L’Afrique invitée à mettre le cap sur l’industrialisation par le commerce
Célestin Monga, |
Par Yvette MBASSI, Cameroon Tribune
C’est le thème du Rapport économique 2015 de la CEA lancé le 29 mars, à Addis Abeba.
Pour l’auteur du Rapport économique 2015 sur l’Afrique, la CEA, il ne
fait nul doute qu’un lien unit le commerce et l’industrie. Plus
particulièrement pour ce qui est du rôle du commerce dans la promotion
de l’industrialisation du continent. D’où le thème : «
L’industrialisation par le commerce ». Selon les responsables de la
Commission économique pour l’Afrique (CEA), deux grandes considérations
ont présidé au choix
dudit thème. D’abord, le continent occupe une place
marginale dans le commerce mondial. En effet, la part du continent dans
les exportations mondiales n’a que peu augmenté de 1970 à 1980, passant
de 4,99% à 5,99%. Et depuis lors, celle-ci suit une trajectoire
descendante établie à 3,33% en 2010 et 3,3% en 2013. Compte tenu des
ressources naturelles, matérielles et humaines abondantes qui sont les
siennes, l’Afrique peut cependant augmenter sensiblement sa part des
exportations mondiales.
« La seconde raison, étroitement liée à la première, tient au fait
que selon les données empiriques disponibles, les nouveaux pays
industrialisés sont parvenus à rattraper les pays développés en
appliquant des politiques commerciales très sélectives », a expliqué
Adam Elhiraika, directeur de la Division des politiques macroéconomiques
de la CEA, pendant sa présentation du Rapport 2015. Il en résulte que,
pour assurer l’efficacité d’une industrialisation reposant sur le
commerce en Afrique, il faut nécessairement remplir une équation
préalable fondamentale : la transformation structurelle du commerce et
de la production industrielle. Trois facteurs essentiels d’une telle
transformation sont indiqués dans le document : la production et le
commerce des produits intermédiaires, la création de chaînes de valeur
nationales, régionales et mondiales, le renforcement du rôle des
services. « Il faut améliorer la chaîne des valeurs avant d’entrer dans
le marché mondial. C’est ce que les pays asiatiques ont fait. La réalité
est que les pays africains restent plus ouverts aux échanges avec
l’extérieur qu’entre eux. Depuis ces 15 dernières années, la croissance
de notre région est positive et soutenue, mais le taux de transformation
structurelle reste lent et faible par rapport au potentiel africain et
de manière à relever les défis des attentes de ses populations », a
avoué Stephen Karingi, directeur à la division de l'intégration
régionale et du commerce, CEA.
Pour Célestin Monga, directeur général de l’Onudi, invité à dire un
mot sur le rapport, c’est justement là où le bât blesse. Appuyant son
propos par des photos d’un bidonville de Séoul, Corée du Sud, de la
ville de Guangzhou en Chine et d’Accra au Ghana, en 1950, 1970, 1990 et
2010, l’économiste a permis aux participants de se représenter le
concept de transformation structurelle. « Je trouve ce rapport assez
pessimiste. Le Japon a pris 100 ans pour se développer, les Dragons
d’Asie, 40 ans. Il a fallu seulement 12 ans à la Chine pour assurer sa
transformation. L’Afrique n’a pas besoin de 50 ans pour se développer :
ce rapport doit être plus hardi en matière de propositions », a-t-il
assuré. Ne se contentant pas de critiquer, Célestin Monga a émis
différentes suggestions permettant d’assurer l’industrialisation de
l’Afrique par le commerce.
Au rang de celles-ci, une meilleure prise en considération des zones
économiques spéciales par les décideurs. « Elles attirent toutes sortes
d’entreprises. Malheureusement, les gouvernements n’ont pas suivi cette
manifestation d’intérêt par la mise en place d’infrastructures. Il vaut
donc mieux qu’ils fassent de ces zones des parcs industriels où les
entreprises de mêmes types sont regroupées. Ainsi, il est plus facile de
répondre à leurs besoins : fourniture en énergie, TIC, eau, matières de
base nécessaires à la production… », a-t-il soutenu. La cérémonie de
lancement du Rapport 2015 s’est achevée avec l’invitation des autorités
de la CEA à en faire un livre de chevet. De nombreuses personnalités
dont Dr Abdalla Hamdok, secrétaire exécutif adjoint de la CEA, Dr Ekwow
Spio-Garbrah, ministre ghanéen du Commerce et de l’Industrie, Dr Arkebe
Oqubay, ministre, conseiller du Premier ministre éthiopien y ont pris
part.
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