Recruter un premier salarié : 4 conseils d’entrepreneurs

Par Géraldine Dauvergne, business.lesechos.fr
Mieux vaut éviter la précipitation et privilégier une solide expérience professionnelle.
Dans une jeune entreprise, il est crucial d’être bien entouré. «Un entrepreneur ne vaut que par la qualité de ses équipes, a fortiori si celles-ci se réduisent à une ou deux personnes, » estime Renan Ayrault, fondateur de la librairie d’occasion en ligne Ammareal. Une erreur de recrutement peut coûter cher. « Un licenciement au début de la vie de l’entreprise a des conséquences lourdes sur ses finances et sur le moral
des collaborateurs, » confirme Dimitri Farber, cofondateur de Tiller Systems, qui a vécu cette situation douloureuse et périlleuse.
Le premier salarié imprime souvent sa marque dans une jeune structure. « Les contours de notre entreprise se sont dessinés avec notre premier salarié, qui a en partie défini ses missions, » témoigne ainsi Benjamin Carlu, président fondateur de Usine IO, atelier de fabrication numérique ciblant les porteurs de projet. Voici 4 conseils d’entrepreneurs, qui ont eu la main heureuse (ou non !) en recrutant leur premier salarié.

#1 Prenez le temps de vous projeter dans un, deux ou trois ans.

La fonction du premier salarié est étroitement liée aux priorités stratégiques de l’entreprise. Prenez donc le temps de les définir, à l’horizon d’un, deux et trois ans ! Des choix stratégiques bien pensés permettent de mieux définir le premier poste. « Notre premier salarié était notre business developer, un poste qui allait permettre à l’activité de prendre une autre dimension, » explique Antoine Bourne, cofondateur de Tidybear, société de « ménage après soirée ». Afin de parer au plus pressé, les fondateurs de Tiller Systems avaient, eux, recruté trop vite leur premier développeur. Ce profil très technique répondait aux besoins ponctuels des clients, mais ne prenait guère d’initiative. « Nous avions, sans nous en rendre compte, donné la priorité à l’opérationnel et à l’urgence. C’étaient les besoins de nos clients qui nous guidaient ! Nous nous sommes séparés de lui au bout d’un an, » raconte Dimitri Farber, cofondateur de la start-up, qui commercialise une caisse enregistreuse connectée et compte aujourd’hui 35 salariés en CDI.

#2 Recherchez un premier salarié expérimenté.

Avant de contacter vos anciens camarades de promotion, étudiez l’opportunité de vous adjoindre l’expérience d’un professionnel chevronné, même moins diplômé. « J’avais repéré des qualités intéressantes chez la personne qui est devenu le premier salarié d’Ammareal, mais je ne m’étais pas rendu compte à quel point celles-ci allaient devenir essentielles, » raconte Renan Ayrault. Ce premier salarié, âgé de 57 ans, au chômage mais doté de 30 ans d’expérience dans la grande distribution, avait été initialement embauché pour une fonction très opérationnelle. « Aujourd’hui, il est responsable de l’entrepôt et de la logistique, gère directement deux autres salariés, et me remplace lorsque je suis absent, » reprend Renan Ayrault. « Un salarié aussi expérimenté est également apte à formuler certaines observations et critiques très constructives pour le dirigeant.»

#3 Repérez les trois qualités fondamentales du premier salarié.

Dans une jeune entreprise, un premier salarié n’a pas vraiment de manager direct. « Il arrive dans une structure où les process ne sont pas encore mis en place, » rappelle Dimitri Farber. A court ou moyen terme, il sera probablement amené à changer de poste, à prendre des responsabilités, voire à former des équipes et à les manager. L’autonomie, le potentiel d’évolution et l’investissement personnel dans l’entreprise forment ainsi le trio des qualités indispensables du premier salarié. « Il doit finalement être un peu entrepreneur au fond de lui, » estime Dimitri Farber, qui complète désormais la rémunération de ses salariés par des participations dans l’entreprise.

#4 Fiez-vous à votre intuition.

Plus encore que l’étude du CV, la première impression doit être décisive. « S’il y a un doute, c’est qu’il n’y a pas de doute! » avertit Dimitri Farber. Antoine Bourne a préféré lui aussi se fier à son intuition. « Après avoir vu plusieurs candidats, nous avons choisi la première personne que nous avions rencontrée. A compétences égales, le « fit » humain était indéniable. »

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