Entrepreneurs, le bonheur n'est pas pour vous!

"Comme entrepreneur, vous ne serez pas heureux. En tout cas, certainement pas selon la définition classique du bonheur. Rien de ce que vous avez vécu jusqu’à présent n’a été difficile par rapport à ce qui s’en vient. Et, pendant que vous en arracherez, le monde va tenter de vous casser. Mais vous laisserez un héritage important. Les gens se souviendront de vous, du changement
que vous avez apporté. Voyez grand et mourrez en tentant de réaliser votre rêve." Adeo Ressi, fondateur de l’incubateur Founder Institute, présent dans 100 villes, dont Montréal depuis l’an dernier.

Connaissez-vous des entrepreneurs heureux?

Cette déclaration - faite hier lors de la graduation de la deuxième cohorte québécoise de l’incubateur Founder Institute - me laisse perplexe. La vie d’un entrepreneur est-elle nécessairement dénuée de bonheur? Tous les entrepreneurs changent-ils le monde? Laissent-ils tous un héritage derrière eux? Je ne suis pas une entrepreneure, mais j’en ai interviewé plusieurs et je réponds «non» aux trois questions précédentes. La vie d’entrepreneur est difficile, très difficile. Plusieurs abandonnent, avec raison. Mais il existe aussi des entrepreneurs heureux, épanouis. Tout comme plusieurs entrepreneurs ne changent rien et n’apportent rien. Ils lancent un produit « me too », un mauvais produit ou un produit inutile dont personne ne se souviendra.

Je comprends la démarche d’Adeo Ressi, qui en passant est une vedette du monde de l’entrepreneuriat. Cet entrepreneur et investisseur veut éviter de créer de faux espoirs chez ses incubés. Il veut les préparer à ce qui les attend après leur passage de quatre mois au Founder Institute. Cette année, plus de 1000 personnes ont appliqué pour le programme montréalais (Founder Institute existe depuis 2009. Implanté dans 100 villes, il a incubé 1563 compagnies. L’âge moyen des participants est 34 ans. Contrairement à d’autres incubateurs, Founder Institute n’investit pas dans les entreprises qu’il incube. Il faut payer 50$US en frais d’application et 1050$ en frais de formation. De plus, l’incubé doit céder 3,5% des parts de toute entreprise créée durant le programme. Ces parts seront partagées entre Founder Institute et ses mentors.).

Les difficutés rendent-elles une profession plus attirante?

Parmi les 1000 entrepreneurs qui ont appliqué à Montréal, le comité de sélection en a retenu 51 et 12 candidats ont complété le programme hier soir : 3 femmes et 9 hommes. En leur présentant l’entrepreneuriat comme une longue traversée du désert, Adeo Ressi rend-il ce métier plus admirable à leur yeux - à vaincre sans peine on triomphe sans gloire ? Ou s’agit-il plutôt une proposition de vente douteuse? Je vous laisse y réfléchir.

Maintenant, passons outre les effets de toge d’Adeo Ressi pour y aller de ses conseils pratiques. Avec une mise en garde toutefois : certains s’appliquent surtout aux startup plutôt qu’aux PME traditionnelles.

7 conseils d’Adeo Ressi, fondateur de l’incubateur Founder Institute

1-Bougez vite!

Pour tirer le maximum de vos décisions, elles doivent être prises entre 3 et 11 mois après le lancement de votre entreprise.

Voici, en ordre, les décisions à prendre :

-l’équipe : identifier, rencontrer, recruter

-le produit : pivoter, lancer un produit, lancer la prochaine version

-l’impact : augmenter le nombre d’utilisateurs, les ventes, le présence dans les médias sociaux

-l’argent : faire des pitchs, recueillir des fonds, recommencer

2- Mesurez

Bouger intelligemment exige de l’information. Vous devez en tout temps tout savoir ce qui se passe dans votre entreprise. Faites-vous une matrice avec tous les indicateurs clé. Ces indicateurs sont liés aux décisions précédentes : équipe, produit, impact, argent. Si votre entreprise ne croît pas, décortiquez vos indicateurs jusqu’à comprendre où le bât blesse.

3- Persévérez

Faut-il pivoter? Pas trop vite. « Attendez-vous à ce que rien ne fonctionne. Résistez à la tentation d’essayer autre chose trop vite. Persévérez. Vous avez choisi une voie, ne lancez pas la serviette trop vite. Faites l’équilibre entre la rétroaction des clients et votre vision d’affaires », Adeo Ressi. Cette affirmation semble contredire l’affirmation 1 - Bouger vite. Pas vraiment. Adeo Ressi estime qu’il faut bouger rapidement pour les décisions d’opération, mais persévérer lorsqu’il est question de la mission.

4- Congédiez

«Si vous pensez que vous devez congédier quelqu’un, c’est que vous devez le congédier. N’attendez pas. »

5- Résistez

« Des objets brillants apparaîtront sur votre parcours (de nouvelles méthodes de financement, par exemple), résistez! Ces objets ne sont pas diamants, ce sont des couteaux qui vont vous poignarder lorsque vous tenterez de les saisir ! »

6-Écoutez

« Donnez-vous un vrai comité aviseur et écoutez-le. »

7- Réseautez

« Nos gradués qui ont le mieux réussi après leur passage sont ceux qui ont entretenu des liens avec leurs collègues de la cohorte et avec les gradués du réseau Founder Institute. Ces contacts les ont rendu meilleurs. »
Par Diane Bérard, lesaffaires.com

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