Upstart et Pave ou comment investir sur les génies de demain
Article de Alison Griswold. Traduction par Sylvie Ségui, JDN, 16-04-2014
Grâce à des algorithmes, ces sociétés prédisent les carrières d'étudiants brillants. Et proposent aux investisseurs de les aider en échange d'une partie de leur futurs revenus.
"Beaucoup de talentueux diplômés d'université acceptent des postes qui ne les intéressent pas plutôt que de suivre leur véritable passion"
Le 20 juillet 2012. Un grand jour pour Dave Girouard.
Cela
faisait quatre mois qu'il avait démissionné de son poste à la tête de
Google Enterprise pour vivre jusqu'au bout une idée audacieuse. Enfin,
elle se mettait en place. Sa petite équipe, dévouée, était massée autour
d'une longue table en bois au Foreign Cinema, un restaurant du quartier
Mission District, San Francisco. Il y avait là le serial entrepreneur
Andy Palmer, un de ses fervents investisseurs, et six étudiants, des
gamins à l'œil vif avec de grands projets qui ne demandaient qu'un coup
de pouce. Devant lui, une pile d'enveloppes jaunes, qui contenaient un
total de 210 000 dollars.
Le groupe riait et parlait avec agitation, un verre de vin à
la main, des assiettes de fruits de mer devant eux. C'était la première
fois que la plupart d'entre eux se rencontraient et ils étaient
impatients de partager leurs histoires et leurs rêves d'avenir. Paul Gu
parlait de son futur modèle de prévision des revenus. Omri Mor de son
travail sur une plateforme de musique.
Vers 20 heures,
Dave Girouard se leva pour porter un toast. Il rappela à l'assemblée que
les jeunes et leurs formidables initiatives étaient la raison pour
laquelle il avait quitté Google et avait créé cette entreprise, Upstart.
Il remercia les six étudiants d'avoir accepté d'être des cobayes dans
cette entreprise totalement nouvelle.
Au bout de deux ou trois minutes, il conclut : "Nous comptons sur vous. Ne dépensez-pas tout maladroitement, rendez-nous fiers."
Puis, il fit circuler les enveloppes.
La machine à rêves
L'objectif affiché d'Upstart
est de mettre en relation des jeunes gens brillants et ambitieux avec
des individus riches qui souhaitent investir dans leur avenir et, avec
un peu de chance, les aider à réaliser leurs rêves.
Lors
de son lancement en août 2012, voici ce qu'annonçait l'entreprise :
"Upstart a été créée pour aider les gens à faire ce à quoi ils sont
destinés. Beaucoup de talentueux diplômés d'université acceptent des
postes qui ne les intéressent pas plutôt que de suivre leur véritable
passion. Qu'ils soient endettés ou simplement rassurés par des options
de carrières traditionnelles, trop d'étudiants prennent le chemin perçu
comme une valeur sûre".
Upstart propose une autre alternative.
Son
projet est l'une des nombreuses tentatives d'entreprises pour parvenir à
donner à des jeunes gens les moyens financiers de mener à terme leurs
idées brillantes. Dans tous les Etats-Unis, une génération
d'entrepreneurs en devenir, d'artistes, de penseurs et d'innovateurs
sont pris en otage par des dettes étudiantes, des moyens limités et une
instabilité financière. Des diplômés avec des idées qui peuvent changer
le monde finissent souvent par les abandonner pour la voie plus stable
d'un emploi classique. Dans une grande ironie socioéconomique, les
personnes qui seraient les plus susceptibles de tirer profit d'une dose
de capitaux ont tendance à être les moins en mesure de les obtenir.
"Les
plus jeunes qui se trouvent en début de carrière sont laissés à l'écart
des marchés financiers. Nous songeons à notre mission d'une manière
large, comme une part immense et importante de l'ensemble de notre
économie", affirme Dave Girouard, cofondateur et PDG d'Upstart.
La
poursuite d'un rêve audacieux peut aboutir à une grande réussite mais
cela exige également une prise de risques. Upstart vise à étaler ce
risque sous forme d'un modèle judicieux, connu outre-Atlantique sous le
nom de "contrat sur capital humain". En vertu de ses dispositions, les
emprunteurs reçoivent des fonds de la part d'investisseurs en échange
d'un pourcentage de leur futurs revenus sur une période donnée. Sur la
plateforme d'Upstart, les emprunteurs sont connus en tant que "upstarts"
et les investisseurs en tant que "backers" (partenaires financiers).
Ce
qui rend ces contrats sur capital humain uniques, c'est que
l'investissement n'est pas réalisé sur une idée ou une société en
particulier, mais sur une personne. Après tout, soutiennent ses
défenseurs, les entreprises ne sont rien de plus que le produit de ceux
qui les créent. Alors, pourquoi ne pas simplifier le processus ?
Pourquoi ne pas traiter la personne comme l'on traite la startup ou,
selon l'inversion astucieuse de Dave Girouard, l'upstart ? >>>
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