Le nouveau partenariat Etats-Unis-Afrique prend corps

Par BADJANG ba NKEN, Cameroon Tribune, 11-08-2014
paul-biya-a-washingtonCe partenariat qui a pour objectif de développer l’Afrique et d’en faire un partenaire efficace des Etats-Unis sur le long terme concerne en priorité le commerce et l’investissement, la bonne gouvernance, la paix et la sécurité.
Convoqué par le chef de l’exécutif américain, Barack Obama, le tout premier sommet Etats-Unis-Afrique s’est achevé mercredi soir à Washington D.C, au terme de trois jours d’intense activité.

Ces assises qui avaient pour enjeu principal de  faire progresser les objectifs de l’administration Obama en matière de commerce et  d’investissement en Afrique et de mettre en évidence l’engagement des Etats-Unis envers la sécurité de ce continent et  le développement de la démocratie ont au bout du compte comblé les attentes selon des sources concordantes. Les deux parties se sont en effet engagées à construire un nouveau mode de partenariat mutuellement bénéfique.
Arrivé samedi soir dans la capitale Américaine, en compagnie de la première dame, Chantal Biya, le chef de l’Etat qu’assistait une dizaine de membres du gouvernement a personnellement pris  part à toutes les rencontres déterminantes de ce sommet. Il s’agit du tout premier forum économique Etats-Unis-Afrique, organisé mardi dernier par le  Département américain du Commerce, et la Fondation Bloomberg. Un forum qui a vu la participation de nombreux  industriels américains et africains mondialement reconnus, et des personnalités de haut rang à l’instar de l’ancien président des Etats-Unis Bill Clinton, des présidents de la Banque Mondiale et de la Banque Africaine de Développement.
Le président Paul Biya a également pris part à la concertation tenue mercredi au Département d’Etat américain entre le président Barack Obama et les chefs d’Etat et de gouvernement  d’Afrique. Cette rencontre très attendue et particulièrement courue qui a donné lieu à un échange interactif sur trois thèmes d’intérêt commun : Investir dans l’avenir de l’Afrique, Paix et stabilité régionale, Gouverner pour la prochaine génération  a permis aux participants de parvenir à un large consensus qui servira de socle au nouveau partenariat  qui commence à prendre corps.
Commerce et investissementLes participants au sommet qui s’est tenu la semaine dernière à Washington D.C sont arrivé à la conclusion selon laquelle le développement du partenariat entre les Etats-Unis et l’Afrique passe en priorité par l’élargissement des échanges commerciaux et le développement des infrastructures. Dans cette perspective, Washington va développer 33 milliards de dollars pour soutenir le commerce et les investissements créateurs de nombreux emplois. L’Afrique étant confrontée à un déficit d’énergie électrique qui plombe sa croissance économique, la « Power Africa Initiative » lancée par le président Obama va mobiliser  d’avantage de financements en vue de fournir l’électricité à 60 millions de ménages et d’industries.
S’agissant  de l’AGOA (African Growth and Opportunity Act), une  loi de 2000 dont l’objectif est de favoriser l’expansion du commerce entre les Etats-Unis et les pays africains subsahariens qui devait s’achever en 2015 devrait être prorogé en raison de l’accord de principe d’une forte majorité des membres du Congrès américain (parlement) sur la question. Toutefois, il convient de relever que   l’AGOA aura désormais, sur la base du consensus auquel sont parvenus les participants au sommet de la semaine dernière dans la capitale américaine, une orientation basée sur le développement économique et non simplement une orientation commerciale comme c’était le cas jusque-là. Bon à savoir, le quatorzième forum de l’AGOA  se tiendra pour la première fois en fin septembre 2015 en Afrique centrale.
Toujours dans l’optique du développement du commerce en Afrique,  les leaders africains ont décidé de poursuivre les réformes visant à attirer les investissements, réduire les obstacles qui empêchent le commerce entre pays africains. Quant aux Etats-Unis, ils ont promis de renforcer les capacités des africains en vue d’intensifier  le commerce interafricain et entre l’Afrique et le reste du monde. Le sous-sol africain étant riche en matières premières, Barack Obama et ses hôtes ont convenu que l’exploitation de ces richesses  devait se faire dans l’intérêt des investisseurs et celui des africains. Pour combattre l’insécurité alimentaire en Afrique, la nouvelle agence américaine pour la sécurité alimentaire et la nutrition s’engage à intensifier ses activités pour mettre  50 millions d’africains à l’abri de la pauvreté. Le financement des activités visant à rendre les femmes autonomes au plan socio-économique figure également en bonne place des résolutions prises à Washington
Démocratie et gouvernanceDe l’avis des participants au sommet de Washington D.C, la pratique de la démocratie et de la bonne gouvernance est une condition sine qua non au développement économique et à la mise sur pied des sociétés libres. Barack Obama et ses hôtes ont constaté que des efforts sont faits dans ce sens dans de nombreux pays africains, mais que de violations des droits de l’Homme et des règles démocratiques demeurent une réalité. Ils ont convenu  de l’importance de favoriser dans tous les pays l’instauration de l’Etat  de droit avec la mise sur pied d’institutions de contrôle du respect de ces droits, du renforcement de la société civile, de la protection des droits de l’Homme, du citoyen et des communautés. Les participants au somment se sont mis d’accord sur la nécessité d’agir ensemble contre la corruption qui fait perdre aux économies africaines  des dizaines de milliards de dollars par an, qu’on aurait pu investir dans des projets de développement ; de combattre  le blanchiment de l’argent et de renforcer la transparence qui est essentielle en vue de la croissance économique
Paix et sécuritéL’unanimité s’est dégagée à Washington  sur le fait que la paix et la sécurité sont des préalables incontournables au développement de l’Afrique. Prenant la parole sur le débat consacré à ce thème, le président Paul Biya a souligné avec force qu’aucune politique de développement, aucun progrès social n’est possible sans la paix et la sécurité. Il a relevé pour le condamner, les exactions meurtrières de la nébuleuse terroriste et transnationale  Boko Haram qui sévit notamment au Cameroun et au Nigéria voisin et rappelé qu’il a pris des mesures énergiques en vue de mettre hors d’état de nuire ces bandits de grand chemin. Réagissant à la suite de l’intervention du président Paul Biya soutenu par de nombreux autres chefs d’Etat africains, le président Barack Obama s’est engagé à soutenir la lutte contre le terrorisme et les trafics humains en Afrique au travers notamment la formation des soldats africains, la fourniture des équipements,  du renseignement  et du soutien financier. Des sources américaines concordantes parlent de la mobilisation de 110 millions de dollars par an sur une période de trois à cinq ans. Washington compte également apporter son appui au déploiement de la force africaine d’intervention rapide et à toute force de maintien de la paix placée sous l’autorité de l’Union africaine ou des Nations Unies.
Actions socialesAu cours du sommet qui s’est tenu  la semaine dernière dans la capitale américaine, des mesures ont également été prises en faveur de l’investissement  dans l’éducation des femmes, leur protection contre les violences dont elles sont objet, la lutte contre le VIH /SIDA, la lutte contre l’épidémie d’Ebola… A côté des actions gouvernementales, les organisations non gouvernementales (ONG) américaines  vont investir 4 milliards de dollars en Afrique durant les trois prochaines années dans les secteurs aussi variés  que la protection maternelle et infantile, la fourniture des vaccins et médicaments. En plus de 34 milliards de dollars à fournir par le gouvernement américain, c’est un total de 37 milliards de dollars qui vont être mobilisés dans les prochaines années pour  le développement de l’Afrique.

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