Cameroun-Nigeria, ambitions à la hausse
L’histoire des relations entre le Cameroun et le Nigéria a
manifestement pris une belle allure depuis la visite d’amitié et de
travail effectuée par le président Muhammadu Buhari à Yaoundé les 29 et
30 juillet 2015. Dix mois plus tard, la visite d’Etat du président Paul
Biya au Nigéria
les 3 et 4 mai 2016 s’est inscrite dans le sillage de cette dynamique
nouvelle. Le président de la République en a lui-même expliqué la
portée, en qualifiant cette visite d’Etat de « très utile et très
amicale », utile parce qu’elle a été l’ occasion propice de faire le
point sur différents sujets d’intérêt commun et amicale parce qu’elle a
permis
de prendre acte une nouvelle fois de la convergence des points
de vue sur la plupart des problèmes évoqués entre les deux dirigeants à
Abuja. Ce fut déjà le cas à Yaoundé.
La volonté et la détermination communes de consolider ces relations
bilatérales, déjà jugées excellentes par les deux parties sont à l’actif
de cette accélération de l’histoire. Le président Paul Biya et son
homologue Muhammadu Buhari veulent, chacun, dissiper tout nuage qui
pourrait assombrir le ciel des relations entre le Cameroun et le
Nigéria. C’est un autre signe de leur engagement dans cette option
assumée. La conférence de presse conjointe tenue à Abuja, mercredi
dernier, leur a donné l’occasion de rappeler quelques-unes des valeurs
qui fondent cet engagement. En répondant à la question d’un journaliste
nigérian, le président Paul Biya a catégoriquement démenti les
allégations selon lesquelles le Cameroun aurait servi de base-arrière
aux terroristes de la secte Boko Haram. A travers une série de questions
interpellant ceux qui ont distillé de telles rumeurs, il a non
seulement fait valoir que le Cameroun se situe aux antipodes des
errements et de la barbarie de Boko Haram, mais qu’il a toujours lutté
et continue de le faire, aux côtés d’autres pays, pour la sauvegarde des
valeurs de civilisation qu’il partage avec le reste de l’Humanité.
Quant au président Muhammadu Buhari, il a solennellement réaffirmé
l’engagement du Nigéria à respecter le droit international, le verdict
de la Cour internationale de Justice et l’accord de Greentree au sujet
de l’affaire Bakassi. En rappelant que le processus technique de mise en
œuvre est encore en cours, il a réitéré sa volonté d’apporter sa
contribution à la promotion de la paix, de la sécurité et du
développement au sein des pays du bassin du lac Tchad et en Afrique.
Mais à quoi serviraient ces « relations excellentes » si elles
n’étaient mises au service non seulement des Camerounais, des Nigérians,
des deux Nations, mais aussi des autres pays et peuples du bassin du
lac Tchad, de la zone du golfe de Guinée, voire de l’Afrique toute
entière ? Les deux chefs d’Etat ont exprimé cette mise en perspective
dans le communiqué conjoint. Nombre de décisions prises l’attestent. Il
en est ainsi de la signature du mémorandum d’entente relatif au
mécanisme de consultation sur la gestion du bassin de la Bénoué.
L’importance de la régulation de l’eau pour la vie des populations dans
la zone traversée par le fleuve Bénoué préoccupe donc au plus haut
niveau les deux pays. Il en est ainsi de l’accord commercial. Dans le
même registre, un forum d’affaires regroupera en juillet à Abuja des
opérateurs économiques des deux pays. La révision annoncée des accords
consulaires signés en 1963, vise à faciliter davantage la circulation
des hommes et des biens entre des populations qui n’ont pas besoin de
visa pour traverser la frontière commune. Et aussi, l’institution des
rencontres périodiques entre les autorités administratives d’une part et
les rencontres entre autorités traditionnelles de part et d’autre de
la frontière commune, contribueront au maintien et à la promotion de la
paix et de la sécurité ainsi qu’à leur participation à la recherche de
solutions pratiques aux problèmes des populations concernées.
Sous l’impulsion du président Paul Biya et de son homologue Muhammadu
Buhari, ces initiatives, évoquées sans exhaustivité, sont révélatrices
d’une solidarité profonde qui se construit grâce aux relations
excellentes entre le Cameroun et le Nigéria dont la paix et la sécurité
sont des pierres angulaires de l’édifice qui devra être raffermi par
le développement des relations économiques mutuellement bénéfiques
entre deux pays leaders dans leurs sous-régions en Afrique et deux
peuples voisins et dynamiques.
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