APCE: Réinventons le métier de...conseiller en création d'entreprise ?
Un titre pour le moins provocateur, mais qui a tout le mérite
d'interroger sur un métier dont l'environnement et la matière sont en
pleine mutation.
Ces dernières années en témoignent. Des mesures de simplification ont marqué profondément le paysage, multipliant par trois le nombre de créations d'entreprises, pour atteindre le demi-million d'entreprises nouvelles chaque année depuis 2009. Les secteurs d'activité ne sont pas en reste, le numérique bouleverse les modèles économiques traditionnels et en crée de nouveaux,
sans compter les
enjeux de l'emploi, du développement durable et de l'économie sociale et
solidaire, qui façonnent et redéfinissent considérablement les projets
entrepreneuriaux et la manière de les accompagner. Dans les faits, c'est
donc toute une nouvelle vague de méthodes, d'outils, de lieux, de modes
d'intervention et d'apprentissage… qui émergent pour soutenir les
entrepreneurs de demain. Ces dernières années en témoignent. Des mesures de simplification ont marqué profondément le paysage, multipliant par trois le nombre de créations d'entreprises, pour atteindre le demi-million d'entreprises nouvelles chaque année depuis 2009. Les secteurs d'activité ne sont pas en reste, le numérique bouleverse les modèles économiques traditionnels et en crée de nouveaux,
Au quotidien, comme cela se traduit-il pour le conseiller ? Quelles sont les nouvelles pratiques d'accompagnement à la création d'entreprise qui caractérisent ce changement d'époque ? En voici un premier tour d'horizon…
La proposition de valeur, le client et l'action
Peut-être, avez-vous déjà entendu parler de la méthode dite du Customer Development, du Lean Startup, ou encore de l'Effectuation ? Quel est leur point commun ?
Lorsque le business plan tente de prédire le lancement de l'entreprise, ces méthodes préconisent au contraire d'agir, et de réagir au gré des interactions avec l'environnement.
Ces trois méthodes nous viennent pour grande partie du monde de l'innovation. Les startups les utilisent afin d'évoluer avec agilité sur des marchés mal connus. Leur principe est simple, faute d'information pour réaliser une étude de marché, il convient de consacrer un temps et des moyens minimums pour délivrer un premier produit ou un service. Celui-ci fera ensuite l'objet d'un démarchage auprès des clients potentiels pour obtenir de précieux retours et être adapté aux véritables besoins. Sans pour autant révolutionner la démarche entrepreneuriale, elles la démystifient en portant un message simple qui s'applique à tous les projets : « agissez ». C'est d'ailleurs la marque de fabrique du mouvement Lean Startup et de l'auteur de la méthode du Customer Development, Steve Blank, qui nous dit : « Get out of your building ».
Une autre notion fondamentale se dégage, à l'étude de l'effectuation, et qui rejoint en tout point les autres mouvements : créateur d'entreprise, faites l'économie de tenter de fixer des objectifs ambitieux en rédigeant votre business plan, concentrez-vous davantage sur ce dont vous disposez et voyez ce qu'il est envisageable de faire avec. Soyez pragmatique…
Dans cette continuité, où le bon sens et l'action commerciale reprennent une place centrale dans la démarche entrepreneuriale, c'est toute la formalisation du projet qui est repensée avec une des inventions les plus significatives de ces dix dernières années en matière de pédagogie : le Business Model Canvas d'Alexander Osterwalder et Yves Pigneur. Tout son mérite réside dans sa simplicité d'utilisation (un canevas d'une page), et sa capacité à (re)mettre au centre des préoccupations de l'entrepreneur la proposition de valeur, c'est-à-dire ce qu'il souhaite vendre, de quelle manière et pour qui. Cette initiative a porté ses fruits en s'étendant jusqu'aux projets à composante sociale et environnementale comme le traduit le site suisse Social Business Model.
