TIC : renforcer la coopération sud-sud
Les retombées de la construction et de
l’extension de l’infrastructure sont pour le moins alléchantes pour l’économie
camerounaise. Le directeur général de Camtel, David Nkoto Emane,
n’explique-t-il pas que lorsqu’on regarde l’évolution de l’utilisation de
l’Internet dans notre pays, on se rend compte que les câbles existants ne
peuvent supporter à terme toutes ces communications, étant donné que ces
infrastructures arriveront à saturation dans quelques années.
Conclusion : le câble sous-marin au centre des attentions devrait
améliorer la capacité et la couverture nationale des réseaux de Camtel et des
autres opérateurs de téléphonie pour fournir des services large bande aux
ménages et aux entreprises. Bien plus, tout en permettant le développement
d’une industrie des Technologies de l’information et de la communication (TIC)
au Cameroun, la réalisation de ce projet va connecter directement le continent
africain et le sous-continent sud-américain, sans intermédiaire ni droit de
transit. Analysant la portée du futur ouvrage, Ni Zheng, directeur
général de Huawei, rappelle qu’« avant ce projet, toutes les
communications Internet de l’Afrique destinées à l’Amérique du Sud transitaient
par l’Europe. Mais, une fois que cette initiative sera réalisée, fait-il
observer, ces communications seront dirigées directement vers l’Amérique
latine. C’est plus court et plus économique. Camtel aura plus de revenus dans
la mesure où l’entreprise pourra louer son câble aux pays voisins. En outre, le
Cameroun sera le hub de toute l’Afrique ». Des experts camerounais
renchérissent. Ils déclarent que pour acheminer actuellement des contenus
(voix, vidéo, données) du Cameroun vers le Brésil, un transit par au moins un
point situé en Occident est obligatoire. Les gros nœuds étant Londres, New
York, Amsterdam, Washington. Un cheminement qui présente plusieurs
inconvénients : risques d’écoute et d’espionnage car on transite par des
infrastructures contrôlées par de grandes puissances dont les intérêts ne sont
pas toujours les nôtres, et qui ont ainsi la possibilité d’intercepter et de
scanner les données pour en connaître le contenu. Dans ces conditions, la
confidentialité des contenus n’est qu’une vue de l’esprit.
Tout en soutenant ce genre de projet, nos
ingénieurs recommandent d’aller plus loin en définissant par exemple une
politique globale pour pouvoir en tirer le meilleur parti. Autrement dit, il
faut que les pays du Sud concernés mettent en place le complément nécessaire,
en élaborant des contenus adaptés et intéressants pouvant se substituer à ceux
auxquels les usagers dans nos pays sont déjà habitués. Notamment, les serveurs
de messagerie, les contenus scientifiques, les sites d’informations générales
qui attirent les internautes dans les pays de l’hémisphère sud.
Au
total, il faut souligner à grands traits que l’intensification de la
coopération sud-sud qui structure aujourd’hui la reconfiguration de l’ordre
économique mondial, ne profitera pleinement aux pays en développement que
s’ils font preuve de plus de créativité, de détermination et d’audace, seuls
gages de la reprise en main de leur destin.
Par Rousseau-Joël FOUTE, Cameroon Tribune
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