A des heures de la tenue de la Conférence Internationale sur le
thème « Investir au Cameroun, terre d’attractivités » qui sera consacrée
aux opportunités d’investissement dans notre pays, le Ministre de
l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire, dans
une interview accordée à la presse, en explique les tenants et les
aboutissants.
Louis Paul Motaze précise les enjeux liés à la recherche
de nouveaux investissements porteurs de croissance et analyse l’état de
santé de l’économie nationale, en identifie les forces et les points
d’amélioration.
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Monsieur le Ministre, à quelques jours de la Conférence
internationale prévue les 17 et 18 mai prochains, où en est-on avec les
préparatifs ?
Je tiens tout d’abord à vous remercier de l’opportunité que vous me
donnez de parler de cette conférence économique internationale dont
l’organisation a été instruite par Son Excellence Paul Biya, Président
de la République. Vous le savez, le ministère de l’Economie, de la
Planification et de l’Aménagement du Territoire a été chargé de la
coordination gouvernementale de cet événement par le Cabinet Civil qui
en assure l’organisation. Vous savez également que l’une des missions
assignées à mon département ministériel, c’est l’accélération de la
croissance économique. Cela passe par l’accroissement de
l’investissement. A ce propos, mes collaborateurs et moi- même y
travaillons d’arrache-pied.
Concernant précisément la conférence économique internationale de
Yaoundé, ce que je peux vous dire c’est que les dispositions ont été
prises par l’organisation pour en faire un rendez-vous réussi tant pour
ce qui est des questions matérielles, de la participation des personnes
ressources conviées, que des échanges qui sont attendus.
Sur le volet relatif à la participation gouvernementale, une
concertation interministérielle s’est tenue jeudi dernier au ministère
de l’Economie avec les différents départements ministériels concernés au
premier chef, notamment les travaux publics, l’eau et l’énergie, le
développement urbain, la recherche scientifique et l’innovation, les
postes et télécommunications, les forêts et la faune et l’agriculture.
Ensemble, nous avons finalisé les préparatifs concernant le format
unique de présentation des projets lors de la conférence. C’était
important pour permettre d’aller droit à l’essentiel.
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Pour parler d’essentiel justement, comment vont se dérouler les travaux ?
Sous réserve du programme officiel qui sera communiqué par le Cabinet
Civil, il faut savoir qu’il y aura, évidemment, un volet protocolaire
avec discours d’ouverture et des communications de circonstances par
quelques uns des invités spéciaux à ces assises. Il y aura des tables
rondes, une série de cinq au total, axées sur des thématiques variées
sur la situation macroéconomique et l’attractivité financière du
Cameroun, sur l’économie numérique, sur la croissance au Cameroun et en
Afrique, sur la dynamique attendue du secteur privé, pour ne citer que
ces thèmes là. Il va s’agir d’un ensemble de regards croisés et surtout
d’échanges d’expériences sur des préoccupations qui nous concernent et
qui devraient nous permettre soit de nous conforter dans nos choix,
soit de réorienter certaines actions.
Par la suite, il y aura, au deuxième et dernier jour notamment, une
série de quatre ateliers qui mettront en scène les porteurs de projets
et les investisseurs.
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Pourquoi le chef de l'Etat a-t-il jugé nécessaire d'organiser une conférence sur l'investissement au Cameroun?
Ce qu’il faut comprendre, c’est que nous avons besoin d’attirer les
investisseurs. Nous avons un ensemble de projets à besoin de financement
qui peuvent, sinon, devraient les intéresser. La conférence qui
s’annonce pourrait donc être qualifiée d’opération de charme pour
promouvoir la destination Cameroun et vanter les avantages comparatifs
que nous avons sur les autres pays de la sous-région.
Notre économie, vous le savez bien, fait face à des chocs exogènes,
dont la baisse des prix du pétrole sur le marché international et la
guerre contre Boko Haram qui nécessite des moyens colossaux et qui
créent un effet d’éviction sur l’utilisation de nos ressources
financières. A cela devraient se greffer d’autres contingences liées à
la mise en œuvre de l’APE avec l’Union Européenne à partir du 04 août
2016. Pour faire face à ces difficultés, le gouvernement et l’ensemble
des acteurs au développement doivent mener des actions concertées et
prendre des mesures appropriées pour atténuer les conséquences sur notre
économie, d’où la pertinence de la tenue de cette conférence.
