Comment le Cameroun s'adapte à la Baisse des cours des matières premières
Par Félicité BAHANE, Cameroon Tribune
Les perspectives économiques du FMI confirment la résilience de
l’économie nationale et recommandent des ajustements supplémentaires.
Hier à Yaoundé, le Fonds monétaire international (FMI) a présenté ses
traditionnelles « Perspectives économiques régionales pour l’Afrique
subsaharienne », pour la période 2016. Le rapport indique d’emblée qu’«
un changement de cap s’impose » ! Car, depuis le milieu de l’année 2014,
la croissance a fortement ralenti dans la région, avec la chute
drastique et persistante des cours des matières premières et
particulièrement du baril de pétrole brut. Une baisse
qui se situe
pratiquement à 67% du prix initial (de 110 dollars en 2014 à 50 dollars
aujourd’hui). C’est d’ailleurs pourquoi « la décélération dans les pays
exportateurs de pétrole est très prononcée, ainsi que dans la plupart
des pays exportateurs d’autres produits de base », selon Kadima Kalonji,
représentant-résident du FMI au Cameroun. Il souligne cependant que les
pays faiblement tributaires des produits de base s’en sortent
généralement bien, à l’instar du Cameroun, « seul pays de la sous-région
CEMAC à avoir jusque-là fait preuve de résilience, grâce à la
diversification de son économie avec moins de 20% des revenus tirés du
secteur du pétrole ». Alors que bon nombre de pays réduisait leurs
dépenses pour résister à la chute des cours, le Cameroun a plutôt
augmenté les siennes, d’où la hausse des emprunts.
Pour Alamine Ousmane Mey, ministre des Finances (MINFI), la dette du
pays est soutenable et viable. Encore qu’elle s’impose « dans l’optique
d’un investissement dans les infrastructures qui permettront le
développement futur, notamment dans les secteurs productifs. En plus
d’une amélioration du climat des affaires pour promouvoir le secteur
privé. C’est tout un ensemble qui va permettre au Cameroun de maintenir
sa résilience et de poursuivre son cheminement vers l’émergence à
l’horizon 2035 ». Alors que le FMI parle de réajustement budgétaire, le
MINFI soutient que le Cameroun a fait sa part, en réduisant les dépenses
sur le matériel roulant, le carburant et les missions. Alamine Ousmane
Mey ne manque pas de relever les réformes engagées afin de soutenir la
croissance. Notamment une nouvelle dynamique mise en place dans le
management fiscal, avec des réformes d’organisation visant à optimiser
la mobilisation des ressources internes, élargir l’assiette fiscale,
moderniser l’administration, faciliter et simplifier les procédures.
Globalement le FMI se veut optimiste quant à la relance de l’économie
régionale. Elle soutient néanmoins que cela passe par une réponse
rapide et robuste des pouvoirs publics. Kadima Kalonji insiste sur les
ajustements budgétaires ; des priorités à faire concernant les dépenses
de développement ; la poursuite de la diversité des économies mais aussi
de « travailler à l’intégration régionale en éliminant les barrières
tarifaires ». A ce propos, Louis Paul Motaze, ministre de l’Economie, de
la Planification et de l’Aménagement du territoire (MINEPAT) estime que
le FMI et les autres bailleurs de fonds ont aussi un rôle à jouer. «
Vous pouvez accélérer les choses en orientant ou en conditionnant vos
interventions dans les Etats », estime le MINEPAT.
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