Raymond Abanda: Le marketing n’existe pas encore au Cameroun

Par Hervé B.Endon, Lanouvelleexpression, 19-09-2013

D’après Raymond Abanda, ancien directeur de marketing de Guinness Cameroun, ce qui se fait au Cameroun depuis au moins 30 ans n’est pas du marketing.

Raymond Abanda est formel. Et imperturbable. «Le marketing a fait fausse route», martèle ce natif du Mbam et Kim, dans la région du Centre, qui a été directeur de marketing de Guinness Cameroun pendant plus de 15 ans. Raymond Abanda enfonce même le clou. «Ce qui se fait depuis les 30 dernières années, n’est pas du marketing. Mais, de la finance internationale», trahit-il, en se dédouanant au passage, lui qui a été directeur marketing de Guinness Cameroon pendant 15 bonnes années. «(…) Quand vous parlez, on vous met la camisole », relève Raymond Abanda. Comme pour dire qu’il n’avait pas les mains libres dans cette entreprise et suivait une ligne directrice imposée par la maison mère, Diageo en l’occurrence. «Il faut un nouveau marketing qui va changer les choses», lance avec verve Raymond Abanda.

C’est l’une des ambitions fortes d’Inspire Africa marketing (Iam), un projet annoncé en 2008, quelques semaines après son départ de la filiale camerounaise du groupe Diageo. Ce projet qui était dans «sa phase exploratoire et de recherche», a été lancé ce 13 septembre 2013 à Douala, à travers une conférence de presse qui a permis de présenter ses principales déclinaisons. Iam propose, entre autres, un véritable marketing au Cameroun, non plus de la finance internationale importée la mort dans l’âme de l’occident. Bref, il est question de remettre le marketing sur la «vraie» route.

D’après Raymond Abanda, le projet Iam est né d’un constat et d’une volonté. «Le constat dynamique et expressif  est celui d’une multiplication des ruptures entre les choses, dans une accélération du rythme qui met plus de tension sur toutes les autres qui réalisent enfin les interdépendances pourtant si visibles à la vue de l’esprit», philosophe-t-il. En réalité, il s’agit d’un projet qui a un fort ancrage philosophique. Pour lui, la volonté est double. «Celle d’agir avec extrême prudence et grande intelligence, mais aussi celle d’agir impérativement, dans le sens d’une pensée altruiste visant le bien-être par le bien-être commun », explique-t-il, en reconnaissant lui-même que ce projet a « un énorme sous bassement philosophique ». L’approche Iam consiste à explorer, afin d’arriver aux limites jusque-là inexplorées. Inspirer l’Afrique. C’est donc le nouveau challenge de Raymond Abanda, qui est parti de Guinness Cameroun en 2008 pour se consacrer à des  «projets personnels». «Ce départ n'est pas lié aux rumeurs qui disent que la Guinness va mal. Aujourd'hui je suis fier de partir parce que je sais que je laisse une équipe solide au marketing capable de relever tous les défis. J'étais arrivé à la fin de mon contrat il y'a 3 ans, mais l'entreprise m'a demandé de le reconduire pour former les jeunes, communiquer l'esprit de Guinness, surtout que l'entreprise était en restructuration. C'est une mission que j'ai menée à bien et aujourd'hui j'aspire à autre chose. Je veux me consacrer à mes projets», a-t-il indiqué dans sa communication aux médias le 31 juillet 2008.