Crédits bancaires : remboursez !
Par ESSAMA ESSOMBA, Cameroon Tribune, 07-04-2014
En convoquant près de 300 débiteurs du Crédit foncier du Cameroun
(Cfc) devant l’agence de cette institution à Yaoundé, le ministre
délégué à la présidence chargé du contrôle supérieur de l’Etat vient de
donner
une allure plus coercitive au recouvrement des créances dues, depuis
des années pour certaines personnes, au Cfc. L’objectif poursuivi est
connu : recouvrer 53 milliards Fcfa empruntés par des institutions et
des particuliers (27 milliards) qui ne pouvaient ou ne songeaient plus à
les rembourser malgré les clauses contractuelles et contribuer ainsi à
l’assainissement financier du Cfc. Il apparait que c’est une nouvelle
étape de la campagne de recouvrement lancée par les responsables du
Crédit foncier du Cameroun en octobre 2012.
Le crédit foncier du Cameroun n’a pas l’exclusivité de clients qui ne
remboursent pas leurs crédits. Le phénomène du non-remboursement des
créances notamment bancaires est bien connu depuis de longues années
dans notre pays. Les statistiques du Conseil national du crédit(CNC)
révèlent que le montant des créances brutes en souffrance au Cameroun
s’élevait à 328 milliards au 31 décembre 2013. Sans être exhaustif, il
est loisible de rappeler que la crise économique que le Cameroun a
connue dans les années 1980 n’a pas épargné le secteur bancaire. Les
faillites des établissements bancaires ou financiers se sont
multipliées. Parmi les causes de ces faillites bancaires figurent le
non-remboursement des crédits par des personnes physiques ou morales.
Ce non-remboursement a été expliqué par diverses raisons, notamment : la
mauvaise foi de nombreux clients dont certains étaient déclarés morts ;
l’octroi de crédits hors des critères requis mais à travers des
parrainages politiques ou autres ; les fausses garanties ; les
détournements d’argent voire de fonds publics ; la complaisance,
l’incompétence ou la complicité de certains responsables d’institutions
financières publiques ou privées. Il n’est un secret pour personne que
des institutions telles que le FOGAPE et des banques telles que le
Crédit agricole, la BIAO pour n’évoquer que ces cas ont été victimes,
entre autres maux, de créances douteuses.
Les conséquences économiques et financières des dérives évoquées sont
désastreuses pour le pays et pour les citoyens. La restructuration
bancaire s’est faite dans la douleur : 4000 emplois supprimés, 104
guichets de banque démantelés. Certains établissements financiers comme
certaines banques ont été déclarés en faillite. A l’instar du FOGAPE,
qui a failli à ses missions, mettant en difficulté de nombreuses petites
et moyennes entreprises qui comptaient sur cette institution. Il n’est
pas évident que tous les épargnants des institutions bancaires floués à
cause des faillites aient pu rentrer dans leurs droits à ce jour.
S’agissant du Crédit foncier, financé en grande partie par des retenues
salariales obligatoires opérées chez les travailleurs, il ne peut
évidemment accomplir ses missions de service public, particulièrement
la facilitation de l’accès à un habitat décent aux citoyens éligibles,
lorsque les crédits octroyés ne sont pas remboursés. De nombreux
Camerounais sont ainsi spoliés de leurs droits, faute de ceux qui, par
des méthodes mafieuses et criminelles, peuvent se faire accorder des
crédits qu’ils ne remboursent pas.
L’intervention du CONSUPE, en ce qui concerne le Crédit foncier du
Cameroun sonne l’alarme devant les débiteurs : remboursez ! Intervenant
après les multiples rappels aux remboursements effectués par les
responsables du Cfc, elle ne paraît pas seulement coercitive. Elle
annonce la fin de l’impunité. Ceux qui ont bénéficié de crédits dans les
institutions financières publiques, voire dans les banques, doivent
payer. L’Etat et les institutions financières concernées doivent prendre
des dispositions afin d’y parvenir et pour générer un système plus
discipliné et plus soucieux des règles prudentielles.
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