Longtemps maître de l'électronique, le Japon s'éveille enfin aux start-up
Alors que les géants de l'électronique souffrent, plusieurs jeunes
développeurs nippons redessinent les contours de l'entrepreneuriat de
l'Archipel.
En rupture avec le modèle socioéconomique existant, ils entendent régénérer la high-tech japonaise.
En rupture avec le modèle socioéconomique existant, ils entendent régénérer la high-tech japonaise.
On enfile d'abord, sur l'index, un anneau
épais d'un argent mat. Une légère pression sur le côté. Trois petites
LED scintillent. Et l'on peut désormais, d'un simple mouvement de doigt
dans le vide, contrôler son smartphone, enclencher sa télé ou même payer
sa facture de restaurant en simulant l'écriture d'un montant et le
symbole d'une devise.
Le très futuriste « Ring », qui analyse avec précision les mouvements et transmet des ordres aux appareils connectés, devrait être commercialisé pour un prix proche de 185 dollars (134 euros) dans les prochains mois. Les applications potentielles sont infinies, assure Takuro Yoshida, le créateur de la petite start-up japonaise Logbar, qui contribue à l'éveil d'une première génération de start-up dans un Japon longtemps étouffé par ses grands groupes et ses réticences culturelles.
Le très futuriste « Ring », qui analyse avec précision les mouvements et transmet des ordres aux appareils connectés, devrait être commercialisé pour un prix proche de 185 dollars (134 euros) dans les prochains mois. Les applications potentielles sont infinies, assure Takuro Yoshida, le créateur de la petite start-up japonaise Logbar, qui contribue à l'éveil d'une première génération de start-up dans un Japon longtemps étouffé par ses grands groupes et ses réticences culturelles.
« On assiste à une vraie poussée de cette forme d'entrepreneuriat, à un changement d'écosystème »,
assure le financier Gen Isayama, qui vient de rentrer de la Silicon
Valley pour lancer au Japon un fonds de 300 millions de dollars destiné à
l'investissement dans des start-up prometteuses.
Vingt après l'émergence de cette forme
d'entreprise aux Etats-Unis, de jeunes développeurs japonais semblent
enfin décidés à rompre avec les codes socioéconomiques de l'Archipel, où
une carrière à vie dans un même holding reste l'idéal absolu. « Avant,
les meilleurs élèves d'une promotion dans nos grandes universités ne
rêvaient que d'un poste chez Toyota, Panasonic ou Mitsubishi. Plus
maintenant. Ils ne se satisfont plus du cadre contraignant et de la
progression à l'ancienneté », explique Takeshi Natsuno, un
enseignant de la Keio University, qui pointe aussi l'influence cruciale
de premières réussites « made in Japan » qui tranche avec la déroute des
géants de l'électronique.
Barrières culturelles
La
popularité fulgurante en Asie de la plate-forme de messagerie
instantanée Line, créée à Tokyo après le tremblement de terre de
mars 2011, encourage particulièrement les vocations. « Le marché du travail change vite. De plus en plus de jeunes sont attirés par les métiers de la technologie », reconnaît Akira Morikawa, le jeune PDG de Line. « Culturellement,
les Japonais sont hésitants. Ils ne se lanceront dans un projet que
s'ils peuvent à l'avance en border tous les détails et qu'ils sont
certains d'atteindre 100 % de réussite », sourit Hiroshi Mikitani,
le PDG de Rakuten, la plus grande plate-forme de vente en ligne du pays
qui s'est récemment offert Viber. « Il faut leur faire comprendre que l'échec n'est pas une fatalité déshonorante », ajoute l'homme d'affaires milliardaire.
Lobbyiste
acharné, il pousse le gouvernement de Shinzo Abe à débloquer des fonds
publics et à déréguler de nombreuses industries pour permettre
l'émergence de start-up. Au début du mois, il avait réuni à Tokyo
plusieurs grands fonds de capital-risque
étrangers pour les inciter à miser sur des développeurs japonais encore
assez peu soutenus par les banques ou les géants de l'électronique du
pays. Selon les données du Venture Entreprise Centure, les
investissements de capital-risque japonais dans des start-up n'avaient
atteint que 102,6 milliards de yens (environ 1 milliard de dollars) sur
l'exercice fiscal qui s'était achevé en mars 2013. Cela représente à
peine 3 % de la somme que les fonds de capital-risque ont investi dans
le même secteur aux Etats-Unis l'an dernier. « Il faut que le Japon comprenne que ne pas oser prendre de risque est désormais le plus grave risque qui pèse sur son avenir », souffle Hiroshi Mikitani.
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