Marchés publics: Ce qui grippe la machine

Par Rousseau-Joël FOUTE, Cameroon Tribune, 29-01-2014
Dans l’imaginaire collectif, le système des marchés publics au Cameroun est peu transparent. « Par l’importance des sommes qui s’y trouvent mobilisées, il alerte la cupidité, attise l’appétit du gain rapide et facile, tout en ouvrant grandement les portes du déshonneur », analyse le Pr Magloire Ondoa, dans la préface de l’ouvrage de Bernard Messengue Avom intitulé : « La gouvernance des marchés publics au Cameroun ».

En cette deuxième année du budget programme, l’Etat a prévu au titre du budget d’investissement public (Bip) la rondelette somme de 1 000 milliards de F, sur une enveloppe budgétaire globale de 3 312 milliards. L’enjeu financier est donc énorme. Et du fonctionnement efficace et efficient du système de passation, d’exécution et de contrôle des marchés publics dépendra la bonne exécution du Bip. Avec, en ligne de mire, la mise en œuvre de cette prescription du président Paul Biya : « Les projets arrêtés et financés doivent être effectivement exécutés dans les normes prévues ». 
Sur le terrain, c’est très souvent la cacophonie entre les différents acteurs impliqués. La preuve, en 2013, pour expliquer les causes de la sous-consommation historique du Bip dans les régions, un doigt accusateur a été pointé sur les dysfonctionnements du système des marchés publics. Et on comprendra plus tard pourquoi. Puisqu’en lançant le 20 janvier 2014 à Yaoundé, les conférences de programmation des opérations de passation et d’exécution des marchés publics, le ministre délégué à la présidence de la République chargé des marchés publics, Abba Sadou, a déclaré que cet exercice est l’une des mesures prises par les autorités publiques pour juguler les phénomènes récurrents qui plombent la croissance économique au Cameroun. Il s’agit, a-t-il précisé, de la faible consommation des crédits d’investissement public ; de la qualité approximative des prestations réalisées et leur livraison avec retard ; du manque de lisibilité de l’ensemble du processus de passation et d’exécution des marchés ; de la non-maîtrise des niveaux de mise en œuvre des portefeuilles des projets ; des retards dans le lancement des appels d’offres ; du non-respect des procédures de passation des marchés publics ; de l’inobservation des délais réglementaires prévus pour chaque étape de la procédure de passation des marchés ; de nombreuses entorses à la réglementation. Ajoutons le non-respect par certaines commissions des délais de passation des marchés, rendus plus contraignants par la réforme qui les a réduits de trois mois à deux mois dix jours ; les maîtres d’ouvrage qui ne font pas préparer et soumettre à temps, à l’autorité contractante, les dossiers d’appel d’offres pertinents, assortis d’études complètes et actualisées ; les contrôleurs financiers qui ne s’empressent pas, pour des raisons inavouées, d’apposer ou de rejeter leur visa financier et qui prennent parfois des semaines, voire plus pour le faire, alors que 72 heures suffisent. Par ailleurs, Abba Sadou insiste sur le fait que le respect des dates prévisionnelles de passation des marchés demeure un pari constant, dont le décalage se répercute aussitôt sur la consommation des crédits. >>>

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