Je voudrais vous faire relever par ailleurs que la dynamique de
l’économie camerounaise depuis 2010, année de début de mise en œuvre du
DSCE est effective. Et elle est portée par les projets structurants de
première génération qui ont été lancés, entre autres le port en eau
profonde de Kribi, la centrale à gaz de Kribi, les barrages de
Lom-Pangar et Mem’vele, etc., qui montrent bien le relèvement du niveau
d’investissements publics et ses effets positifs sur les investissements
privés. Ainsi la part au budget du Bip connait une progression passant
de 30,7% en 2015 à 36% en 2016, soit un accroissement de 5,3
points.Toutefois, les performances sont encore en deçà des niveaux
nécessaires pour réaliser le profil de la Vision 2035 et les
performances des pays émergents. D’où les initiatives qui sont prises
pour non seulement renforcer l’investissement public mais surtout
actionner des leviers permettant le regain de l’investissement privé
qui constitue plus de 80% de l’investissement total. Vous comprenez donc
que l’organisation de cette conférence est une réelle opportunité de
mobilisation plus accrue des investisseurs tant nationaux
qu’internationaux.
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En dehors de mettre en vitrine le potentiel et les atouts
économiques reconnus du Cameroun, peut-on s’attendre à des retombées
palpables pour le pays au lendemain de la conférence en vue ?
Ecoutez, je crois que cette conférence va contribuer à une prise de
conscience par les investisseurs des opportunités réelles que possède le
Cameroun. Et cela devrait contribuer à améliorer le degré
d’attractivité de notre économie et favoriser une augmentation
substantielle des investissements, notamment les investissements directs
étrangers en plus des PPP (Partenariats Public-Privé). Il est également
attendu un effet d’entrainement favorable sur l’investissement privé
local.
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Peut-on s’attendre à une mise en œuvre à brève échéance
des conclusions et recommandations de ces importantes assises dans
l’optique d’une croissance plus robuste ?
Cela va de soi et personne ne comprendrait que les résolutions prises
ne soient pas mises en œuvre. A notre niveau, au MINEPAT je veux dire,
décision à d’ores et déjà été prise de mettre sur pied un comité qui
sera chargé du suivi de l’exécution des recommandations. Ce que je
voudrais également relever, c’est que nous attendons surtout de trouver
des investisseurs qui s’engagent dans les projets qui seront présentés.
C’est cela l’objectif prioritairement visé. Qui rentre très justement en
droite ligne des orientations stratégiques du Président de la
République sur une croissance plus forte et davantage inclusive.
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Il y a cette question liée aux nombreuses opportunités
d’investissement voire compromises à cause d’un climat des affaires
jugé peu favorable. Qu’est-ce qui va changer ?
C’est certain, l’amélioration du climat des affaires reste l’une des
priorités fortes du Gouvernement. Vous êtes témoins des réformes
engagées sur les plans juridiques et institutionnels pour changer la
donne. Beaucoup de mesures sont prises pour favoriser l’investissement,
pour accompagner la création des entreprises et faciliter leur éclosion.
Mais nous observons que certaines de ces mesures sont ignorées ou
méconnues de ceux qui veulent entreprendre. Il y a un réel effort de
communication à faire. La plate forme gouvernementale mise en place, le
Cameroon Business Forum (CBF) permet d’ores et déjà cette communication
et ces échanges, mais il faut aller plus loin pour permettre que
l’arsenal de facilités mises en place soient connues.
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Le thème des assises présente le Cameroun comme une ‘terre d’attractivités’. En quoi est-ce qu’il l’est ?
Le Cameroun possède un fort potentiel de croissance encore faiblement
exploité et surtout une position géographique qui l’ouvre sur un vaste
marché de plus de 350 millions d’habitants, pour ne pas dire de
consommateurs. Et, outre la stabilité du cadre macroéconomique, notre
pays dispose de ressources naturelles abondantes et diversifiées, ainsi
qu’une main d’œuvre qualifiée. Je salue le tour d’horizon que vous
faites dans votre journal depuis quelques jours de cet important
potentiel dans les domaines miniers, du pétrole, du gaz naturel, des
ressources forestières et fauniques, etc. Sur ce dernier point, vous
noterez que le Cameroun dispose du deuxième massif forestier d’Afrique
avec plus 40% du territoire national couvert, soit 22,5 millions
d’hectares, ainsi que le deuxième potentiel hydroélectrique d’Afrique.
Aussi, la variété des zones écologiques favorisent la pratique de
plusieurs types de culture et d’élevage, avec environ 40 millions
d’hectares des terres arables dont seulement 20 % sont
actuellement exploitées. Nous avons 360 km de côtes maritimes et
plusieurs barrages hydroélectriques favorables à la pêche.
