Conférence économique internationale de Yaoundé: discours d’ouverture de S.E. Paul Biya
Mesdames, Messieurs,
Je tiens tout d’abord à exprimer ma
profonde gratitude à l’ensemble des hautes personnalités du monde
politique, économique et financier, réunies ici, en ce jour. Je les
remercie d’avoir accepté notre invitation.
Le Cameroun est très sensible à votre
présence
à ces assises. Pour nous, elle est la marque insigne de
l’intérêt que vous portez à la modernisation de notre économie et à
l’amélioration des conditions de vie de ses populations.
Qu’il me soit maintenant permis de rappeler l’objet, au demeurant pluriel, de la conférence qui nous réunit aujourd’hui.
Dans un premier temps, il s’agit
d’examiner l’économie du Cameroun dans ses composantes essentielles ; de
voir dans quelle mesure le secteur privé peut contribuer à son
expansion ; et après cet examen, d’évaluer l’attractivité réelle du
pays, en vue de son intégration à l’économie globale, de manière plus
judicieuse et plus bénéfique.
Les conclusions de cette revue seront
d’une grande importance pour la conduite de notre politique économique.
Elles pourront, peut-être bien, servir à d’autres pays du continent dont
la situation présente des analogies avec la nôtre.
Dans un second temps, et ce sera, sans
doute, le point culminant de nos assises, nous allons favoriser la
rencontre entre porteurs de projets tant publics que privés, et
investisseurs tant étrangers que nationaux. Et pour emprunter au langage
des économistes, cette conférence est une occasion idoine de créer, ici
même, un véritable marché de l’investissement.
Il ne me revient pas de dresser, ici, un
tableau général de l’économie camerounaise. Cela sera fait, sans doute,
pendant la table-ronde consacrée à la situation macroéconomique et aux
perspectives de croissance.
Je voudrais pour ma part, plutôt relever
quelques faits significatifs de portée générale, de manière à laisser
transparaître nos vues profondes ainsi que nos aspirations réelles,
pour une prospérité durable, dans le contexte géostratégique du moment.
Je dirai d’abord, quelques mots sur le continent :
Réputée « mal partie » dans les années
soixante, l’Afrique serait devenue, selon certains commentateurs, un «
continent d’avenir »…
Je m’en réjouis sincèrement, mais en
même temps, je vous avoue rester plutôt prudent sur les prévisions par
trop optimistes et sans nuance, de certains.
Ceux-ci mettent en avant des taux de croissance qui vont, selon les pays, de 5 % à 10 % au fil des années.
Il faut pourtant se rappeler que la
croissance n’est pas une fin en soi. Bien plus, il est reconnu, y
compris par les plus grandes institutions économiques internationales,
qu’il faut aller au-delà de la mesure numérique du taux de croissance,
pour rechercher une amélioration palpable des conditions de vie des
populations.
Ce qui est en jeu, ici, c’est d’abord
notre capacité à mettre l’homme, réellement, au centre de nos
initiatives à caractère économique.
Le service de la personnalité humaine et
son bien-être intégral doivent être au principe et à l’aboutissement de
nos choix d’investissement, et de nos priorités de création de
richesses.
De même, la gestion durable des ressources de la planète est seule à même de nous garantir une vraie prospérité.
Cette exigence est globale, mais elle
touche particulièrement l’Afrique, compte-tenu du retard à combler ; et
aussi du fait des iniquités nombreuses qui subsistent dans
l’environnement international et que subit souvent le continent, sans
véritable moyen de défense.
Sa position marginale, lors de la crise
financière des années 2007/2008, lui a certes évité d’en subir le choc
de plein fouet. Mais, le continent n’en a pas moins essuyé les effets
différés tels que l’effondrement des cours du pétrole et des autres
matières premières, le ralentissement des investissements, etc.
Il est vrai que, progressivement,
l’Afrique s’intègre dans la globalisation. L’on pourrait même prévoir
que le rôle du continent gagne en importance, au fil des ans, dans
l’économie globale.
La forte croissance démographique et
l’augmentation de sa classe moyenne créent les conditions d’un marché
attrayant, et à la fois, pour la grande consommation et pour la
construction d’infrastructures diverses.
La jeunesse et le dynamisme de sa
population sont source d’optimisme. Les jeunes africains, notamment,
constituent un atout majeur pour le continent. Ils doivent demeurer à
l’avant-garde de la technologie, pour assurer à l’Afrique un bon
arrimage à une économie dans laquelle l’innovation s’avère, aujourd’hui
plus qu’hier, un facteur déterminant de compétitivité.
A cela, il faut ajouter les richesses
naturelles nombreuses et variées, mais qui devraient faire l’objet d’une
plus grande transformation locale, pour être encore plus bénéfiques à
nos économies.
Nul doute que tous ces éléments
caractéristiques feront de l’Afrique un partenaire sans cesse convoité,
par les pays plus avancés aujourd’hui et à la recherche d’un second
souffle pour leurs économies.
