L’exécution du BIP sous surveillance
Dans le
cadre de la mise en œuvre de sa feuille de route, le Conseil supérieur
de l’Etat (Consupe) vient de dépêcher plusieurs équipes sur le terrain
pour voir plus clair au sujet de l’exécution du budget d’investissement
public (Bip)
dans différentes régions du pays. Ce n’est pas une nouveauté en soi
puisque les missions mobiles de vérification ont toujours fait partie de
la panoplie opératoire du Consupe en matière de surveillance de la
gouvernance financière et comptable.
Le déploiement des personnels de
vérification intervient dans un contexte tout à fait particulier. Malgré
quelques améliorations notables par rapport aux exercices antérieurs,
le taux d’exécution du Budget d’investissement public est encore en-deçà
des objectifs du gouvernement, des attentes de la plus haute autorité
de l’Etat et plus généralement, des populations qui sont les principales
bénéficiaires de toute initiative en vue d’améliorer leurs conditions
de vie. Il suffit de rappeler que les services du Contrôle Supérieur
de l’Etat « relèvent de l'autorité directe du président de la
République, dont ils reçoivent les instructions et à qui ils rendent
compte » pour comprendre l’importance et la portée des descentes
régulières sur le terrain pour vérifier de près le respect des
directives et procédures en vigueur en ce qui concerne l’investissement
public. La construction d’un centre de santé ou d’une école,
l’équipement des salles de classe, la réhabilitation d’un tronçon
routier ou la réfection d’ouvrages d’art sont autant d’initiatives
apparemment isolées, mais dont l’impact sur le développement local n’est
plus à démontrer.
Nos
villes et campagnes ont besoin d’infrastructures de toute nature et
l’immensité de la demande n’en rend que plus urgent l’accélération des
procédures d’exécution du Bip. Au début de chaque exercice budgétaire,
des moyens colossaux sont dégagés pour le financement de projets
multiples. Il s’apprend que le nombre de projets à auditer pour les deux
régions du Nord et de l’Extrême-Nord s’élève à 714 projets pour une
enveloppe globale d’environ 39 milliards. Les autres régions du pays ne
sont pas en reste puisque l’opération couvre l’ensemble du territoire
national. La question est dès lors de savoir si cette masse budgétaire,
impressionnante sur le papier, a été utilisée à bon escient. Sans
préjuger des différents rapports d’audit à produire, on peut affirmer
sans risque de se tromper, que les nouvelles qui nous parviennent de
l’arrière-pays sont loin d’être rassurantes, contrariant de ce fait la
volonté des pouvoirs publics de faire du Bip l’un des leviers de relance
de la croissance à travers des projets à retombées multiples. Alors
qu’on a entamé le septième mois de l’année en cours, l’exécution du Bip
n’a pas véritablement pris l’envol escompté. Malgré les variations
régionales, la moyenne du taux d’exécution à l’échelle du pays est
d’environ 20% : encore faut-il s’estimer heureux d’en arriver là ! Ce
taux d’exécution, anormalement bas, est inversement proportionnel aux
moyens déployés. Parallèlement à l’accroissement régulier de la masse
budgétaire consacrée au Bip d’un exercice à l’autre, le gouvernement a
mis en œuvre une série de réformes audacieuses portant, entre autres,
sur l’adoption du budget-programme qui consacre la gestion axée sur les
résultats en vue d’améliorer la qualité de la dépense : la
réorganisation du secteur des marchés publics avec un ministère dédié.
Toutes choses censées accélérer la consommation des crédits. Sur le
terrain, c’est plutôt le contraire qui se produit. Tout semble indiquer
que les différents intervenants dans la chaîne se combattent plutôt que
d’agir en synergie, pour plus d’efficacité. Le citoyen ordinaire qui
attend beaucoup des retombées du Bip n’y comprend rien et se demande
logiquement où se trouve la clé de l’énigme. Qu’est-ce qui fait
problème ?>>>
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