Nous avons par ailleurs le privilège de disposer de l’économie la plus
diversifiée de la sous-région, ce qui offre des opportunités d’affaires
en termes d’exportations et d’importations. De même, compte tenu de
l’importance de la production des produits primaires et semi-finis, les
facilités offertes par le gouvernement pour une meilleure valorisation
desdits produits constituent autant d’opportunité à saisir. Donc, le
Cameroun, terre d’attractivités et surtout d’opportunités, c’est loin
d’être un slogan, mais bien une réalité qui s’impose et dont nous
travaillons à tirer le meilleur parti.
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Quelle place est dévolue au secteur privé dans vos options de développement du pays ?
Le Gouvernement souhaite que le secteur privé joue un rôle majeur, une
place centrale. Il peut faire un certain nombre de choses mais il
rencontre des entraves. Il est donc bon que nous nous parlions, c’est ça
le partenariat Secteur Public – Secteur Privé. Parce que voyez-vous,
les affaires ont besoin de lisibilité, même de visibilité à moyen et
long terme. Quand quelqu’un vient rester dans un pays, c’est parce qu’il
a fait un certain nombre de calculs. Il sait qu’il va investir, parce
qu’il aura telles charges, tels avantages, etc.… Changer les choses en
cours de route, c’est un peu déstabilisant. Je pense qu’il faut avoir ce
dialogue beaucoup plus approfondi. L’option du Gouvernement c’est
justement de mettre le privé en avant scène et l’amener à jouer
pleinement son rôle, lui ne devant être là que pour impulser et réguler
l’activité.
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Quid du problème des coûts jugés prohibitifs des facteurs de production ?
Le 31 mars et le 1
er avril dernier, j’ai eu des échanges
francs et je dirais fructueux avec le secteur privé à Douala et l’une
des difficultés soulevées par les opérateurs économiques est
effectivement le coût des facteurs de production qui s’avère être encore
élevé et qui réduit par conséquent leurs marges bénéficiaires et
surtout leur capacité d’autofinancement. Je tiens à souligner à effet
que le gouvernement a entrepris des réformes qui facilitent
l’acquisition du matériel de production, voire même plus. Et j’en veux
pour preuve la loi N°2013/004 du 18 avril 2013 sur les incitations à
l’investissement privé au Cameroun et la tenue régulière du Cameroun
Business Forum depuis 2009. En outre, l’entrée en vigueur très prochaine
de l’Accord de Partenariat avec l’Union Européenne est une opportunité à
saisir par les investisseurs locaux pour nouer des partenariats leur
permettant d’acquérir à des prix abordables certains outils de
production.
D’autres contraintes existent c’est vrai, principalement d’ordre
structurel. Mais, les réponses y relatives sont progressivement amorcées
par les pouvoirs publics notamment dans le cadre de la mise en œuvre
des grands projets infrastructurels. Parmi ces autres contraintes, je
peux relever celles d’ordre énergétique qui ont commencé à être
résorbées avec la mise en service de la Centrale à gaz de Kribi et la
mise en eau partielle du barrage de Lom Pangar. Et cette dynamique va se
poursuivre avec les mises en service prochaines des barrages de Lom
Pangar (mise en eau totale), de Mekin et de Memve’ele, qui vont nous
permettre de porter les capacités de production d’énergie de 946 Mw en
2009 à 1644 Mw à fin 2017.
Sur le plan de la réduction des coûts d’approvisionnement et
d’évacuation des produits, cela devrait davantage s’améliorer avec la
mise en service prochaine du port en eau profonde de Kribi et les
ouvertures des entrées Est et Ouest de Douala ainsi que la
création/réhabilitation des axes routiers inscrits dans le Plan
d’Urgence Triennal pour l’accélération de la croissance instruit par le
Chef de l’Etat.
Je note enfin que des actions spécifiques sont entreprises et devraient
se poursuivre pour accompagner les industries non seulement à davantage
transformer les produits locaux, mais également à créer de marchés
captifs.
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Pour terminer Monsieur le Ministre, quelle sera la place
du Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi DSCE et du Plan
d’Urgence Triennal au cours de cet événement ?
Comme l’a réitéré le Président Paul BIYA dans son adresse à la Nation
le 31 décembre 2015, « le Document de Stratégie pour la Croissance et
l’Emploi reste notre boussole. Le Plan d’Urgence en indique les
priorités immédiates, sans interférer sur le programme économique normal
du Gouvernement. » Cela veut dire quoi ? Tout simplement qu’il serait
inconvenant de parler économie au Cameroun aujourd’hui, sans se référer
au DSCE. Donc, tous les projets qui seront présentés aux investisseurs
lors de cette conférence, qu’ils soient inscrits dans le plan d’urgence
ou non, émanent des secteurs porteurs de croissance économique qui sont
consignés dans le DSCE.
Propos recueillis par
Augustine NGO, MINEPAT
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