Une mine d'or pour les investisseurs dans les Projets de barrage hydro-électrique
Par Olivier LAMISSA, Cameroon Tribune
Les détenteurs de capitaux privés ont un boulevard dans le secteur de
l'énergie hydro-électrique au Cameroun. S’appuyant sur le potentiel
hydrographique, le gouvernement nourrit l’ambition de construire encore
plusieurs barrages à travers le pays.
Le choix de l'énergie hydro-électrique
ne relève pas d'une vue de
l'esprit. Les spécialistes s'accordent à dire que les sources
hydrauliques au fil de l'eau représentent à peu près 72% de l'énergie
produite au Cameroun et garantissent une électricité propre. Les
analyses prospectives d'experts indiquent aussi que c'est un créneau
porteur pour les investisseurs, étrangers et nationaux confondus. Les
arguments avancés sont édifiants : l'électricité est un bien de première
nécessité. Elle est indispensable à la vie courante et constitue une
composante essentielle de la compétitivité des entreprises. Les besoins
sont donc réels à travers le pays. C’est pourquoi la pression est forte
sur les Réseaux interconnectés Sud (RIS) et Nord. Dans le réseau
interconnecté Nord, par exemple, le barrage hydro-électrique de Lagdo a
du mal à ravitailler les principales villes, avec une production de 72
mégawatts (MW) seulement. Au plan national, la puissance installée et
exploitée du réseau public est de 1 327 MW (énergie hydro-électrique et
thermique cumulées). Cette offre ne satisfait pas la demande nationale,
qui, selon les chiffres disponibles, est estimée à 3 000 MW. Le déficit
est de plus de 1600 MW. Et cette demande croit chaque année de 8%. Le
taux d'accès à l'électricité est de 20% dans la zone rurale alors qu’il
est légèrement plus élevé en milieu urbain.
Voilà des indicateurs qui montrent clairement qu'il faut encore
investir pour augmenter l'offre en énergie au Cameroun. Qu'il s'agisse
de l'énergie thermique ou hydro-électrique, les besoins sont donc
énormes. Les pouvoirs publics qui ont procédé à la privatisation de la
Sonel en 2001, ne peuvent, à eux seuls, résoudre le déficit actuel en
électricité. Le secteur privé doit jouer sa participation. Aucun
développement économique n'est concevable sans une énergie disponible et
accessible en quantité et en qualité. Et le Cameroun ne peut atteindre
le statut de pays émergent à l'horizon 2035, sans résoudre le problème
de l’énergie qui impacte sur la croissance du pays. Il est clair que
l'offre actuelle de l'énergie ne reflète pas le potentiel
hydro-électrique du Cameroun. Qui ignore, par exemple, que notre pays
possède un important réseau hydrographique, dans sa partie méridionale ?
Les principaux fleuves ont d'ailleurs prêté leurs noms aux chefs-lieux
de département respectifs qu'ils arrosent. Selon les données, le
Cameroun possède le troisième potentiel hydroélectrique d'Afrique après
la République démocratique du Congo et l'Ethiopie. Les chiffres du
ministère de l'Eau et de l'Energie révèlent aussi que seulement 5% de
ces ressources sont actuellement mis en valeur. Le Cameroun dispose donc
d'un riche potentiel qui ne demande qu'à être valorisé. Les
investisseurs ont une mine d'or à exploiter.
Les participants à la conférence économique internationale de
Yaoundé, prévue les 17 et 18 mai prochains, auront de la matière sur
laquelle se pencher et le loisir d'apprécier les opportunités
d'investissements qu'offre l'énergie hydro-électrique. Le gouvernement
qui fait de l'électricité une priorité de son action a déjà déblayé le
terrain aux opérateurs économiques, bailleurs de fonds et partenaires au
développement qui voudraient bien accompagner le Cameroun sur la voie
de l'émergence. Le fleuve Sanaga, à lui tout seul, par exemple, offre
une capacité de production estimée à 6 000 MW. Selon les projections
nationales, le barrage de Lom Pangar, en cours de finition, dont
l'objectif vise à réguler les eaux de la Sanaga, va permettre, de
construire une demi-douzaine d'autres barrages sur le bassin versant de
ce fleuve. Les études sur les puissances respectives de barrages de
Song-Mbengué, Song-Ndong, Kikot, Grand-Eweng, Petit-Eweng..., pour un
total de 3000 MW, sont déjà réalisées.
A côté de la Sanaga, bien d'autres fleuves et cours d'eau, disséminés
à travers le pays, peuvent offrir des possibilités de construction
d'ouvrages de capacité de production oscillant entre cinq et dix
mégawatts, pour desservir des villes secondaires et localités éloignées
du réseau public d'électricité. Les investisseurs sont également
sollicités sur le plan des infrastructures de transport, parce qu'il ne
sert à rien de produire de l'électricité qui n'est pas accessible et
disponible dans les zones urbaines et commerciales, points de
consommation finale. Ces derniers peuvent d'ailleurs bien saisir
l'opportunité d'accompagner les premiers pas de la Société nationale du
transport d’électricité (SONATREL) qui se met encore en place. Le besoin
pour la remise aux normes du réseau de transport est estimé à 1000
milliards de francs Cfa, selon Zengue Akamba. Le volet de la
distribution de l'énergie constitue un marché porteur pour les
investisseurs qui peuvent choisir de se concentrer sur le marché
national ou satisfaire les pays voisins, à l'instar du Nigeria qui
souffre d'un déficit de près de 10 000 MW. C'est un marché à portée de
main si tous les acteurs travaillent à l'augmentation de la production.
Et le chantier de la réhabilitation des réseaux est un filon à ne pas
négliger. Que d'opportunités à saisir pour les détenteurs de capitaux
dans le vaste projet de construction de barrages hydro-électriques au
Cameroun.
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