Les institutions financières doivent changer leur approche des PME
Jean-Luc KONAN,Jeune Afrique
Pour le fondateur de Cofina, les micro-entrepreneurs en Afrique ont
besoin d'une formation au leadership tout autant que d'appuis
économiques.
Et si le meilleur moyen de promouvoir les PME africaines
consistait à faire de leurs dirigeants de véritables leaders économiques
? Une étude de la Banque mondiale
publiée en septembre 2017 révèle que les formations en entrepreneuriat
axées sur les compétences psychologiques,
notamment la motivation, sont
nettement plus efficaces que les formations classiques en gestion,
comptabilité ou marketing. Menée auprès de micro-entrepreneurs de
l’Afrique de l’Ouest, elle a permis à ceux qui ont suivi ces nouveaux
types de formations de réaliser une hausse de bénéfices de 30 %, contre
11 % pour ceux ayant reçu une formation classique.
Enseigner le leadership, la prise d’initiatives, la capacité
à surmonter des obstacles, tout cela est vital pour des entrepreneurs
qui doivent survivre dans un monde ultra-concurrentiel. Cette nouvelle
approche invite à reconsidérer la forme que doit prendre
l’accompagnement des PME africaines, en associant financement et
formation pour leur permettre de déployer leurs pleines capacités.
Le nombre des PME en décalage avec leur poids économique
En effet, il est plus que nécessaire de faire prendre
conscience aux institutions financières de l’urgence qu’il y a à changer
leur approche des PME. Celles-ci sont le terreau sur lequel prospère le
tissu industriel national. Les PME africaines représentent 90 % des
sociétés privées du continent, et parmi elles entre 70 et 80 % sont des
micro ou très petites entreprises.
Pourtant, leur nombre est en décalage avec leur poids
économique total : il est estimé qu’elles ne représentent qu’entre 20 et
30 % du PIB des pays africains, contre 60 % dans les pays développés.
Il est donc d’autant plus nécessaire de repenser la nature
de l’accompagnement qui doit leur être offert : les dirigeants de PME
ont besoin tout autant de soutien financier que moral. La finance
classique n’assure ni l’un ni l’autre : les institutions traditionnelles
étant mal équipées pour évaluer et suivre les projets des PME, elles
compensent ce déficit d’information en exigeant des garanties très
onéreuses ou impossibles à fournir.
Seules 6,4 % des PME déclarent y avoir eu accès, contre 27 %
en Asie du Sud-Est. Ainsi, plus de 70 % des PME ont des difficultés à
se financer sur le moyen/long terme. De son côté, la micro-finance ne
dispose pas de capacités de financement suffisantes.
"En tant que sous-traitants, les PME jouent rôle prépondérant dans le soutien aux grandes entreprises"
Entre la finance traditionnelle et la micro-finance, toutes
deux préoccupées essentiellement par des enjeux financiers, la
mésofinance offre une approche holistique de l’entrepreneuriat. Elle
reconnaît le rôle prépondérant que jouent les PME sur le marché de
l’emploi et dans le soutien aux grandes entreprises en tant que
sous-traitants ; leur capacité à l’innovation et leur plus grande
adaptabilité aux conditions fluctuantes du marché les mettent aux
avant-postes de la stabilité économique.
De fait, les PME représentent le tiers des brevets déposés
dans les sociétés industrialisées, et ont le potentiel d’être à la
pointe des créations de brevets locaux dans les économies africaines en
cours d’industrialisation. C’est sur leur réactivité et leur
adaptabilité aux marchés que comptent les grandes entreprises et les
économies africaines dans leur ensemble pour faire face aux chocs
internes et externes, et conserver leur momentum contre vents et marées.
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