Patriotisme: la part des jeunes
Par Armand ESSOGO, Cameroon Tribune, 07-02-2017
La célébration de la 48e
édition de la fête nationale de la Jeunesse est le prétexte rêvé pour
parler des jeunes et du patriotisme. Le thème retenu cette année :
« Jeunesse, patriotisme et promotion de l’intégration nationale. »
semble tracer la voie en tout cas.
Le patriotisme est plutôt un sujet équivoque dans notre pays. Entre ceux
qui semblent en avoir une idée précise et ceux, peut-être moins
nombreux, qui le piétinent, le débat est vite ouvert. Seulement avec la
perte des repères dont semblent souffrir certains Camerounais, est-il si
aisé de parler de patriotisme ? La réponse dépend des arguments.
Mais
le patriotisme, selon le dictionnaire Larousse se définit comme un
attachement sentimental à sa patrie, se manifestant par la volonté de la
défendre, de la promouvoir. A partir de cette définition, chacun peut
déjà savoir dans quel camp il se trouve. Et les jeunes dans tout ça ?
Les interrogations fusent de partout. Le débat se corse. Entre la
tendance à affirmer que les jeunes sont tout sauf patriotes, et l’idée
que les jeunes Camerounais n’aiment pas leurs pays, le risque est grand.
Cependant, le quotidien dépeint une jeunesse parfois indifférente à la
levée des couleurs, des élèves qui ne s’arrêtent plus quand on chante
l’hymne national, des jeunes qui, à bord de leurs motos, sectionnent les
câbles d’électricité, de téléphone réduisant ainsi les efforts des
pouvoirs publics à développer les villes et les campagnes. On reste
aussi songeur face à ces jeunes qui pour montrer l’amour de la patrie
sont toujours impliqués dans le trafic de drogue, le tabagisme,
l’alcoolisme. Il y a surtout ces jeunes qui, pour un oui ou pour un non,
s’attaquent aux agents communaux.
Comment
soutenir dans ce cas que des jeunes conducteurs de motos-taxis
installent un Etat dans l’Etat, n’hésitant pas à prendre à partie
policiers et gendarmes ? Comment comprendre enfin que les tables-bancs
en ville comme dans l’arrière-pays se transforment si régulièrement en
bois de chauffe, laissant des salles de classe dans le dénuement le
plus absolu ? On observe, par ailleurs, par les bienfaits du village
planétaire, un autre visage de la jeunesse camerounaise. Les atteintes à
l’image de marque du pays à travers des lynchages médiatiques bien
huilés portent ainsi leur signature. Ces dernières semaines, de jeunes
Camerounais ont bien montré à travers des attaques en règle comment
« ils aiment leurs pays ». Ils ont certainement leurs arguments liés à
la modernité tous azimuts. Mais le patriotisme célébré toute cette
semaine en prélude à la célébration de la fête de la jeunesse interpelle
la conscience collective. Il ne se reconnaît point dans ces
manipulations dont la jeunesse se rend complice.>>>
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