'Angola, le Burundi et la République Démocratique du Congo. Le Bureau travaille aussi avec des Organisations Non Gouvernementales, la société civile, des universités, des institutions de recherche et le secteur privé.
La CEA
est le seul organisme des Nations Unies à avoir pour mandat d’opérer aux
niveaux régional et sous régional pour mobiliser des ressources et les mettre
au service des priorités de l'Afrique. Pour renforcer son impact, la CEA porte
une attention particulière à la collecte de statistiques régionales actualisées
destinées à étayer la formulation de politiques et le plaidoyer ; promouvoir le
consensus politique ; appuyer le renforcement des capacités ; renforcer
les services consultatifs dans les principaux domaines thématiques suivants :
Politique
macroéconomique, Intégration
régionale et Commerce,
Développement
social, Ressources
naturelles, Innovation
et technologie, Genre, Gouvernance, Statistique
La CEA/BSR-AC présente le bilan annuel de ses activités au Comité Intergouvernemental d’Experts (CIE) de la sous-région qui transmet ses recommandations à la réunion annuelle conjointe de la Conférence des Ministres de l’Economie et des Finances de l’Union Africaine et de la Conférence des Ministres africains des Finances, de la Planification et du Développement Economique de la Commission Economique pour l’Afrique.
Plus de détails sur le site: https://www.uneca.org/fr/sro-ca/pages/sur-le-bureau
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