Ce qui devrait changer dans le fonctionnement du Parlement
Par Jean Francis BELIBI, Cameroon Tribune, 15-07-2014
Règlement intérieur, commissions d’enquête parlementaire, contrôle de l’action gouvernementale vont innover.
Comme
nous l’avons déjà souligné, la deuxième session ordinaire des chambres
du parlement pour l’année législative en cours est loin d’avoir été une
session de juin comme toutes les autres. Une dizaine de textes de loi
examinée.
Avec cette particularité, des propositions de loi émanant de
parlementaires, conformément aux dispositions en la matière prévue par
la Constitution qui prévoit notamment en son article 25 que
« l’initiative des lois appartient concurremment au président de la
République et aux membres du parlement. » C’est dans cette perspective
qu’ont été votées des propositions de loi dont la promulgation attendue
par le président de la République aura une incidence sur le
fonctionnement de l’institution parlementaire dans notre pays. CT
explore certains des changements majeurs qui sont attendus.
Le contrôle de l’action gouvernementale
Qu’il
s’agisse du Sénat ou de l’Assemblée nationale. Des innovations sont
apportées à travers la proposition de loi fixant les procédures de
fonctionnement des commissions d’enquête parlementaire. En plus des
dispositions qui existaient déjà jusque-là, le nouveau texte créé au
sein de chaque chambre, il y a la mise sur pied des commissions
d’enquête parlementaire. Avec pour première particularité que ses
membres doivent prêter serment, et sont astreints à l’obligation de
réserve. Au-delà de ces Commissions d’enquête parlementaire, il devrait,
par ailleurs être possible à l’Assemblée nationale, de créer des
commissions d’enquête sur des sujets intéressant les finances publiques
pour une durée n’excédant pas six mois. En ce qui concerne le contrôle
proprement dit de l’action gouvernementale, et dans le souci d’arrimer
le parlement aux dispositions de la loi n°2007/006 du 26 décembre 2007
portant régime financier de l’Etat, l’on devrait bientôt voir l’entrée
en scène, au sein de la Commission des Finances et du budget de
l’Assemblée nationale, des rapporteurs spéciaux chargés des dépenses
publiques et du contrôle de l’usage des fonds publics, et un rapporteur
général pour les recettes. Au niveau de l’Assemblée nationale, les
modalités d’exécution de leurs missions devraient être déterminées par
arrêté du bureau de la chambre.
La discipline
Le
problème en ce qui concerne les membres des deux chambres se posent
différemment selon que l’on se trouve à l’Assemblée nationale ou au
Sénat. Jeune institution, la dernière ne connaît pas encore
véritablement le phénomène des absences répétées de ses membres. On a
ainsi entendu le président de l’Assemblée nationale, Cavaye Yeguié
Djibril, monter au créneau à plusieurs reprises pour s’insurger contre
ces absences régulières de certaines de ses collègues. Menaçant même au
passage de faire appliquer les dispositions législatives en la matière,
avec notamment une suspension des émoluments. Jusqu’ici la sanction la
plus lourde encourue par un élu était la censure avec exclusion
temporaire de l’hémicycle. Désormais, trois absences consécutives à des
séances entraînent la perte du bénéfice de la moitié de l’indemnité
législative pendant la durée de son absence et les deux mois qui suivent
sa reprise d’activité. Plus grave, toujours au niveau de l’Assemblée
nationale, lorsqu’un député aura manqué à trois sessions ordinaires,
sans excuses valables, sa démission sera constatée et il sera remplacé
par son suppléant.
Traitement des élus
Ici
aussi, les problèmes se posent différemment, au même titre que les voies
de règlement. Ainsi, une récente réunion du groupe parlementaire RDPC
au Sénat, le plus important de la chambre, a réuni ses membres pour le
règlement de ces détails. La situation se présentait différemment du
côté de l’Assemblée nationale. Aux revendications portant sur la
revalorisation de l’indemnité législative de base, fixée pour les plus
faibles à 285 000 F, et leur alignement au moins sur celle des hauts
cadres de la chambre, qui seraient de l’avis des députés mieux rémunérés
que les élus, l’adoption du nouveau texte y a apporté une réponse
subtile : « Le montant et les modalités de paiement des avantages cités
aux alinéas 1 et 2 ci-dessus (les députés perçoivent mensuellement une
indemnité dite indemnité législative de base, une indemnité pour frais
de mandat, ainsi qu’une dotation mensuelle pour la rémunération
d’assistants parlementaires … ils ont droit à une indemnité de session.
Ndlr ) sont déterminés par arrêté du bureau de l’Assemblée nationale. »
L’introduction de cette disposition a entraîné la modification de
l’article 110 de la loi adoptée et qui attend sa promulgation par le
président de la République.
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