« Notre priorité, c’est travailler pour un développement local qui profite aux populations »

Responsive imageGeorges Elanga Obam, ministre de la Décentralisation et du Développement local.

(Cameroon Tribune) Monsieur le ministre, au lendemain de la signature du décret portant organisation de votre département ministériel, quelles sont les priorités que vous vous assignez ?

Les priorités de mon département ministériel n’ont pas changé en raison de la signature de l’organigramme du ministère de la Décentralisation et du Développement local. Elles sont liées
à la nécessaire accélération du processus de décentralisation et à son approfondissement dans la perspective que nous ayons un développement local qui profite à nos populations à la base.

Le MINDDEVEL, dans son organigramme, est doté de services déconcentrés. Comment se fera la collaboration avec les autres services de l’Etat, notamment les autorités administratives ?
Vous voulez parlez ici de la tutelle sur les collectivités territoriales décentralisées, que je veux comprendre comme un droit de regard. L’Etat est un tout, et il ne saurait s’y développer des entités libres. C’est pour cela que l’Etat exerce la tutelle sur les collectivités. Le droit positif qui s’applique chez nous prévoit que c’est le président de la République qui est en charge de cette tutelle. Il délègue cette compétence au ministre en charge des questions de décentralisation, qui lui-même confie cette activité aux autorités administratives. Je voudrais indiquer que jusqu’à présent, les autorités administratives qui exerçaient la tutelle sur les collectivités territoriales décentralisées pour le compte de l’Etat rendaient compte au ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Avec la création du ministère de la Décentralisation et du Développement local, les autorités administratives continuent d’exercer la tutelle sur les collectivités territoriales décentralisées, mais cette fois pour le compte du ministre de la Décentralisation et du Développement local à qui ils rendent compte, et auprès de qui ils prennent leurs instructions. C’est une précision qu’il est utile de faire.

Avec la création de votre ministère désormais doté de structures qui lui permettent de travailler pleinement, la mise sur pied des conseils régionaux est-elle à l’ordre du jour ?
La mise en place des conseils régionaux est envisagée. Nous y travaillons déjà. Cela fait partie de nos priorités. La décentralisation s’entend de ce que les régions sont mises en place, que les communes travaillent mieux et qu’au final, nous ayons des populations qui voient leurs aspirations réalisées. C’est cela que nous appelons le développement local. La décentralisation prise comme un élément conceptuel a une traduction pratique qui est le développement local.

L’organigramme intervient au lendemain d’une tournée effectuée sur le terrain. Quelles leçons en avez-vous tirées ?
La première leçon, c’est qu’il faut aller sur le terrain pour appréhender la réalité des problèmes des populations et des autorités municipales. C’est de considérer qu’il y a une question de réel exercice de l’autonomie reconnue aux collectivités territoriales. C’est la nécessité d’améliorer la qualité des rapports qu’entretiennent les collectivités territoriales et l’administration en général et les autorités de tutelle. C’est le besoin de mettre à la disposition des élus locaux les moyens qui leur permettent de réaliser les attentes des populations. Et c’est la nécessité de les doter d’un certain nombre de moyens matériels, financiers et humains pour que ces autorités soient plus efficaces. C’est enfin la satisfaction de voir l’une de leurs vielles attentes réalisée, celle de la mise en place d’une administration qui leur soit spécifiquement dédiée.

Quelle est la suite réservée aux préoccupations liées au statut de l’élu local et de la mise en place d’une fonction publique locale ?
Ce sont des préoccupations qui reviennent dans l’exploitation du Livre blanc que nous avons reçu des Communes et villes unies du Cameroun. Elles sont relayées par l’exploitation de l’information que nous ramenons du terrain. Nous pensons qu’il y a une discussion qu’il faut avoir avec les administrations pour évoquer la possibilité de mise à disposition des ressources humaines de l’Etat, notamment celles qui étaient en charge des compétences qui ont été transférées. Nous pensons également qu’il y a lieu de revoir le statut de la structure en charge de la formation des personnels des collectivités, le CEFAM qui est à Buea. Nous voulons profiter de l’opportunité que nous offre la remise à niveau des entreprises publiques induite par les lois de 2017 sur les entreprises et établissements publics pour que son statut soit modifié. Et nous pensons que tout cela doit aboutir si nous travaillons bien à la mise en place d’une fonction publique locale. S’agissant de l’élu local, son statut tient à son mode de désignation. C’est l’élection. Il y a tout un ensemble de considérations qui conduisent à l’élection. Maintenant, il faut simplement s’assurer que lorsque l’on est élu, que l’on mette à votre disposition les outils qui vous permettent de faire votre travail. Parmi ceux-ci, il y a la connaissance des éléments techniques qui fondent le fonctionnement d’une collectivité, son organisation, ses compétences. L’organigramme qui vient d’être validé par le président de la République nous donne la capacité de nous préoccuper de ces questions parce que nous avons toute une direction qui est en charge du traitement qu’il faut réserver à l’élu à partir de son élection jusqu’à l’exercice de ses fonctions.
Jean Francis BELIBI

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