Patriotisme: la part des jeunes

Par Armand ESSOGO, Cameroon Tribune, 07-02-2017
ct070214.jpgLa célébration de la 48e édition de la fête nationale de la Jeunesse est le prétexte rêvé pour parler des jeunes et du patriotisme. Le thème retenu cette année : « Jeunesse, patriotisme et promotion de l’intégration nationale. » semble tracer la voie en tout cas. Le patriotisme est plutôt un sujet équivoque dans notre pays. Entre ceux qui semblent en avoir une idée précise et ceux, peut-être moins nombreux, qui le piétinent, le débat est vite ouvert. Seulement avec la perte des repères dont semblent souffrir certains Camerounais, est-il si aisé de parler de patriotisme ? La réponse dépend des arguments.
Mais le patriotisme, selon le dictionnaire Larousse se définit comme un attachement sentimental à sa patrie, se manifestant par la volonté de la défendre, de la promouvoir. A partir de cette définition, chacun peut déjà savoir dans quel camp il se trouve. Et les jeunes dans tout ça ?
Les interrogations fusent de partout. Le débat se corse.  Entre la tendance à affirmer que les jeunes sont tout sauf patriotes, et l’idée que les jeunes Camerounais n’aiment pas leurs pays, le risque est grand. Cependant, le quotidien dépeint une jeunesse parfois indifférente à la levée des couleurs, des élèves qui ne s’arrêtent plus quand on chante l’hymne national, des jeunes qui, à bord de leurs motos, sectionnent les câbles d’électricité, de téléphone réduisant ainsi les efforts des pouvoirs publics à développer les villes et les campagnes.  On reste aussi songeur face à ces jeunes qui pour montrer l’amour de la patrie sont toujours impliqués dans le trafic de drogue, le tabagisme, l’alcoolisme. Il y a surtout ces jeunes qui, pour un oui ou pour un non, s’attaquent aux agents communaux.
Comment soutenir dans ce cas que des jeunes conducteurs de motos-taxis installent un Etat dans l’Etat, n’hésitant pas à prendre à partie policiers et gendarmes ? Comment comprendre enfin que les tables-bancs en ville comme dans l’arrière-pays se transforment si régulièrement en bois de chauffe,  laissant des salles de classe dans le dénuement le plus absolu ? On observe, par ailleurs, par les bienfaits du village planétaire, un autre visage de la jeunesse camerounaise. Les atteintes à l’image de marque du pays à travers des lynchages médiatiques bien huilés portent ainsi leur signature. Ces dernières semaines, de jeunes Camerounais ont bien montré à travers des attaques en règle comment « ils aiment leurs pays ». Ils ont certainement leurs arguments liés à la modernité tous azimuts. Mais le patriotisme célébré toute cette semaine en prélude à la célébration de la fête de la jeunesse interpelle la conscience collective. Il ne se reconnaît point dans ces manipulations dont la jeunesse se rend complice.>>>

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