Accords de partenariat économique : 96milliards Fcfa de marchandises déjà engrangés
Raphaël Hamadjam |
Les Accords de partenariat
économique, Ape, font les bonnes affaires des opérateurs économiques.
C’est ce qui ressort du bilan des Ape Cameroun-UE, présenté à la Fiac
2018.
(lavoixdukoat) A côté des négociations, des rencontres, des découvertes, des jeux…qui s’enchaînent sur le site de la Fiac
(Foire internationale des affaires et du commerce de Douala), on
assiste aussi à des débats on ne peut plus intéressants. Le thème du
jeudi 29 mars 2018 est plus que d’actualité : «Comment tirer profit des Ape en exportant des produits camerounais par le Caon/UE». Notons que le Caon désigne la Cellule d’appui à l’ordonnateur national ; L’UE étant l’Union Européenne. Alors
que la tendance des discours des économistes et fiscalistes camerounais
penchent contre les Accords de partenariat économique, l’auditoire a
entendu un son de cloche contraire ce jeudi. Avec les chiffres à
l’appui, Raphaël Hamadjam, ingénieur de la statistique chargé des Etudes
à la direction générale des douanes, démontre la plus value des Ape. «En
termes de bilan, du 4 août 2016 au 28 février 2018, les marchandises
qui ont bénéficié de la préférence Union Européenne sont estimées à une
valeur de 96milliards Fcfa. 301 opérateurs ont pu bénéficier de ces
facilités pour à peu près 2800 opérations douanières.»
Durant cette période, il y a aussi eu des pertes douanières : «Nous avons des pertes fiscales de 2,6milliards Fcfa, après 19 mois de démantèlement tarifaire.» Le bémol est que les pertes fiscales profitent aux importateurs camerounais, explique Raphaël Hamadjam. «Quand
nous parlons des pertes de recettes douanières, c’est en réalité les
montants des droits et taxes que la douane devrait prélever à l’entrée
et qu’elle n’a pas prélevé. Ces recettes ont été rétrocédées
mécaniquement aux importateurs.» Cas de figure : «Un
importateur qui devrait par exemple payer à la douane 1,5millions Fcfa
paye 1,3millions Fcfa. Ça veut dire qu’il y a 200milles Fcfa que cet
opérateur n’a pas dépensé. C’est un gain pour lui, qui peut être
répercuté au niveau du coup final de la marchandise. Au niveau de la
douane, l’impact négatif peut être en termes de pertes de recettes,
mais ces pertes sont encore. Au bout de 19 mois nous sommes à
2,6milliards Fcfa. Il faut signaler qu’en une année, la douane collecte
plus de 700miliards Fcfa. L’année 2017 par exemple, la douane a collecté
près de 732milliards Fcfa. Lorsqu’on a une perte d’environ 2milliards,
ça ne représente véritablement pas grand-chose pour les recettes
douanières.»
Les Accords de partenariat économique
Cameroun/Union européenne ne sont-ils pas un danger pour les productions
locales ? A cette question Samuel Yemene (membre du Comité de suivi de la mise en œuvre des Accords de partenariat économique) répond : «On ne peut pas avoir de développement industriel sans le ‘‘made in Cameroon’,
qui est du patriotisme économique. Est-ce qu’avec les Ape on promeut
l’importation ? Dans ce sens oui parce que même si nous devons produire
localement, nous devons avoir des machines. Il faut renforcer les capacités de ces entreprises qui doivent produire le ‘‘made in Cameroon’’.
Nous devons permettre aux entreprises de renouveler leurs équipements,
en faisant en sorte qu’elles importent à un bon prix. C’est un peu le
sens premier des Accords économiques, améliorer la compétitivité des
entreprises, leur permettre d’accéder à des équipements à bon prix et de
bonne qualité. Dans le cadre des Ape, nous avons le marché européen
qui nous est ouvert parce que même si nous devons produire le ‘‘made in
Cameroon’’, il nous faut trouver les débouchés pour ces produits. Avec
les Ape, nous avons 500millions de consommateurs à la portée de nos
entreprises. C’est une immense opportunité.»
Une opportunité que peu d’opérateurs
saisissent. Spécialiste en matière de Propriété intellectuelle, Me
Désiré Loumou argue que le Cameroun a accepté 80% de produits européens
sur son marché. Entretemps, 100% du marché européen lui sont ouverts. «Il
n’y aura pas de douane à payer. Je précise qu’il ne s’agit que des
droits de douane. Le système ne tourne pas encore à plein régime, parce
que tous les opérateurs ne sont pas encore au fait de comment utiliser
la préférence Ape.» L’autre réalité reconnue par les panélistes c’est le respect des normes. Pour bénéficier du traitement préférentiel
dans l’espace européen, il faut prouver l’originalité camerounaise de
vos produits. Pour les importateurs réglos qui bénéficient du traitement
préférentiel, il serait souhaitable qu’ils fassent des rabais sur les
prix de leurs articles sur le marché camerounais. Il revient au
gouvernement de fixer ces prix, afin que le petit consommateur ressente
l’impact des Accords de partenariat économique.
Valgadine TONGAEn Bref…
Raphaël Hamadjam revient sur les produits les plus prisés par les importateurs
Nous sommes à la deuxième phase de
démantèlement tarifaire. Au cours de cette deuxième phase, les produits
qui ont bénéficié de la préférence Union européenne sont principalement
des machines et appareils mécaniques qui sont nécessaires pour nos
industries. C’est donc des outils de production pour l’industrie. Nous
pouvons citer également le cas de certaines matières premières comme le
clinker, qui est la matière première principale pour l’industrie de la
cimenterie. Nous avons les intrants pour l’industrie brassicole. Les
sociétés brassicoles importent principalement les arômes. Il faut aussi
citer les engrais pour l’agriculture, les pesticides, les produits
pharmaceutiques, l’imprimerie avec les papiers et les cartons.
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