Quatrième Enquête Camerounaise Aupres des Menages (ECAM 4) de 2014 : rapport préliminaire
Sur la base d’un seuil de pauvreté monétaire de 339 715 FCFA par an,
soit 931 FCFA par jour par équivalent adulte, calculé à partir des
dépenses de consommation finale des ménages, l’incidence de la pauvreté
se situe à 37,5% en 2014, contre 39,9% en 2007. En rappel, ce taux était
de 40,2% en 2001 et 53% en 1996. Cette baisse modérée de 2,4 points de
pourcentage est en deçà du rythme préconisé dans le Document
de
Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE) et ne permet pas
d’atteindre l’Objectif de réduire de moitié la pauvreté à l’horizon 2015
suivant l’Agenda des Objectifs du Millénaire pour le Développement
(OMD). Cette baisse de la pauvreté est mitigée, car si l’incidence de la
pauvreté recule en milieu urbain, elle augmente plutôt en milieu rural.
Le défi est grand, surtout qu’en même temps et du fait de la pression démographique, le nombre de pauvres a augmenté, passant d’environ 7,1 millions en 2007 à 8,1 millions en 2014. Dans ce contexte, c’est plutôt une incidence de la pauvreté inférieure à 32% qui aurait pu permettre d’inverser la tendance. En outre, les disparités de niveaux de vie se sont accentuées, d’une part, entre les milieux urbain et rural, et, d’autre part, entre les pauvres et les non-pauvres. A titre d’illustration, en 2014, les 20% des ménages les plus riches consomment 10,1 fois plus que les 20% les plus pauvres ; alors que ce ratio était déjà élevé et se situait à 7,5 en 2007.
Il convient de relever que les évolutions du marché du travail sont compatibles avec les performances économiques. En effet, sur la période 2007-2014, l’économie a généré plusieurs milliers d’emplois, principalement dans le tertiaire où les administrations publiques ainsi que les entreprises publiques s’illustrent par leur dynamisme, face à un secteur privé hésitant. L’économie informelle a, quant à elle, continué d’être le réceptacle des jeunes chômeurs à la recherche de leur subsistance en attendant des meilleures opportunités d’insertion dans l’économie moderne. Cette création d’emplois a sensiblement contribué au recul de la pauvreté, surtout en milieu urbain, car, la plupart des emplois créés relèvent principalement du secteur public et du secteur informel urbain.
En définitive, l’atteinte de l’objectif de 28,7% d’incidence de la pauvreté en 2020 fixé dans le DSCE reste possible, au regard des perspectives de croissance économique favorables et soutenues par les politiques publiques en cours de mise en oeuvre ou envisagées. Pour cela, le taux réel de croissance du PIB devrait se situer nettement au-dessus de 7% en moyenne annuelle. Au regard des disparités actuelles dans la redistribution, cette croissance économique devra être plus inclusive (pro pauvre). Les politiques de relance de la production agricole et Industrielle (surtout les agro-industries en raison de l’importante valeur ajoutée qu’elles génèrent), ainsi que la promotion des filières porteuses de croissance à moyen terme devront être intensifiées.
La promotion de l’emploi de qualité, notamment en faveur des jeunes, mérite de demeurer l’une des priorités de premier ordre des pouvoirs publics, non seulement pour atténuer les tensions sociales liées au sentiment d’exclusion sociale que certains sans-emplois pourraient, dans le désespoir du chômage de longue durée, nourrir, mais aussi et surtout, parce que l’emploi décent reste le moyen le plus efficace et durable de réduction de la pauvreté./-
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