« L’Afrique restera une région prioritaire » Grégory Clemente, Directeur général de Proparco.
Proparco est présent en Afrique centrale depuis 2003. Quel
est le bilan et quels sont les impacts directs de ses actions sur le
secteur privé en Afrique centrale et particulièrement au Cameroun ?
Grégory Clemente |
L’Afrique centrale illustre parfaitement la diversité des secteurs
dans lesquels nous intervenons. Nos secteurs d’activités prioritaires
dans la région sont le secteur financier et bancaire (46% de nos
engagements), le secteur de l’énergie (16%), le secteur du transport, de
la gestion des déchets et des télécoms (29%) et le secteur des
entreprises agro-alimentaires (8 %).
Au Cameroun, nous accompagnons par
exemple le secteur électrique et des énergies renouvelables avec ENEO
mais aussi le secteur de l’assurance, en étant présent au capital
d’Activa, ce qui permet de couvrir aussi bien les grands projets
d’infrastructures que les particuliers, y compris les populations
défavorisées. Nous soutenons également le secteur de l’éducation via
notre participation au capital d’ENKO éducation qui a ouvert deux écoles
à Douala et Yaoundé pour préparer les étudiants au Baccalauréat
International, un tremplin vers les grandes universités mondiales. Notre
dernière signature au Cameroun illustre également le panel d’outils
financiers que nous pouvons proposer aux acteurs privés : au-delà des
prêts et des prises de participation, Proparco peut également apporter
une garantie de solvabilité ou de liquidité. L’objectif est de dynamiser
les marchés financiers en facilitant la mobilisation de ressources
auprès de banques ou de souscripteurs institutionnels et agir ainsi sur
la profondeur et la liquidité des marchés financiers. Cette garantie
peut prendre des formes variées et avoir différents types de
sous-jacents : ainsi, nous avons il y a quelques mois soutenu
l’entreprise Hysacam qui intervient dans le domaine de la gestion des
déchets en apportant une caution solidaire de 11 milliards de Fcfa,
permettant de garantir 45% du crédit accordé par un consortium de trois
banques locales à Hysacam. Proparco facilite ainsi l’intervention des
banques auprès de l’entreprise et permet aux banques locales d’allonger
la maturité du prêt à 7 ans et à un taux compétitif pour le marché. Par
ailleurs, je voudrais préciser qu’au-delà des grands projets, l’AFD et
Proparco mènent une politique active de soutien aux PME.
Vous avez projeté de consacrer 40% (soit 2,7 milliards
d’euros) de l’enveloppe allouée pour l’aide au développement à l’Afrique
d’ici 2020. Quels seront vos secteurs de concentration et sur quels
critères les affectations seront-elles effectuées?
L’Afrique restera effectivement une région prioritaire pour Proparco
dans les prochaines années. Nous continuerons à accompagner et financer
l’ensemble des acteurs privés dès lors que leurs projets sont viables et
qu’ils contribuent à la croissance et au développement durable.
J’entends par là la création d’emplois, la lutte contre le changement
climatique, l’accès aux biens et services essentiels, etc. Notre action
se concentrera prioritairement sur les secteurs clés du développement :
les infrastructures avec un focus sur les énergies renouvelables,
l’agro-industrie, les institutions financières, la santé, l’éducation.
Nous devons amplifier notre activité sur ces secteurs, en accompagnant
davantage de projets et en maximisant notre valeur ajoutée. Pour les
projets infrastructures, cela signifie par exemple d’intervenir pour
certains projets davantage en amont, dans une logique d’accompagnement,
que ce soit en termes de gouvernance ou d’assistance technique. Cela
passe également par le soutien à des initiatives spécifiques, à forts
impacts sociaux, par exemple dans les kits solaires dans les zones
rurales. Nous soutiendrons également des PME ou des start-ups qui
proposent des projets innovants au service du développement. Nous
disposons d’une poche de capital risque qui nous permet d’investir dans
des projets plus amont, pour des montants plus petits. Nous avons par
exemple investi dans la société Afrimarket qui offre un service
intéressant pour le e-commerce dans la région.
Pouvez-vous décliner votre feuille de route en Afrique
centrale et plus spécifiquement au Cameroun sur les trois prochaines
années ?
Le Cameroun conna^tt un développement remarquable depuis plusieurs
années mais les enjeux sont énormes pour rendre ce développement le plus
inclusif et durable possible. Nous nous sommes fixés une feuille de
route ambitieuse d’ici 2020 : Proparco souhaite en effet plus que
doubler ses engagements sur le secteur privé et tripler ses impacts sur
le développement. Pour réussir cette nouvelle étape stratégique, nous
avons besoin de tous nos partenaires et des acteurs privés camerounais,
de leur expérience, de leur capacité d’innovation, de leur capacité à
prendre des risques. Notre détermination à accompagner les acteurs
privés camerounais dans leurs projets au service du développement est
sans faille et je peux vous assurer que l’Afrique centrale continuera à
occuper une place toute particulière dans la stratégie de Proparco ces
prochaines années. En Afrique Centrale, nous chercherons à consolider
les partenariats existants, notamment avec les entreprises françaises,
mais aussi à développer de nouveaux partenariats en particulier avec les
entrepreneurs africains qui ont réussi et qui s’attachent au respect
des meilleures pratiques environnementales, sociales et de gouvernance.
Nous devons amplifier notre activité dans le secteur des infrastructures
en particulier dans le secteur de l’énergie au Cameroun, au Gabon et en
RDC et redévelopper notre portefeuille dans l’agroindustrie et de
l’immobilier commercial. Nous devons enfin poursuivre la dynamique
engagée en matière de financement innovant sur deux axes : les
financements en FCFA et les quasi-fonds propres.
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