Harmonisation des statistiques en Afrique: une nouvelle stratégie

Elle a été présentée le 11 juillet dernier au siège de l’Union africaine, et prescrit à tous les pays membres, un standard de production.
(Cameroon Tribune) On l’a baptisé Shasa II, entendez : Stratégie révisée pour l’harmonisation des statistiques en Afrique, 2e version. La première version était devenue caduque et inutilisable du simple fait qu’elle a été élaborée et publiée avant l’adoption de l’Agenda 2063 de l’Union africaine (qui décline la vision du continent sur un demi-siècle à partir de 2013).
Bien plus, les spécialistes font de plus en plus des plaidoyers
en faveur de l’élargissement et de la disponibilité des bases de données de manière à toucher tous les secteurs pour des prises de décisions politiques conséquentes.
La Shasa, au moment de sa conception, voulait déjà résoudre le problème d’une absence méthodologique consensuelle de production des bases de données comparables entre les pays en Afrique. Et même à l’intérieur d’un pays, il pouvait avoir des données différentes pour un même domaine.
La Shasa II est l’adoption d’un point de vue commun sur la manière de produire des statistiques et leur harmonisation. Elle a été approuvée par les chefs d’Etat et souligne non seulement l’impérative nécessité de production régulière des données comparables, mais aussi engage les communautés économiques régionales à les compiler et les diffuser pour éclairer les prises de décision aux niveaux national, régional et continental.
Car, d’aucuns estiment que la plupart des problèmes économiques et structurels du continent auraient pu être résolus ou réduits si l’information statistique de qualité avait été disponible au moment opportun pour permettre aux décideurs de formuler des politiques en toute connaissance de cause. « Les statistiques sont à l’économie, ce que le sel est dans les repas.
On peut ne pas s’en rendre compte jusqu’au jour où il en manque et qu’on constate que tout est fade », caricature Robert Nantchouang, expert de la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique dont l’exposé a insisté sur la nécessité de la mise en oeuvre de la Shasa II.
La maîtrise des questions de l’immigration, de l’éducation, de la santé, de l’énergie, des infrastructures, etc. passe par la disponibilité des statistiques. Les leaders demandent de les produire selon un standard déjà défini de manière à avoir des données cohérentes, produites selon un mécanisme clair et coordonné.
La Shasa II qui a été lancée le 11 juillet dernier au même moment que le rapport économique de l’Union africaine s’étend sur la période 2017-2026.
Elle constituera la feuille de route de la Stat-Afric, le centre névralgique de la statistique de l’Union africaine récemment créée qui sera basée dès l’année prochaine en Tunisie. Le financement de la Shasa II est estimé à 11,09 milliards de dollars, à chercher sur la période de sa validité.

René Kouassi, directeur des Affaires économiques à la commission de l’Union africaine.
« L’importance de la statistique dans le développement économique n’est plus à démontrer. Les statistiques sont l’alpha et l’omega de toute politique de développement. Tout ce que l’homme fait dans la vie doit être évalué et il faut commencer par le comptage, c’est-à-dire la production et la disponibilité des chiffres. Les statistiques sont l’instrument par excellence de définition des politiques. Malheureusement, en Afrique, elles ne sont pas harmonisées.
Quand les bailleurs de fonds débarquent dans nos pays, si les données n’existent pas, ils sortent les leurs. Les statistiques véhiculent le message de celui qui les a produites. Il faut absolument permettre aux pays africains d’avoir des statistiques comparables. Ainsi, on pourra avoir les mêmes bases de production du PIB fondées sur les mêmes standards.
Un consensus a été trouvé autour de ce préalable et on demande à chaque pays de produire ses statistiques sur la base de ce consensus et des indicateurs précis. La Stat-Afric qui sera basée en Tunisie va les collecter et les valider pour faciliter la comparaison des données entre les pays.»
Jeanine FANKAM 

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