Enfin, même si ces méthodes sont l'apanage de la culture startup, elles n'en sont pas moins un important recueil de bonnes pratiques dont il est possible de s'inspirer pour tous types de projets et de publics. Le Labex, dans son livre blanc paru en 2014 sur « Les structures d'accompagnement à la création d'entreprises en France. », indiquait que « les profils des porteurs de projet changent et les outils pour les accompagner doivent s'adapter en parallèle. Suivre de façon linéaire les étapes de la création d'entreprises ne suffit plus. […] Le manque d'adaptabilité du plan d'affaires aux spécificités des projets et aux contingences de l'environnement pousse les acteurs à adopter de nouvelles alternatives d'accompagnement telles que la démarche SynOpp […] les cartes cognitives […] ou encore le principe de Lean Startup ». C'est d'ailleurs sans attendre, que le réseau CCI France a intégré en 2013, à son offre de services « Créer », l'approche du Lean Startup pour tester de manière pragmatique l'idée du créateur, ainsi que le Business Model Canvas, pour traduire facilement l'idée en projet, et ainsi se consacrer à sa mise en œuvre plus rapidement.
Le collaboratif au cœur de la dynamique entrepreneuriale
L'entrepreneuriat n'échappe pas à la déferlante de l'économie collaborative. De la recherche de l'idée au lancement de l'activité, toute la chaîne de valeur de la création d'entreprise se renouvelle en faisant la part belle au partage, aux échanges et au soutien des autres.
L'une des illustrations marquantes de cette dynamique est sans nul doute le crowdfunding encore appelé « financement participatif ». Concrètement, l'année dernière ce sont plus de 32 300 projets qui ont été financés avec succès auprès de 651 000 contributeurs, selon l'association Financement Participatif France. Sur cette lancée, le réseau BGE a conclu un partenariat avec le pionnier français du crowdfunding My Major Company en 2013, en créant la plateforme notrepetiteentreprise.com. Mais au-delà même de l'attrait financier, le crowdfunding permet d'évaluer le potentiel d'une idée. En tentant de susciter l'adhésion du public en organisant une collecte de fonds, le candidat à la création d'entreprise va implicitement mener son étude de marché. Dans chaque contributeur sommeille un client potentiel… Cette démarche est d'ailleurs particulièrement proche de celle du crowdsourcing, qui permet de faire naître et évoluer les idées de plusieurs contributeurs et d'en mesurer l'impact, comme le propose le site La fabrique à innovations ou encore celui de MakeSense dans le champ spécifique de l'entrepreneuriat social.
La dynamique collaborative ne se cantonne pas uniquement au monde d'internet. Elle s'étend jusque dans le lieu de travail, notamment via les espaces de coworking. Ces derniers n'hésitent pas à stimuler les rencontres et les échanges en offrant des espaces de travail ouverts, en organisant des évènements transdisciplinaires à un public aux profils souvent variés, et en favorisant l'expression commune. A titre d'exemple, le Numa propose au sein de son espace de coworking des soirées « Cocotte » où les porteurs de projets peuvent « pitcher » auprès d'une assemblée composée d'usagers, d'experts et de simples visiteurs. L'avantage ? Leur permettre de tester leur idée grandeur nature et d'obtenir des retours immédiats voire même de faire naître des collaborations. Le coworking n'est certes pas la seule manifestation de cette dynamique. Les accélérateurs de startups, dans leur propre champ d'intervention, prennent également comme référence cet art d'entreprendre pour que les projets soient plus en prise avec le monde réel. Le Numa organise dans le cadre de son programme d'accélération « Le Camping », des rencontres entre ses partenaires (SNCF, Orange, BNP…) et les startups accompagnées, dans le but de transformer ces échanges en premiers contrats. Ainsi, la startup Doctrackr qui a récemment été rachetée par l'entreprise américaine Intralinks, a eu pour premier client la SNCF. La frontière entre le bureau et celui du futur client ou partenaire est on ne peut plus ténue… au grand plaisir des entrepreneurs en herbe. Enfin, autre tendance notable qu'il convient de citer : les Fablabs, lieux de prédilection du « faîtes-le vous-même », qui mettent à disposition de tout un chacun, machines et outils dans des espaces ouverts pour favoriser les échanges entre les différents usagers des lieux et ainsi susciter la co-création.
C'est donc à tous les étages de la vie d'un projet que la dynamique collaborative s'invite pour apporter son soutien aux créateurs… l'idée qui consiste à croire qu'il vaut mieux taire ses idées est belle et bien révolue.
