Croissance: leçons pour l’Afrique
Le
FMI demande a l’Afrique de s’atteler à trouver de nouvelles sources de
croissance, un nouvel élan, au regard du contexte international.
Beaucoup
d’orateurs avant elle avaient effleuré le sujet : le top management de
la Banque mondiale et du FMI,
les économistes des deux institutions, les ministres africains des
Finances et de l’Economie, dans les nombreux points de presse organisés
ici et là. Mais Antoinette Sayeh
est la Madame Afrique du Fonds, et à ce
titre, elle a présenté vendredi dernier à la presse les perspectives de
l’économie subsaharienne. La cérémonie s’est déroulée dans le cadre du
grand complexe moderne et fonctionnel que le Pérou a mis à la
disposition des Assemblées annuelles, comprenant le Théâtre national, le
Musée national, le Palais des Congrès et aussi la Tour flambant neuve
de la Banco de la Nacion.
Ce
qu’il faut retenir de l’intervention d’Antoinette Sayeh, c’est qu’en
Afrique, l’époque de la croissance insolente est révolue. Bien que
celle-ci demeure plus vigoureuse que dans bon nombre de produits de
base, en particulier le pétrole, et les conditions particulièrement
attrayantes du marché des capitaux. A ce jour, cet environnement
idyllique a disparu et l’Afrique doit redoubler d’imagination pour
relever le défi de maintenir un certain niveau de croissance et de
prestations sociales prioritaires, avec des revenus drastiquement en
baisse.
Concrètement,
les huit pays exportateurs de pétrole du continent sont les plus
secoués par la baisse brutale des cours, et en particulier le Nigeria,
l’Afrique du sud et l’Angola. Parce qu’ils représentent la moitié du PIB
régional, leurs contre-performances font chuter à 3,5 % celui de
l’Afrique en 2015. Quant aux pays non producteurs, pour la plupart des
pays à faible revenu, ils maintiennent cette année une croissance de
6 %.
En zone
CEMAC, le Cameroun demeure le pays le plus compétitif, avec 5,9 % de
croissance en 2015, et 5 % projeté par le FMI en 2016.
En
conséquence, le directeur du Département Afrique a donné des conseils
aux gouvernements, afin de gérer harmonieusement cette transition
économique. Pour ceux des pays qui disposent d’une monnaie dont le taux
de change n’est pas arrimé, elle a invité à laisser se déprécier la
monnaie, pour amortir le choc. La diversification des économies est un
autre axe d’intervention, de même que le renforcement des finances
publiques, à travers la mobilisation des recettes fiscales et l’arrêt
des subventions aux carburants.
Dans ce
contexte, s’est interrogé un confrère du Burkina Faso, les pays de la
zone franc ne sont-ils pas défavorisés, puisqu’ils ne disposent pas du
levier de la monnaie pour préparer un atterrissage en douceur?
Antoinette Sayeh a reconnu que ces pays étaient en effet incapables de
procéder à de tels ajustements, du fait du taux de change fixe. Mais
elle a ajouté que le franc CFA avait bien servi les intérêts de ces
mêmes pays à d’autres moments de turbulences, en constituant un facteur
de stabilisation. Pour les pays de la zone, le plus déterminant selon
elle se situe dans les réformes structurelles.
A la
question de savoir pourquoi le Cameroun, dont le taux d’endettement
extérieur ne représente que 23,4 % du PIB, se voit faire observer par le
FMI d’éviter le surendettement, alors que le FMI reconnaît l’importance
des investissements pour doper la croissance économique, Madame Sayeh
répond que dans la prudence budgétaire qu’impose le contexte, il est
préférable de différer les moins matures, en attendant des jours
meilleurs.
Concernant
encore l’Afrique, les ministres africains n’ont pas épargné leurs
efforts pour promouvoir le continent. C’est ainsi que le 8 octobre
dernier, ceux en charge des Finances du Soudan, du Mali, de l’Angola et
du Gabon ont entretenu les journalistes sur leur vision et leurs défis
particuliers. Un autre groupe, appelé les ministres des Finances des
pays francophones à faible revenu a demandé, au terme d’une réunion, à
la communauté internationale de mobiliser plus de financements pour le
développement et le climat, afin d’atteindre la promesse de 100
milliards de dollars faite lors de la COP 15 à Copenhague, et de
financer les nouveaux objectifs de développement récemment adoptés à New
York. Ils ont pour ce faire présenté une série de recommandations. Du
grain à moudre en perspective pour le Sommet de Paris sur
l’environnement et le développement durable.
Source: Cameroon Tribune
Commentaires
Enregistrer un commentaire