Café camerounais: le plan de sauvetage

Par Rousseau-Joël FOUTE, Cameroon Tribune, 05-02-2014
Plan de sauvetage pour le café camerounaisLes statistiques livrées après  la clôture de la campagne caféière 2012/2013 le 15 septembre 2013 révèlent une agonie de la filière café au Cameroun. En effet, après avoir été le premier produit agricole d’exportation, le café a connu une production nationale commercialisée qui a récemment chuté de manière drastique pour le robusta et une stagnation pour l’arabica. Cette production nationale commercialisée des deux cafés est de 16 142 tonnes en 2013.

Elle a baissé de 21 985 tonnes par rapport à 2012 où 38 127 tonnes ont été produites. Comme on le voit,  si la très faible performance actuelle n’est pas inversée rapidement, la filière café court tout droit vers la disparition. A titre de comparaison, on est aujourd’hui très loin des 132 000 tonnes enregistrées en 1986, époque où le Cameroun occupait le 12e rang au classement mondial des pays-producteurs de café.
Selon le Conseil interprofessionnel du cacao et du café (Cicc), la baisse de la production s’est installée de manière structurelle, de sorte que dans la balance commerciale du Cameroun, le café a été relégué au cinquième rang des produits agricoles d’exportation. La production a ainsi diminué de 100 000 tonnes au cours des 30 dernières années, soit une diminution moyenne annuelle de 0,4%. Le  Cameroun est devenu un « micro-producteur » de café en Afrique, occupant, en termes de volume d’exportation, la cinquième place sur le continent, après l’Ouganda, l’Ethiopie, la Côte d’Ivoire et la Tanzanie.
Face à cette situation, les pouvoirs publics et les organisations professionnelles auraient tort de rester les bras croisés, compte tenu du fait que le café est demeuré pendant longtemps au Cameroun un contributeur majeur en termes de recettes en devises et de créateur d’emplois pour les communautés rurales. Les données disponibles indiquent à ce sujet que cette culture de rente est produite par environ 400 000 ménages ruraux au Cameroun, ce qui représente environ 2,8 millions de personnes qui en tirent leur subsistance. A cela s’ajoutent les emplois directs et indirects que le café procure à quelque 20 000 ménages représentant à peu près 140 000 personnes.
De l’analyse faite par le CICC sur les causes  de la contre-performance de la filière-café, il ressort qu’il y a des raisons internes et externes. Au plan externe, on peut citer la baisse des cours sur le marché mondial, qui a entraîné un prix peu rémunérateur pour le producteur à la base face à un marché de plus en plus exigeant. Au plan interne, il y a la rareté et la cherté des intrants,  l’insuffisance des structures fiables de production et de multiplication des semences améliorées, la taille réduite et la faible productivité des plantations, le vieillissement des planteurs et l’insuffisance des mesures d’incitations en faveur des jeunes planteurs, l’absence d’organisations de producteurs fortes et structurées, le manque d’équipements techniques à tous les niveaux de la chaîne de valeur, notamment, des centres de lavage et de dépulpage.>>>

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