La commercialisation du cacao s’assainit

Par Rousseau-Joël FOUTE, Cameroon Tribune, 12-08-2014
cacaoLes filières cacao et café au Cameroun représentent environ 28% des exportations non pétrolières et  près de 40% des exportations du secteur primaire, notamment des produits agricoles d’exportation.
L’essentiel de la production est l’œuvre de petits producteurs repartis dans sept bassins de production.
On estime que le cacao et les cafés (arabica et robusta) sont produits par près de 600 000 producteurs et que les  activités relatives à ces filières bénéficient directement ou indirectement à environ 6 millions de personnes. Par campagne agricole, environ 400 milliards de F sont distribués à différents maillons de la chaîne.                                             
Jusqu’en 1991, les filières cacao et café au Cameroun ont connu un contrôle systématique de l’Etat, notamment à travers l’ONCPB (Office national de commercialisation des produits de base). La commercialisation était alors encadrée, les marchés périodiques organisés, la qualité du cacao contrôlée et les prix étaient différenciés suivant les grades. Des crédits en blanc étaient accordés aux opérateurs auprès de leurs banques respectives par la BEAC au prorata de leur quota pour préfinancer la campagne. Après 1991, l’Etat a  décidé de libéraliser ces deux filières, en se désengageant du secteur productif pour se recentrer sur ses fonctions de régulation. L’objectif visé était la professionnalisation des opérateurs, l’appropriation des bonnes pratiques post-récoltes et commerciales par les producteurs, l’augmentation de l’offre de cacao de meilleure qualité, la promotion du label Cameroun, etc.                                                                                                   
20 ans après la libéralisation des filières cacao et cafés, la commercialisation de ces produits continue de souffrir de plusieurs maux, relève un diagnostic du Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC). Ces difficultés sont, entre autres, l’atomisation de la mise sur le marché des produits, la prolifération d’intermédiaires non-professionnels (coxeur) qui amenuisent considérablement la portion déjà congrue des gains du cacaoculteur, la faible structuration des Organisations  professionnelles agricoles (OPA), l’indisponibilité des statistiques locales tant pour la production que pour la commercialisation, l’augmentation très peu significative de la production, une absence totale de traçabilité, une qualité moyenne des produits commercialisés. Dans ce sillage, on a assisté à l’effondrement du système coopératif structuré existant avant la libéralisation ; l’insuffisance de la définition des rôles et des compétences des différents types d’OPA, entraînant de fait des conflits de compétence et de rôle ; l’insuffisance de l’appropriation des responsabilités des producteurs vis-à-vis de leurs organisations ; l’inefficience de la représentativité des producteurs au sein de l’Interprofession à travers ses différentes instances ; l’absence d’information sur la caractérisation des producteurs et de leurs exploitations.                                                                                                                              
Face à cet état de choses et aux récriminations sans cesse croissantes du marché international sur l’absence de traçabilité du système camerounais de commercialisation, plusieurs systèmes ont été expérimentés sans succès, notamment la mise en place des comités CICC d’arrondissement, puis la mise en place des comités locaux de commercialisation placés au niveau de chaque arrondissement. Une enquête réalisée en 2012 par le secrétariat permanent du CICC auprès des localités abritant ces comités locaux de commercialisation a montré que ceux-ci ne fonctionnent pas. Fort de ce constat, le CICC a mis en route, pendant la campagne 2013-2014 qui vient de s’achever, le Programme d’appui à l’organisation de la commercialisation du cacao (programme AOC).>>>

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