Entreprendre à plusieurs: une bonne idée?
Nadine Calvet et Elodie Brun, associées
tenant une Franchise Théraform à Chambéry (73). L'arrivée de Nadine en
tant que cogérante a permis une meilleure répartition des tâches au
sein de l'entreprise.
Quand, à la demande de la tête d'un
réseau dans le secteur de l'achat-vente de produits d'occasion, Pascal
Romeu accepte d'investir dans l'affaire d'un autre franchisé, c'est
qu'il est en attente d'un emplacement
pour ouvrir sa franchise près de Strasbourg, son lieu de résidence. "Je
devais être un sleeping partner, donc un investisseur "dormant", et lui
céder mes parts au bout de trois ans", se souvient-il. Sauf que les
choses ne se sont pas passées exactement comme prévu. Dès le départ, il
se retrouve à monter seul tout le projet, à assurer la gestion
quotidienne du point de vente situé à... 130 kilomètres de chez lui. "Je
travaillais plus qu'un salarié. Et mon associé ne faisait rien",
raconte-t-il. Au bout de 18 mois, la coupe est pleine. Pascal Romeu
enclenche la cession de ses parts et récupère sa mise de départ.
Cette mésaventure illustre les mésententes qui peuvent survenir entre associés franchisés. Et parfois mettre directement en péril l'entreprise.
Pour
qu'un duo (ou plus) fonctionne à plein régime, un certain nombre de
règles de fonctionnement entre associés s'imposent. La première est
évidemment de cibler des créneaux porteurs mais surtout un centre de
profit d'une certaine dimension, nécessitant à la fois des compétences
en management, en gestion, en développement commercial...
L'affaire
doit tourner suffisamment pour que chaque associé y trouve son
compte... Et aussi sa rémunération. Le modèle économique et son
potentiel de développement (via, par exemple, la multi-franchise, doivent être bien analysés pour éviter les déconvenues.
Autre
règle à respecter : la complémentarité entre associés. "Une personne
dotée d'une réelle compétence commerciale associée à une autre ayant un
profil de gestionnaire et d'administratif me paraît la solution idéale.
De même, un tempérament fonceur et optimiste doit être modulé par un
associé au caractère plus tempéré", conseille Jean-Paul Zeitline. En
effet, si les deux associés ont le même profil, certaines tâches ou
priorités risquent d'être négligées.
L'association avec un
"sleeping partner" doit être envisagée avec précaution : "En cas de
problème, l'exploitant, qui travaille au quotidien, aura l'impression de
tout faire alors que l'autre en profite... Second risque éventuel,
celui que l'investisseur, au prétexte qu'il a apporté l'argent, se
sépare de son associé exploitant", observe l'expert.
Pacte d'associés
Si
la tête de réseau fait correctement son travail, chacune des parties
prenantes devra faire l'objet du même processus de sélection et devra
avoir sa feuille de route précisant son rôle dans l'unité franchisée.
"En principe, le contrat est passé entre le franchiseur et la société franchisée (donc son gérant).
Or
l'intuitu personæ, disposition sur laquelle repose la relation de
franchise, est porté par l'actionnaire majoritaire", ajoute l'expert.
Pour Rodolphe Wallgren, fondateur et président du réseau Memphis Coffee,
également associé dans plusieurs de ses unités, "il est impensable que
l'intuitu personae ne repose pas sur la personne majoritaire dans la
structure."
Avant de se lancer dans une aventure à plusieurs, il est primordial de choisir un statut d'entreprise adapté. Même s'il n'existe pas de statut miracle, certains se prêtent davantage à ce type de montage. Une SARL, une SA ou encore une SAS
(Société par actions simplifiées) laissent plus de souplesse aux
entrepreneurs désireux de s'associer. Le choix d'un statut a aussi des
incidences fiscales et sociales que chaque associé devra bien évaluer en
fonction de sa propre situation. Mieux vaut donc prendre conseil auprès
d'un expert-comptable
ou d'un avocat pour être sûr de ne pas rater le coche. Plus ces
éléments seront balisés en amont, plus la collaboration devrait être
sereine entre partenaires.
Autre recommandation : rédiger un pacte d'associés
solide. Ce document doit préciser la répartition des tâches de chacun,
le temps consacré à l'activité, les ratios d'exploitation attendus, les
revenus de chacun, les dividendes et les conditions de sortie.
Concernant ces dernières, surtout ne rien laisser au hasard ! Quels sont
les motifs de cession des parts ? Quel est le mode de calcul de la
valeur desdites parts ? Quel droit de regard de l'associé sur le
repreneur ? Etc. Sinon, c'est l'impasse assurée comme ce qui est arrivé à
Pascal Romeu. "Notre pacte d'associés ne prévoyait pas les conditions
de sortie.
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