La BEAC baisse de 50 points son taux directeur pour redonner du souffle aux économies de la CEMAC
Le
9 juillet 2015, le Comité de politique monétaire (Cpm) de la Banque des
Etats de l’Afrique centrale (BEAC), institut d’émission des six pays
membres de la CEMAC (Cameroun, Congo, Gabon, République centrafricaine,
Guinée équatoriale et Tchad), a décidé de baisser son taux directeur de
50 points, passant ainsi de 2,95% à 2,45%.
Cette
décision, a expliqué Lucas Abaga Nchama, le gouverneur de la BEAC, vise
à faciliter le financement des Etats de la CEMAC par la banque
centrale. En effet, apprend-on, les trésoreries de ces pays sont
actuellement plombées
par les déficits budgétaires dus à la baisse des
recettes pétrolières et les crises en Centrafrique et aux frontières du
Cameroun et du Tchad, du fait de la menace Boko Haram.
La
baisse du taux directeur, a poursuivi le gouverneur de la BEAC, vise
également à relancer la croissance économique dans cette partie de
l’Afrique, en permettant aux banques commerciales de se refinancer
auprès de la banque centrale à un taux d’intérêt minoré, ce qui devrait
objectivement induire la baisse des taux d’intérêt sur les crédits
octroyés aux opérateurs économiques par les institutions bancaires de la
zone CEMAC.
Cependant,
ce dernier vœu de la BEAC se heurte aux réalités du terrain. En effet,
malgré les différentes baisses du taux directeur consenties par la
banque centrale des pays de la CEMAC ces dernières années, l’accès au
crédit par les opérateurs économiques ne s’est pas beaucoup amélioré,
les banques commerciales continuant de pratiquer des taux d’intérêt
jugés exorbitants.
Selon
le gouverneur de la BEAC, cette situation tient de deux principaux
faits : la prime de risque élevée pratiquée par les banques et
l’environnement des affaires dans cet espace communautaire qui n’est pas
des plus sains. «Il faut que les Etats prennent leurs responsabilités, en permettant aux banques d’exécuter les garanties», a souhaité Lucas Abaga Nchama.
Prévision de croissance revue à la baisse
Ce
dernier a, par ailleurs, indiqué que pour inverser cette tendance et
catalyser une baisse effective des taux d’intérêt pratiqués par les
banques, la BEAC encourage de plus en plus les établissements de crédit à
recourir aux accords de classement. Ce mécanisme, qui permet à la
banque centrale de contrôler les taux d’intérêts sur les crédits
accordés à certains opérateurs économiques, à en croire le gouverneur de
la BEAC, permet souvent de réduire les taux d’intérêt usuels jusqu’à
50%.
La
relance de la croissance au moyen de la facilitation de l’accès au
crédit dans la zone CEMAC est d’autant impérieuse que les prévisions
n’incitent pas à l’optimisme. En effet, le Comité de politique monétaire
de la BEAC projette finalement le taux de croissance 2015 dans cet
espace communautaire à 2,8%, contre plus de 4% en début d’année.
A
l’origine de cette révision à la baisse de la prévision du taux de
croissance dans la zone CEMAC, où cinq des six pays membres sont
producteurs de pétrole, a expliqué Lucas Abaga Nchama, la chute de la
production pétrolière au 2ème
trimestre 2015, couplée à la baisse des cours mondiaux de l’or noir,
qui ne sont pas des plus reluisants depuis le début de cette année.
Selon les prévisions de la BEAC, même les tensions inflationnistes
s’établiront à 2,9%, effleurant ainsi le seuil de 3% admis dans la zone
CEMAC.
Brice R. Mbodiam, Investir au Cameroun
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