Patrimoine culturel; Cette richesse mal exploitée
Par Yvette MBASSI-BIKELE, Cameroon Tribune du 17-04-2013
Le Cameroun est un pays plein de richesses, parfois bien dissimulées,
au niveau culturel comme sur le plan patrimonial. Les marques de son
histoire et de son passé prestigieux sont présentes aux quatre coins du
territoire national.D’étonnants édifices, de Buea à Yaoundé, en passant
par Douala, témoignent d’une histoire fertile de plusieurs siècles et de
ses influences chronologiques.
Des statues, monuments, sculptures… Grâce aux traces du passé,
différentes villes dans le pays offrent un large panorama, laissant les
habitants et les visiteurs libres de reconstituer l’histoire à travers
les siècles et pourquoi pas, d’envisager l’avenir. Exercice du reste peu
aisé, au regard du peu de connaissances disponibles sur cette partie de
la vie nationale.
Pour sauvegarder et valoriser le patrimoine culturel camerounais, le
pays, particulièrement touché par les vicissitudes de l’Histoire au 20e
siècle, tarde à développer une politique de restauration ambitieuse. A
titre d’exemple, malgré quelques travaux de ravalement, le musée
national, en plein cœur de Yaoundé reste pratiquement vide. Les lieux
sont pourtant chargés d’histoire. Ils ont, en effet, abrité l’ancien
palais présidentiel. Ceux qui s’y rendent, espérant y découvrir la table
de travail ou la chambre à coucher de l’ancien président, seront déçus.
Il n’existe plus rien : les pilleurs sont passés par là. Et que dire du
reste : le patrimoine culturel matériel et immatériel ?
Effectivement riche de la diversité de ses peuples, le Cameroun jouit
d’un patrimoine culturel matériel et immatériel exceptionnel, encore
méconnu, largement inexploité et en danger croissant. En raison de
nombreuses faiblesses structurelles, les organismes locaux en charge de
la préservation dudit patrimoine souffrent de carences multiples et sont
déficients en matière de conservation de cet héritage culturel
important. L’Unesco, très active sur ce terrain, définit le patrimoine
culturel comme l’ensemble des biens, matériels ou immatériels, ayant une
importance artistique ou historique certaine. Cet ensemble est
généralement préservé, restauré, sauvegardé et montré au public, soit de
façon exceptionnelle, soit de façon régulière. Gratuitement ou
moyennant un droit d’entrée et de visite payant.
Le patrimoine dit « matériel » est surtout constitué des paysages
construits, de l'architecture et de l'urbanisme, des sites
archéologiques et géologiques, de certains aménagements de l'espace
agricole ou forestier, d'objets d'art et mobilier, de chaînes
industrielles (outils, instruments, machines, bâti, etc.). Le patrimoine
« immatériel » peut revêtir différentes formes : chants, costumes,
danses, traditions gastronomiques, connaissances médicinales, jeux,
mythes, contes et légendes, rituels festifs, petits métiers,
témoignages, captation de techniques et de savoir-faire, documents
écrits et d'archives (dont audiovisuelles), etc.
Les biens patrimoniaux génèrent des externalités positives publiques
et privées. Là où le secteur est bien organisé, ils attirent chaque
année de nombreux visiteurs qui sont l'un des reflets de l'importance du
patrimoine culturel en termes d'attractivité des territoires et de
retombées économiques. Ce devrait être aussi le cas sous nos tropiques,
avec un peu de volonté.
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