Etude sur la mortalité des entreprises au Cameroun entre 2009 et 2016
Le Deuxième Recensement Général
des Entreprises (RGE-2) réalisé par l’Institut National de la Statistique du Cameroun en 2016, a donné une photographie actualisée du tissu productif et une
base complète pour la réalisation des enquêtes auprès des entreprises au
Cameroun.
La première opération du genre
a été réalisée en 2009 et a permis
de mettre en place un répertoire des
entreprises. Entre ces deux recensements, plusieurs évènements ont marqué la
vie de ces dernières, notamment des disparitions et autres changements
structurels. Ces évènements ont des répercussions sur l’économie nationale.
D’où la nécessité d’étudier la mortalité des entreprises au Cameroun pendant
cette période intercensitaire.
Ce rapport fait un point sur la mortalité des
entreprises modernes entre 2010 et 2016, notamment le taux de cessation des
activités des entreprises suivant la taille, le secteur, la forme juridique, la
région d’implantation. Elle se focalise sur les fermetures d’entreprises
enregistrées au cours de cette période. De même, les déterminants fondamentaux
de la mortalité des entreprises ont été mis ont exergue.
La réalisation de cette étude a été rendue possible
grâce à l’exploitation efficiente d’une part, des données issues des deux
opérations de recensements des entreprises réalisées en 2009 et en 2016 et d’autre part, des fichiers des
immatriculations et des contribuables de la Direction Générale des Impôts
(DGI).
La littérature spécialisée dans l’explication des phénomènes de
création, d’extension, de déclin et de cessation d’entreprises, met en relief
les facteurs susceptibles d’expliquer la mortalité ou les chances de survie des
entreprises. Bien que ne faisant pas l’unanimité entre les chercheurs, ces
facteurs peuvent être regroupés suivant trois (03) dimensions : le capital
humain, le capital social et le contexte environnemental.
A l’issue de l’appariement des bases, sur les 6 458 entreprises de
départ, il apparait que 2 316 ont cessé leur activité pendant la période
intercensitaire, la quasi-totalité (environ 95 %) ayant arrêté l’activité avant
2014. Ce qui permet de situer le taux global de cessation d’activités à près de
36 % sur la période sous revue.
Les déterminants fondamentaux de
la mortalité des entreprises sont : la taille de l’entreprise, le diplôme du
dirigeant (ou du principal promoteur) et la forme juridique de l’entreprise.
Par ordre d’importance, il
s’agit de :
-
la taille de l’entreprise : elle semble être la variable qui influence le plus la
mortalité. En effet, par comparaison avec les Grandes Entreprises (GE), une
Moyenne Entreprise (ME) a près de 20 % de risque en plus de cesser ses
activités. Ce risque supplémentaire est de 31% pour une Petite Entreprise (PE)
et 39% pour une TPE ;
-
le diplôme du dirigeant (ou du principal promoteur) : c’est le facteur le plus significatif après la taille de
l’entreprise. Les résultats obtenus montrent que relativement à une entreprise
dont le dirigeant est titulaire d’un Master (ou DEA), celles dirigées par un
promoteur possédant un BTS ou une Licence ont 7 % de risques supplémentaires de
cesser leurs activités. Et pour celles dont le dirigeant a le niveau BAC, ce
risque supplémentaire de cessation est de 12 %.
-
la forme juridique de l’entreprise : pour cette variable, l’étude montre par exemple que
relativement à une Société Anonyme à Responsabilité Limitée (SARL), une
Entreprise Individuelle (EI) a 9 % de chance en plus de cesser ses
activités.
Pour les autres variables d’analyse, la structure des entreprises
ayant cessé leur activité épouse la concentration globale du tissu productif.
Ainsi, il y ressort que la grande majorité des entreprises en cessation est
implantée au Littoral, opère dans le secteur tertiaire et appartient au segment
des Très Petites Entreprises (TPE).
L’étude a mis en évidence les principaux déterminants de la
cessation d’activité pendant la période inter-censitaire. Se basant sur ces données, les recommandations suivantes sont
formulées :
1.
mettre
en place un système de surveillance de proximité auprès des entreprises avec
pour objectif de pouvoir déceler à temps les signaux de détresse que pourrait
émettre une entreprise et de le référer aux structures compétentes en temps
opportun ;
2.
entreprendre
des nouvelles études plus systématiques sur la mortalité des entreprises. A cet
effet, des données encore plus précises pourraient être collectées auprès des
entreprises et des administrations compétentes (greffes des tribunaux ; etc) ;
3.
créer
un environnement propice à la survie et à la pérennité des entreprises ;
4.
favoriser
le développement d’une culture entrepreneuriale, notamment auprès des jeunes ;
créer un environnement propice au développement des PME
Cette étude traduit la volonté de l’Institut
National de la Statistique de répondre aux attentes de nombreux utilisateurs
(décideurs, milieux d’affaires, partenaires techniques et financiers,
chercheurs, etc.) qui travaillent pour l’essor de l’entrepreneuriat camerounais.
Télécharger le rapport de l’étude sur la mortalité des entreprises entre 2009 et 2016 (pdf)
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