Les seniors ont la fibre entrepreneuriale

Par Ophélie Colas des Francs, business.lesechos.fr, 27-06-2014

Impatients d’être à la retraite, les actifs de plus de 45 ans ? Loin de là. Deux millions se disent même séduits par l’entrepreneuriat

Non, les entrepreneurs ne sont pas que de jeunes diplômés tout feu tout flamme ou des cadres quadragénaires désireux de concrétiser une idée qui les titillent ! Selon l’Insee, sur 17 millions de seniors (45-64 ans), 2 millions seraient désireux de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. Et 88.000 passent à l’acte chaque année.

Des profils variés
Autre lieu commun qui a la vie dure, les seniors qui lancent leur boîte le ferait pour créer leur propre emploi. En réalité, seuls 24% sont chômeurs, selon les chiffres de l’APCE. Les autres ? 26% de salariés, 19% de chefs d’entreprise et 22% de retraités.
Leurs motivations ? La nécessité de gagner leur vie, certes.  Mais pas uniquement. Ils sont également animés par la volonté de conserver leur statut social et de rester indépendants, actifs. « On note que les motivations ne sont pas les même chez les trentenaires ou quadragénaires que chez les seniors. Les premiers cherchent souvent à échapper à la hiérarchie. Les seconds ont une vision plus hédoniste. Ils veulent exercer un nouveau métier ou exercer la même profession mais conformément aux valeurs qui les animent » assure Karine Lair, directrice du développement et de la stratégie du cabinet Var conseil RH.
Atouts et faiblesses
Les porteurs de projets de plus de 60 ans ont indubitablement une longueur d’avance sur les juniors. D’abord, ils bénéficient d’un réseau de clients, fournisseurs et éventuellement de contacts chez des investisseurs qui pourront leur donner un coup de pouce financier –sauf, évidemment, s’ils sortent d’une période de chômage de longue durée qui les a isolés.
Outre les relations professionnelles, les seniors ont acquis, au fil des ans, une connaissance de leur secteur d’activité et un savoir-faire sur lequel ils pourront capitaliser. Ceci dit, un salarié, s’il se lance en solo, devra élargir l’éventail de ses compétences en s’initiant, en fonction de son profil, au management, à la gestion ou à la relation-client. Il devra également apprendre à travailler seul sans avoir l’assurance de toucher un revenu en fin de mois.
Problématiques spécifiques
Si les créateurs juniors poursuivent peu ou prou le même but, les seniors sont confrontés à des problématiques variées. « Il faut distinguer deux profils. Premier cas de figure, un sénior de 59 ans qui crée son propre emploi pour « tenir » jusqu’à la retraite  et obtenir un complément de revenu. Deuxième cas,  un sénior qui a encore quinze ans à travailler et qui va construire un vrai business », décrit Karine Lair.
Pour le second, l’enjeu est de taille. Il sera plus difficile à un senior qui met la clé sous la porte de rebondir qu’à un quadragénaire qui pourra toujours valoriser l’expérience acquise en tant qu’entrepreneur. D’où la nécessité d’assurer ses arrières du point de vue matériel. « Le patrimoine est un vrai sujet. A 60 ans, on ne peut pas se permettre de le mettre en péril. Il faut donc faire une étude de projet poussée pour vérifier sa viabilité et choisir un statut juridique qui protège les biens de l’entrepreneur », poursuit-elle. En clair, séparer son patrimoine de celui de la société en créant une nouvelle personne morale (EURL, SARL, SAS).
Accompagnement sur-mesure
Ils doivent également se montrer vigilants en terme de prévoyance, étant, du fait de leur âge, plus exposés aux problèmes de santé que les juniors. D’où l’importance de se faire accompagner par des structures d’aides à la création d’entreprise comme BGE ou Initiative France. Cette dernière a mis en place, avec la compagnie d’assurance AG2R La Mondiale, un programme intitulé « +45 ». Le réseau y propose des modules adaptés aux différents publics –chômeurs, salariés cadres et non cadres. Un accompagnement efficace : 80% des entreprises suivies passent le cap des cinq ans
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