Communes: De quoi vivent les maires ?
Par Armand ESSOGO, Cameroon Tribune, 10-04-2014
René Emmanuel Sadi |
La dernière session parlementaire aura encore permis de parler du
salaire des maires sur la place publique. C’est vrai que la confidence
devrait entourer la rémunération des magistrats municipaux.
Mais à la faveur de la traditionnelle séance des questions orales au
gouvernement, les députés ont voulu savoir pourquoi les maires des 360
communes du Cameroun restent à ce jour sans salaire. En réponse, le
ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation
(Minatd), René Emmanuel Sadi, s’est voulu à la fois pédagogue et
rassurant. Il a ainsi reconnu que le salaire est un droit auquel peuvent
légitimement prétendre les maires.
Bien plus, le Minatd a rappelé les
dispositions de l’article 67 de la loi n°2004/018 du 22 juillet 2004
fixant les règles applicables aux communes qui stipulent que : «les
maires et leurs adjoints bénéficient d’une rémunération et des
indemnités de fonction et de représentation, dont les montants sont
fixés en fonction d’un barème défini par voie réglementaire. »
Afin d’apaiser les inquiétudes des députés, René Emmanuel Sadi a
précisé que le gouvernement a inscrit dans le budget 2014, dans le cadre
de la dotation générale de la décentralisation, des crédits pour la
prise en charge de la rémunération des magistrats municipaux. « Cette
question trouvera dans les plus brefs délais, une solution appropriée,
dès que les textes réglementaires nécessaires seront pris. », a-t-il
déclaré. On sait, par ailleurs, qu’en interne, les maires ont déjà eu
l’occasion d’être rassurés sur la question à la faveur des séminaires
inter-régionaux que leur ministère de tutelle a organisés à leur
intention. Il reste cependant que cette situation perdure. Les maires,
dans le cadre de leur association, Communes et villes unies du Cameroun
ont, à plusieurs reprises, fait du lobbying auprès du Minatd pour une
amélioration de leur statut. Depuis lors, les lignes n’ont pas
véritablement bougé. Du côté du gouvernement, on partage la même
préoccupation. Le Minatd étant conscient de ce que le paiement des
salaires permettra aux maires de résider effectivement dans leurs
communes. Ce qui sera bénéfique aux populations. Malgré cette précarité,
on a été témoins des batailles dans différentes formations politiques
lors de la désignation des exécutifs communaux. Qu’est-ce qui fait
autant courir les hommes politiques alors que la fiche de paie se fait
désirer ? De quoi vivent les maires ?
Une photographie des 360 communes peut aider à répondre à la
question. Au Cameroun, depuis le retour au multipartisme, le profil des
maires varie. On retrouve selon les municipalités, des personnes aisées
financièrement, des fonctionnaires à la retraite, des hommes politiques…
Et parfois en cas de cumul, nombre d’élus locaux optent pour leur
écharpe de maire. Les mauvaises langues y voient un attrait pour la
gestion de juteux avantages. Les maires rencontrés n’ont pas le même
avis sur la question. Nombre d’entre eux affirment travailler par amour
pour leurs localités, un vrai sacerdoce pour ces hommes politiques. Un
prestige cependant pour certains hommes d’affaires ayant pignon sur rue.
Mais aussi et surtout un tremplin. Plusieurs maires sont devenus
députés, sénateurs, ministres, directeurs généraux. La fonction ne
présente pas que des inconvénients. Même si la plupart des maires
déclarent ne pas tirer grand-chose sur le plan financier de cette
position. Mais lorsque sa commune bénéficie des redevances forestières,
exploite une carrière ou même est l’objet de l’attention de la
communauté urbaine, on n’a pas forcément les mêmes contraintes qu’un
maire dont le compte administratif est dérisoire. >>>
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