Les dégâts de la contrefaçon

Par Sorèle GUEBEDIANG, Cameroon Tribune, 28-10-2013

Les offres sont abondantes et à bas prix, mettant en danger la santé des consommateurs.

http://cameroon-tribune.cm Dimanche dernier, Hilton N., cadre dans une entreprise à Yaoundé, s’est rendu dans un supermarché au lieu dit Montée Jouvence, pour s’approvisionner en produits lustrants pour chaussures. Ici, il a acheté sa marque préférée, «  Kiwi » à raison de 500 F la boîte de 50 ml de couleur noire. Mais sa déception n’a pas tardé après avoir passé un coup de brosse à cirer. La chaussure n’avait aucun éclat. « Je vais m’arrêter dans cet espace commercial pour leur dire que leurs produits sont de mauvaise qualité. Ce n’est pas sérieux. Ils vont m’entendre », déclare ce client courroucé qui trimballe ce produit contrefait dans son sac pour le montrer à ses collègues.
Friède Manga, ménagère, est une abonnée des médicaments de la rue. Elle a des problèmes gastriques depuis quelques mois, dus à la prise d’un anti-inflammatoire. « Chaque fois que le médecin me prescrivait un médicament, j’allais chez mon « asso » au marché Elig-Edzoa pour une composition de remèdes à 3000 F », indique la jeune dame. Dans ce secteur, 18,13 % des médicaments sont issus de la contrefaçon, indique-t-on au ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique (Minmidt).
Concernant les produits cosmétiques, le phénomène connaît un succès inégalé. A ce sujet, Christelle B, enseignante, n’a toujours pas oublié le souvenir d’un défrisant en gamme contrefait qui lui a arraché pratiquement tous les cheveux. « J’avais pourtant déboursé 4 500 F parce que le commerçant avait vanté les qualités de ce nouveau produit. J’ai dû me faire couper les cheveux à ras », confie notre interlocutrice. Dans ce secteur, du lait à la crème de toilette en passant par la lotion pour le visage, parfum, savon, vernis à ongles et déodorants, rien n’y échappe. « Les champions dans ce domaine prennent des échantillons d’un produit prisé par les clients pour le reproduire dans un pays asiatique. A la seule différence qu’ils n’utilisent pas les mêmes éléments de fabrication, puis ils viennent les déverser au Cameroun à des prix bas », explique Prisca Tchidje, propriétaire d’une parfumerie au marché Etoudi. D’après elle, un carton de 12 bouteilles d’un lait de toilette qui coûte, par exemple, 18 000 F est vendu à 12 000 F dans sa version contrefaite. Le paquet de 12 petits flacons de la lotion « Pieds et mains », par exemple, est commercialisé à 4 800 F. Contrefait, le même paquet est vendu à 3500 F. Selon Dagobert Kemayou, propriétaire d’une parfumerie, les auteurs de ces actes ont plusieurs astuces. « Ils vous proposent les mauvais produits à un prix élevé pour aguicher la clientèle en proposant le produit de bonne qualité à moindre coût. Cette tromperie sur la marchandise ne donne pas les résultats escomptés auprès des consommateurs qui se plaignent d’irritations de la peau, du cuir chevelu et du visage.

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