Recettes budgétaires pétrolières: Comment compenser la baisse
Par Josiane TCHAKOUNTE, Cameroon Tribune
Comme mentionné dans le rapport général des travaux de la conférence
annuelle des responsables des services centraux, déconcentrés et
extérieurs du ministère des Finances (Minfi), le 30 janvier dernier,
« le budget 2015 va s’exécuter dans un contexte marqué entre autres
par la chute de plus de 50%
du prix du baril de pétrole brut ». En
effet, pour l’élaboration du budget 2015, l’Etat avait tablé sur le prix
du baril à 89 dollars. Or, des projections du Fonds monétaire
international (FMI) fixent le cours du baril de pétrole à 56 dollars
pour cette année 2015. Du fait du décalage entre les prix considérés
lors de l’élaboration du budget et ceux pratiqués actuellement sur le
marché, les recettes pétrolières (qui génèrent environ 40% des recettes
d’exportations et 20% des recettes budgétaires) pourraient, d’après les
calculs du Minfi, être impactées à la baisse d’environ 314 milliards de F
sur les 774,9 milliards de F attendus cette année de ce secteur.
Conscient de cet environnement, le gouvernement n’a de
cesse de multiplier les stratégies pour combler ce gap. Lors du conseil
de cabinet tenu le 29 janvier dernier, le ministre des Finances,
Alamine Ousmane Mey, annonçait une stratégie de collecte des recettes
non-pétrolières pour combler la moins-value des recettes pétrolières. Le
chiffre dévoilé au terme de la conférence annuelle du Minfi est de
porter les recettes fiscales non-pétrolières à 1 404 milliards de F en
2015. Soit une progression de l’ordre de 13,22% par rapport à l’objectif
de l’exercice précédent, correspondant à 164 milliards de F de recettes
additionnelles à mobiliser en valeur absolue. Pour y parvenir, il
faudra tirer profit des nouvelles mesures fiscales introduites par la
loi de finances 2015.
Du côté des administrations en charge du recouvrement des recettes
budgétaires, une batterie de mesures est également mise en place. La
douane, notamment, ambitionne de réaliser 110% de ses prévisions, soit
698 milliards de F de recettes cette année. Pour y parvenir, elle a tenu
récemment avec les acteurs du secteur pétrolier une concertation qui a
abouti à l’adoption d’un plan visant à améliorer les recettes
douanières. Du côté de la Direction générale des impôts, on poursuit les
réformes engagées. Une campagne de distribution des déclarations
pré-remplies pour le paiement de la taxe foncière a été récemment lancée
dans les villes de Yaoundé et Douala. Objectif : amener les
contribuables à s’acquitter de cette taxe, suivant des procédures
simplifiées (mobile tax). De l’avis de certains experts, l’élargissement
de l’assiette fiscale constituera la principale marge de manœuvre au
cours de cet exercice. Ces derniers évoquent aussi la capitalisation de
la réforme d’organisation des Centres des impôts de moyenne entreprise
(CIME) et de la Direction des grandes entreprises (Dge).
Jusque dans les régions, les équipes sont mobilisées. Les services du
Fisc du Nord, région où l’assiette domaniale, foncière ou immobilière
est jugée fort intéressante, ont lancé le 06 mars dernier, une campagne
spéciale de recouvrement de la taxe sur la propriété foncière, l’impôt
sur les revenus locatifs et les droits d’enregistrement des baux à usage
d’habitation. Objectif : mettre sur pied une stratégie idoine pouvant
inciter les promoteurs immobiliers, fonciers et domaniaux à s’acquitter
des redevances liées à leurs activités.
Outre les impôts et la douane, des mesures sont aussi prises à
d’autres niveaux. Pour contrer l’impact de la baisse des cours du
pétrole, la Société nationale des Hydrocarbures (SNH) a revu ses
stratégies pour garantir à l’Etat, les revenus attendus du secteur
pétrolier. La valorisation au mieux des ressources nationales en
hydrocarbures, la réduction des coûts de production et le développement
de projets générateurs de revenus pour le pays sont entre autres axes
majeurs du plan de développement de cette entreprise sur la période
2015-2019. Il reste encore à évaluer la portée de toutes ces mesures.
Pour l’année 2015, le budget de l’Etat est évalué en ressources et en
dépenses à la somme de 3 746,6 milliards d F. La bonne mobilisation des
recettes garantira une exécution optimale de ce budget.
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