Mohamed El Kettani: « L’intégration capitalise la complémentarité et le développement »

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PDG du groupe Attijariwafa Bank.
Par Félicité BAHANE N., Cameroon Tribune
Quelle appréciation faites-vous de la tenue de la 5e édition du Forum international Afrique développement (FIAD) dont vous en êtes l’artisan ?
J’en suis particulièrement satisfait puisque cette édition
a eu le privilège du haut patronage du Roi Mohammed VI, mais aussi l’ouverture et la clôture ont été assurées par le président de la République du Burkina Faso, qui nous a honorés de sa présence et qui a accompagné les travaux pendant deux jours. Ça a été un moment très fort parce que la thématique choisie pour ce forum : « quels modèles de croissance inclusive en Afrique ? », est d’une extrême pertinence. Parce qu’on remarque que sur la dernière décennie, certes l’Afrique a connu une croissance économique importante, mais quand on fait le bilan de l’impact de cette croissance, on constate qu’elle n’a pas été inclusive. Le chômage demeure à des niveaux importants, surtout au niveau des jeunes africains. Nous en avons 13 millions qui viennent chaque année sur le marché du travail et il fallait que les différents experts et les différentes nationalités que nous avons pu réunir dans le cadre de ce forum, puissent réfléchir sur la meilleure manière de développer de nouveaux modèles de croissance économique, à même de favoriser l’investissement du secteur privé, des PME et PMI. Parce que ce sont ces petites entreprises qui, en Afrique, vont nous permettre de résorber le chômage, notamment des jeunes.
On parle sans cesse des difficultés d’accès aux financements de ces PME. Que propose Attijariwafa bank pour atténuer le mal ?
Sincèrement, les banques panafricaines apportent de plus en plus de solutions de proximité, développent des politiques de capillarité et d’ouverture d’agences qui s’ouvrent justement sur les différents champs sociaux. Elles commencent aussi à s’intéresser à la très petite entreprise (TPE), aux PME et PMI. Je crois que nous, secteur bancaire, sommes un dispositif important pour accompagner la dynamique de création d’entreprises de petites tailles. Cela demande cependant, une qualification de nos hommes et femmes. L’avantage que nous avons à Attijariwafa Bank c’est que nous existons depuis 112 ans au Maroc et nous sommes une banque fortement implantée dans le marché de la PME et des très petites entreprises. Nous avons développé depuis très longtemps, des méthodes et outils de travail, des systèmes d’information qui nous permettent d’appréhender le risque des très petites entreprises et des PME/PMI et d’être très proches de leurs besoins. Ce modèle a réussi au Maroc, où nous avons près de 900 mille clients TPE. Nous sommes en train de le dupliquer en Afrique subsaharienne et je peux dire que les résultats sont probants parce qu’avec les ouvertures d’agences que nous faisons chaque année, nous sommes aujourd’hui le premier réseau bancaire au niveau du continent africain, où nous avons près de 3900 agences. Toute chose qui traduit la philosophie d’Attijariwafa Bank, d’être proche des TPE, PME/PMI.
Comment comprendre l’honneur fait à Coris Bank au terme du FIAD 2017 ?
C’est une banque régionale au niveau de l’Afrique de l’Ouest que nous considérons particulièrement, parce qu’elle est en train de développer un réseau intelligemment et progressivement, en assurant justement une certaine proximité avec les PME/PMI. Nous connaissons d’autres groupes bancaires marocains et panafricains qui ont la même démarche salutaire pour le contient. Parce que la solution ultime pour favoriser l’investissement c’est justement aussi favoriser l’accès aux financements, en plus d’autres obstacles à lever au niveau du climat des affaires et de l’intégration des marchés.
Quel peut être le rôle de l’intégration régionale pour favoriser le développement ?
L’intégration régionale a l’avantage que chaque pays membres du bloc régional connait ses avantages compétitifs. Parce que chacun a des avantages comparatifs à d’autres pays. L’intégration capitalise cette complémentarité pour qu’il y ait une sorte de spécialisation dans la chaine globale des valeurs. C’est de cette façon que le Maroc s’est inséré dans la carte mondiale des équipementiers automobiles et de la fabrication des voitures, mais aussi des équipementiers aéronautiques, parce qu’il a capitalisé ce secteur dans lequel il présente un avantage compétitif et concurrentiel, à travers le port de Tanger MED qui offre une grande capacité logistique, une zone industrielle aux normes internationales, une infrastructures ferroviaire, autoroutière, portuaire et télécom vraiment importante. Et surtout une capacité de disponibilité de l’énergie électrique, indispensable au fonctionnement optimal des industries. Bref, l’avantage de l’intégration économique c’est que chaque pays arrive à capitaliser ses forces et apporte sa complémentarité au groupe.
A propos du Cameroun de plus en plus présent sur les marchés financiers, peut-il compter sur SCB filiale du groupe Attijariwafa lors des levées de fonds ?
Au niveau du secteur bancaire camerounais, la SCB fait partie des grandes banques. Nous-mêmes en tant que groupe nous lui apportons beaucoup de soutient nécessaire pour qu’elle renforce ses capacités. Mais dans les levées de fonds il y a des appels d’offres, des ouvertures données par le gouvernement à travers le ministère des Finances et la SCB y participe. Souvent on gagne, mais il arrive parfois qu’on perde des marchés. Mais ce n’est pas dire que la SCB a la volonté de se retirer des programmes de levées de fonds pour le Trésor camerounais. Loin de là. Nous sommes demandeurs et la preuve est que nous avons pris la décision de créer une filiale au Cameroun de gestion d’actifs. Elle va également intervenir sur la dette publique. Ce qui démontre la volonté de SCB Cameroun, grâce à l’appui de sa maison mère, Attijariwafa bank, de contribuer modestement à la modernisation des marchés des capitaux au Cameroun. Nous mettrons toute notre expertise et savoir-faire au service du pays.

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