Aviculture: Les voies de l’autosuffisance

By J. TCHAKOUNTE, Cameroon Tribune 
"L’urgence de la transformation s’impose donc comme la voie pour réguler le marché et soutenir le développement de la filière en amont."
Les fêtes de fin d’année, c’est dans un mois. Comme il est de coutume durant cette période, le poulet sera mangé à toutes les sauces. Avant cette échéance, des dispositions ont été prises pour que la volaille soit présente dans toutes les marmites.
L’Interprofession avicole du Cameroun (Ipavic) annonçait il y a quelques semaines encore, la mise en vente de 100 000 poussins d’un jour à des prix promotionnels, question d’assurer l’approvisionnement du marché national durant ces fêtes où la demande connaît un pic. Ces poussins ont tous été vendus et à l’Ipavic actuellement, on s’attèle à la livraison. La dernière se fera le 11 novembre prochain, selon le calendrier arrêté. Le moment venu donc, les consommateurs pourront s’approvisionner dans les marchés habituels et les points de vente témoin ouverts pour la circonstance.
« Nous sommes arrivés à un point où il n’y a pas de pénurie, donc il n’y a pas de spéculation sur le marché », confie Jean-Paul Fouda Ottou, secrétaire permanent de l’Ipavic. Toutefois, ajoute-t-il, « il y a des périodes de mévente parce que le poulet n’arrive pas partout où les Camerounais veulent le consommer. Vous pouvez avoir des méventes sur le marché de Yaoundé alors qu’il y a pénurie sur le marché de Garoua. » Et de conclure : « Du point de vue macro-économique, l’offre ne satisfait pas la demande. Mais nous avons des distorsions dans la distribution qui font qu’à un certain moment, la production n’est pas à écouler de manière efficiente. Pour optimiser la distribution, il faut moderniser le système. » Les grands bassins de production sont l’Ouest, le Centre et le Littoral.
Numériquement parlant, la production de volaille au Cameroun suit une tendance haussière depuis 2010. Pour l’année dernière, les chiffres de l’interprofession estiment entre 46 et 47 millions de poulets de chair sur pied produits chaque année, correspondant à plus de 70 000 tonnes de volaille. Une offre qui, bien qu’en progrès, ne couvre pas la demande. En effet, en se fiant aux standards qui fixent à 6 kilogrammes, la quantité de viande de volaille devant être consommée par habitant par an, le déficit à combler reste énorme. En ce qui concerne la production des œufs de table, elle est estimée par l’Ipavic à deux milliards d’œufs, l’équivalent de 120 000 tonnes. Des données qui ne tiennent pas compte des importations de poussins. Nul doute, depuis la grippe aviaire qui a secoué la filière en 2006, occasionnant des pertes estimées à plus de trois milliards de F, la reprise est amorcée.
A la faveur de la tenue de la toute première édition du Salon avicole international de Yaoundé (23 au 25 octobre dernier), les différents intervenants dans la filière ont proposé des pistes de solution pour parvenir à l’autosuffisance. Elles se résument en un point précis : la transformation. « Il faut certes produire plus, mais on a atteint le degré de saturation en ce qui concerne la production du poulet sur pied. La transformation permettra une meilleure couverture du marché. Elle permettra aussi d’aller à la découpe, car il y a un gisement de demandeurs potentiels qui ne peuvent pas consommer le poulet », explique Jean-Paul Fouda Ottou. L’urgence de la transformation s’impose donc comme la voie pour réguler le marché et soutenir le développement de la filière en amont. Et cela suppose la création de chaînes d’abattage (trois recensées à ce jour par l’Ipavic dans le pays), d’ateliers de découpe et même, d’entreprises qui intégreraient ce segment, générant ainsi plus d’emplois (la filière en 2013 a généré 320 000 emplois directs permanents) pour les nationaux.
La filière volaille a été ciblée par le gouvernement comme un secteur porteur de croissance. Dans le cadre de la mise en oeuvre de divers programmes financés avec ses partenaires au développement, le secteur bénéficie d’appuis divers. On peut également citer au rang des mesures d’accompagnement, le programme Agropoles.>>>

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