Encore des efforts pour la Croissance en zone Cemac
Par Josiane TCHAKOUNTE, Cameroon tribune
Prévisions
en baisse, aggravation du déficit budgétaire, difficultés de
trésorerie, les Etats doivent trouver des solutions face au choc
pétrolier et aux problèmes sécuritaires.
La
situation économique de la Communauté économique et monétaire de
l’Afrique centrale (Cemac) pour cette année 2015, est tour à tour passée
de stabilité à ralentissement, puis fléchissement. Ceci, en l’espace de
quelques mois seulement. En mars 2015, les prévisions de croissance
pour la sous-région étaient estimées à 4,2%. Trois mois plus tard, soit
en juillet dernier, elles ont été ramenées à 2,8%. Statistique revue
à
la baisse, une nouvelle fois, il y a deux jours, lors de la tenue du
conseil d’administration de la Banque des Etats de l’Afrique centrale
(BEAC). Le nouveau chiffre projeté est de 2,5%. Au regard de l’évolution
des projections, il semble presqu’évident que la sous-région
n’atteindra pas les 4,6 % de croissance réalisés en 2014. La question
qui se pose maintenant est celle de savoir jusqu’à quel niveau la courbe
de croissance poursuivra sa descente, du moins en termes de prévisions.
A 2,5% actuellement, on n’est plus très loin des 1,6% de croissance
réalisée en 2013.
Les
problèmes sont connus. La dégringolade des cours du baril de pétrole
brut à l’international (de 105 dollars le baril en juin 2014 à moins de
40 dollars actuellement) n’aide pas la sous-région où cinq des six pays
qui la constituent exportent le pétrole brut. Et pour ne rien arranger,
les Etats de la Cemac doivent gérer les problèmes sécuritaires auxquels
ils sont confrontés. Il faut dire que ce deuxième facteur affecte
fortement la trésorerie de certains de ces Etats.
Difficultés de trésorerie
Lundi
dernier, les membres du conseil d’administration de la BEAC se sont
penchés sur les difficultés de trésorerie des Etats de la sous-région
« liées en particulier à la forte dégradation de l’environnement
économique international et sécuritaire sous-régional », d’après le
communiqué de presse sanctionnant les travaux. Depuis quelques mois, les
Etats de la Cemac multiplient les emprunts sur le marché monétaire de
la BEAC via l’émission de Bons du trésor assimilables (BTA) destinés à
financer leur déficit de trésorerie. Pour le mois de septembre en cours,
quatre des six Etats de la sous-région ont eu recours à ce marché : le
Cameroun, le Gabon, le Tchad et la Guinée équatoriale. Pour la seule
journée du 9 septembre, la demande en capitaux cumulée de ces quatre
pays s’élevait à 43 milliards de F. S’agissant du cas précis du
Cameroun, les données fournies par la division de la trésorerie du
ministère des Finances font état de 93,5 milliards de F déjà mobilisés
sur le marché monétaire de la BEAC entre le 1er janvier et le 31 août 2015.
Des réformes annoncées
Le
Comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (UMAC) qui
s’est tenue hier à Yaoundé a réitéré les recommandations faites à
l’endroit des Etats pour faire face à ces défis, notamment la
rationalisation des choix budgétaires, la diversification des économies
et l’approfondissement de l’intégration sous-régionale. « Le constat
fait au niveau des performances économiques demande à ce que les Etats
puissent être davantage regardants quant aux déficits budgétaires qui
peuvent connaître globalement un accroissement dans la sous-région à
plus de 5% », a déclaré Alamine Ousmane Mey, ministre des Finances du
Cameroun et président en exercice du Comité ministériel de l’UMAC. Le
renforcement de la discipline budgétaire, via l’encadrement des dépenses
et la réduction du déficit budgétaire dans le moyen terme, est une des
principales recommandations. Outre la baisse du taux directeur de la
Banque centrale (de 2,95% à 2,45%), des réflexions sont annoncées pour
trouver d’autres modalités de financement des Etats et des entreprises
privées. La BEAC devra à cet effet proposer une réforme de ses textes
allant dans le sens d’une modernisation de ses instruments
d’intervention et de ses procédures. Ceci, sans préjudice de ses
missions statutaires.
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