La signature de l’Etat du Cameroun est-elle crédible aujourd’hui ?
Interview de M. MOH TANGONGHO Sylvester, Directeur Général du Trésor, de la Coopération Financière et Monétaire au MINFI.
La signature de l’Etat du Cameroun est-elle crédible aujourd’hui ?
Nous empruntons sur le marché national à moins de
2% par an. Je crois qu’il existe très peu d’institutions qui peuvent
vous prêter de l’argent à ce taux-là par an. Nous avons toujours un taux
de couverture de 300%. Donc, quand nous demandons 10 milliards de F,
les établissements bancaires sont prêts à nous donner même 30 milliards
de F. Mais, nous ne retenons que les 10 milliards de F qui correspondent
à ce que nous voulons.
Il ne s’agit pas de s’endetter outre mesure
puisque tout est calculé. Toujours pour illustrer notre crédibilité, il
faut savoir que nous avons la possibilité de faire des tirages sur les
avances statutaires au niveau de la BEAC. Celle-ci nous demande tout le
temps de venir tirer, pour une marge prévue de 335 milliards de F. mais
nous préférons aller sur notre marché pour l’animer. Si l’Etat était en
difficulté, il allait plutôt choisir d’aller tirer de l’argent sur ces
avances statutaires de la BEAC, qui ont un taux d’intérêt de 3%. Pour
conclure, la signature de l’Etat camerounais est crédible.
Que répondez-vous à ceux qui affirment que
les délais de paiement des factures des prestataires de service de
l’Etat sont longs ?
Je tiens à préciser ici que dans les trésoreries,
en région, les paiements se font en 30 jours et parfois, en moins de 30
jours. Lors d’une récente réunion avec les trésoriers payeurs généraux,
j’ai appris que certains payent à vue. Mais, au niveau de la paierie
centrale où nous avons plus de 70% des dépenses, nous sommes
actuellement en train de payer la première décade du mois de février
2014. Nous sommes donc à 60 jours pour le délai de paiement et nous
respectons ce délai depuis deux ans. Ce n’est pas une nouveauté. Ces60
jours, c’est par rapport aux 90 jours prévus par la règlementation de la
CEMAC qui respecte les quatre critères de convergence, y compris la
non-accumulation des arriérés sur le budget. Cela a été confirmé lors
d’une mission de la Commission de la CEMAC. Bien plus, le Cameroun
figure parmi les cinq pays de la zone franc à avoir respecté ces quatre
critères de manière consécutive, c’est-à-dire en 2012 et en 2013.
L’an dernier, le niveau d’accumulation des arriérés avait été présenté comme préoccupant. La situation a-t-elle évolué ?
Il faut bien expliquer ce qu’on entend par
arriérés. Vous avez des prestataires qui vont réaliser des travauxsans
s’assurer au préalable de l’existence de crédits budgétaires y
afférents. J’ai vu des gens qui se plaignaient qu’ils ont des bons au
niveau du Trésor qui ne sont pas payés depuis deux ans parce qu’on ne
les a pas engagés. Quand on n’a pas engagé un bon, il ne peut pas
arriver au niveau du Trésor. Donc, si vous allez exécuter des travaux
sans vous assurer de l’existence des crédits, vous allez vous mettre en
difficulté. Si on met cela dans les arriérés, je dirais que c’est de
l’indiscipline quand il s’agit des prestations sans crédit. L’Etat a
commencé à payer une bonne partie des droits sociaux. Il y a des
affaires qui sont en justice. Donc, à tout moment, vous aurez toujours
quelque chose en instance et cela ne met pas le Trésor public en danger.
Les prestataires peuvent confirmer que ce qui est prévu dans le budget
est payé dans un délai de 60 jours. C’est une très bonne chose parce que
cela participe de la bonne gouvernance au niveau du Trésor. Car un
prestataire qui sait qu’il va être payé en moins de 60 jours n’a pas
besoin d’aller voir des gens pour négocier. D’autant plus que nous
payons par ordre chronologique. Il y a des périodes, pendant la rentrée
scolaire, par exemple, où nous payons en 45 jours. Notre objectif c’est
d’améliorer davantage cette performance, bien que la réglementation de
la CEMAC donne jusqu’à 90 jours pour payer les prestataires.
Extrait du Cameroon Tribune du jeudi 10 avril 2014.
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