Marcien Towa, le philosophe et le développement
L’universitaire a consacré l’essentiel de sa carrière à défendre une idéologie : l’émancipation de l’Afrique.
Marcien
Towa a basé sa thèse de doctorat obtenu à la Sorbonne en 1969 sur la
négritude. Dans cette négritude, il avait pu isoler ce qui lui semblait
bon pour l’émancipation de l’Afrique de ce qu’il considérait comme
avilissant. Entre la négritude de Léopold Sédar Senghor par exemple et
celle d’Aimé Césaire, Marcien Towa avait choisi son camp.
Il n’a jamais
accepté que "l’émotion est nègre et la raison Hélène". Il trouvait en
cela un assujettissement. Outre ses travaux scientifiques, le philosophe
a défendu dans les conférences et dans les livres que la négritude de
Senghor avait quelque chose d’irrationnel, de colonial et de raciste.
« Senghor concevait la culture comme quelque chose de biologique et il
considérait le nègre comme émotif. Ces deux thèses font que si nous
sommes biologiquement plus émotifs et que nous ne pouvons pas dépasser
cette émotivité, nous sommes condamnés par l'histoire. Senghor
n'hésitait pas à tirer ce genre de conclusion en montrant que la
domination du Blanc sur le Noir était logique et naturelle »,
regrettait-il.
Ses
collègues des universités du Cameroun gardent de lui le souvenir du
philosophe qui a développé la théorie de la domestication de la science
et de la technologie par l’Afrique pour son développement. Pour lui,
l’émancipation de l’Afrique passe par le panafricanisme et l’unité.
Dans
« L'essai sur la problématique philosophique de l'Afrique », paru en
1971, il dénonce l'éthnophilosophie qui, selon lui, assimile la
philosophie à n'importe quelle vision du monde. Mais dans « L'idée d'une
philosophie africaine » publié en 1979, après avoir critiqué la pensée
du mythe, domaine de l'opinion reçue, il tente en s'appuyant sur les
exemples empruntés à l'Égypte et aux contes de l'Afrique noire, de
montrer qu'il y a une véritable tradition philosophique africaine.>>>
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