Dans un monde marqué par une
interdépendance toujours accrue des économies et des sociétés, le défi
est celui de la construction d’espaces authentiques de prospérité
partagée. Il s’agit de bâtir un nouveau type de relations économiques
et sociopolitiques, autour de l’idée de bénéfice mutuel entre
partenaires.
Dans une telle relation, certains
apportent leur capacité de financement et leur technologie, là où les
autres peuvent offrir des opportunités uniques à saisir, des richesses
rares à transformer, dans un échange juste et équitable.
C’est ce nouveau type de relation que
nous devons rechercher, dans les accords de partenariat économique, avec
l’Union Européenne par exemple, et aussi, éventuellement, avec
d’autres partenaires…
Le secteur privé devra jouer un rôle
essentiel dans un tel schéma. L’Afrique où, souvent, l’Etat tient une
place prépondérante dans l’économie, va devoir favoriser le
développement de l’entreprise.
C’est ce que le Cameroun recherche. Il
poursuivra ses efforts dans cette voie, pour s’assurer que les
investisseurs nationaux et étrangers bénéficient du meilleur
accompagnement possible.
Ici aussi, il est important de
promouvoir l’établissement de vrais partenariats gagnant-gagnant, entre
les entreprises locales et les grandes firmes internationales.
Distingués invités,
Mesdames et messieurs,
Comme vous le savez, notre objectif, au
Cameroun, est d’atteindre l’émergence à l’horizon 2035. Cette ambition
est, je crois, largement partagée par le peuple qui en a fait une cause
nationale. Toutes nos politiques publiques sont orientées dans cette
direction et en particulier la gestion de nos finances publiques.
Notre politique budgétaire, en
expansion, privilégie la qualité de la dépense. Contenue aux alentours
de 25 % du PIB, notre dette publique fait l’objet d’un suivi rigoureux.
Elle doit rester à un niveau toujours soutenable, tout en nous procurant
des moyens de financement productifs.
Nous avons bon espoir que la consolidation de ces conditions saura nous attirer, plus encore, la faveur des investisseurs.
J’aime d’ailleurs à rappeler que le
Cameroun, Afrique en miniature, ne vient pas les mains vides à ce
rendez-vous du donner et du recevoir. Il dispose en effet de nombreux
atouts qui fondent son attractivité :
-Pays le plus peuplé de la zone CEMAC,
partageant plus de 1500 km de frontière avec le Nigeria, première
économie d’Afrique, le Cameroun se distingue par sa position
stratégique, au carrefour de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, à
l’intersection des zones CEDEAO et CEMAC.
-Sa façade atlantique, son réseau
ferroviaire, ses trois aéroports internationaux et ses 50 000 Km de
routes, tout cela en constant développement, favorise sa bonne
intégration au commerce régional et mondial.
-Ses ressources naturelles sont abondantes, la diversité des sols, climats et milieux naturels y sont propices à l’agriculture.
-Deuxième potentiel hydro-électrique
d’Afrique et disposant de réserves significatives de gaz naturel, le
Cameroun s’est engagé dans une construction d’infrastructures
énergétiques variées et de grande envergure. Avec la mise en service
programmée de celles-ci, ce sont de bonnes perspectives qu’il convient
d’envisager pour la disponibilité d’une énergie viable, suffisante et
permanente.
-En outre, le pays est doté d’un tissu
industriel qui s’enrichit et se diversifie avec de nombreuses PME/PMI,
bien disposés pour des contrats de sous-traitance et de cotraitance.
-La main d’œuvre est abondante, jeune
et qualifiée, pour un pays qui présente l’un des meilleurs taux de
scolarisation d’Afrique au sud du Sahara.
-Le Cameroun est, par-dessus tout,
déterminé à favoriser l’investissement privé. Un cadre légal propice a
été aménagé à cet effet. Articulé autour d’une loi sur les incitations à
l’investissement, ce cadre permettra le développement des secteurs
structurants prioritaires que sont :
- l’agro-industrie,
- les infrastructures de transport,
- l’énergie,
- le logement social et l’aménagement urbain,
- les industries extractives
- les nouvelles technologies.
Toutes ces dispositions témoignent, à
suffisance, de la volonté forte du Cameroun d’attirer, sur son sol,
toujours plus d’investissements productifs, en vue d’accélérer la
croissance économique et la prospérité pour ses populations.
Le Cameroun est un havre de paix, un
état de droit, un pays de libertés. Ses institutions sont stables,
fonctionnelles et harmonieuses. Elles savent s’adapter aux évolutions de
la société pour garantir en tout temps la paix sociale, la sécurité des
personnes et des biens, et la stabilité politique du pays.
Dans le monde d’aujourd’hui, et
singulièrement en Afrique, il s’agit là, nous semble-t-il, d’un atout
majeur pour les investisseurs.
Distingués Invités,
Mesdames et Messieurs,
Par votre présence ici, vous nous
exprimez votre détermination de contribuer à la réalisation de ces
aspirations légitimes de notre pays.
Le Cameroun s’en souviendra.
Je souhaite à tous des échanges
fructueux, en vue de partenariats mutuellement bénéfiques, et à nos
nombreux visiteurs, je souhaite bien évidemment un agréable séjour au
Cameroun.
Je vous remercie.-
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