Les entrepreneurs parlent aux entrepreneurs
Dans le contexte économique actuel, la question du développement et de la croissance des entreprises françaises est devenue prépondérante. A sa manière, l'écosystème entrepreneurial, a décidé d'apporter sa contribution dans le cadre de l'accompagnement des entrepreneurs en favorisant notamment le mentorat. Il convient à ce titre de citer l'Institut du mentorat entrepreneurial (IME), une initiative lancée par la CCI Paris Ile-de-France et Dominique Restino en 2008. Selon l'IME, le mentorat entrepreneurial « vise à accélérer et sécuriser la croissance des PME à fort potentiel de développement par le transfert d'expérience d'entrepreneur à entrepreneur. […] Le principe est de mettre des dirigeants de PME (mentorés) en relation avec des entrepreneurs expérimentés et reconnus pour avoir à leur actif une réussite entrepreneuriale majeure (mentors) ». Le soutien de l'IME s'adresse au entreprise à fort potentiel, existant depuis au moins 2 ans, employant plus de 10 personnes et générant un chiffre d'affaires supérieur à un million d'euros.
Toutefois, le mentorat ne se limite pas à cette seule cible, il concerne un plus large spectre d'entreprises. A titre d'exemple, l'accélérateur de startups 50 Partners accompagne les « jeunes sociétés en phase d'amorçage, présentant une preuve du concept, autrement dit ayant des premiers revenus ou une audience, qui témoigne de la pertinence du positionnement ». Le nombre d'incubateurs et d'accélérateurs ayant considérablement évolué en France ces dernières années, a largement contribué à diffuser le mentorat auprès des startupers. Mais le phénomène ne s'arrête pas là, et concerne aussi les plus jeunes. L'une des dernières initiatives en date, « Startup Pirates », propose un programme de sensibilisation à l'entrepreneuriat pour les 16-21 ans comprenant l'intervention de mentors de renom. A titre indicatif, une récente enquête de la Web School Factory indiquait que 89% des jeunes de 15 à 29 ans jugeaient que le mentorat était indispensable pour créer une entreprise.
Il est toutefois important de noter que ce phénomène n'est pas nouveau, mais qu'il aurait plutôt tendance à se démocratiser. En effet, le Réseau Entreprendre créé en 1986, propose aux porteurs de projets (6 mois avant la création) comme aux jeunes entreprises (18 mois après la création) un programme de parrainage. Il permet d'accéder à « un accompagnement, personnalisé et dans la durée, par un chef d'entreprise bénévole ».
L'apprentissage de l'entrepreneuriat pour tous
Certes on ne naît pas entrepreneur, on le devient. Et même si le meilleur moyen est encore d'essayer, inutile de rappeler qu'il faut être bien préparé…C'est pourquoi, depuis plus d'une trentaine d'années les initiatives se multiplient pour susciter l'envie et donner les moyens d'entreprendre au plus grand nombre. Les Mooc en sont une manifestation probante. Leur arrivée récente dans le champ de l'entrepreneuriat marque une forme de renouvellement de la manière de s'informer sur le sujet. Internet a permis indéniablement de faciliter l'accès à l'information, mais avec l'évolution galopante du numérique, nous pouvons dès à présent entrer dans les classes de cours et apprendre gratuitement tout ce que l'on souhaite. Aujourd'hui l'entrepreneuriat s'apprend ! En guise d'exemple il convient de citer le Mooc sur l'effectuation de l'EM Lyon qui en est à seconde édition ainsi que Avoir l'audace d'entreprendre de l'ESG. Tous deux ciblent ceux qui s'interrogent sur cette fameuse aventure, et dans le même temps, pour les plus avisés, donnent les clés pour mener un projet entrepreneurial à terme.
Sur un mode, que l'on pourrait qualifier d'hybride, Learn Assembly se définit comme « l'Université des entrepreneurs et des professionnels du web ». Son modèle : dispenser des cours en présentiel sur toutes les problématiques rencontrées par les entrepreneurs du web : business, design et programmation puis d'en proposer la rediffusion (replay) via leur plateforme internet. >>>
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