Code pénal : Les grandes innovations que propose Laurent Esso
Le Projet portant Code pénal a été déposé ce lundi sur la table
des députés. Le Gouvernement veut notamment intégrer les peines
alternatives à la prison, la pénalisation de l’adultère, la
responsabilité des personnes morales etc.
L’équipe du Ministre de la Justice s’est basée
sur les dispositions pénales édictées par des lois récentes et certains
instruments internationaux pour procéder à la relecture du Code
pénal
du 12 juin 1967. Ainsi, si le texte originel garde sa structuration et
sa numérotation, des innovations bien précises veulent être apportées
par Laurent Esso. Il s’agit notamment de l’institution de la
responsabilité pénale des personnes morales. Cette responsabilité
n’était en effet pas contenue dans l’ancienne loi, mais constituait des
points de certaines lois dont celle sur les déchets toxiques et
dangereux, celle portant sur le régime des forêts, de la faune et de la
pêche etc. Dans le projet soumis à l’attention de la Représentation
nationale, les personnes morales ont dès lors une responsabilité pénale
dont les sanctions se recrutent parmi « la dissolution, la fermeture
temporaire ou définitive, les interdictions, les exclusions diverses,
l’interdiction d’exercer une activité professionnelle … ».
Alternative à la prison
Outre
la responsabilité des personnes morales, Laurent Esso brandit les
peines alternatives à la peine d’emprisonnement comme seconde
innovation. Parmi ces peines l’on retrouve, le travail d’intérêt
général. Selon le gouvernement, cette alternative « vise à permettre à
la personne reconnue coupable d’un délit passible d’un emprisonnement
maximum de deux ans ou d’une amende d’effectuer un travail dont le
bénéficiaire est une collectivité publique, en substitution de
l’exécution desdites peines ». La durée de cette « peine » varie dès
lors entre 200 et 240 heures de travail. Outre le travail d’intérêt
général, l’on a la sanction réparation. Cette alternative constitue
«une peine prononcée pour les délits passibles d’un emprisonnement
maximum de deux ans ou d’une amende». Le condamné devra dans ce cas,
procéder à la réparation matérielle du préjudice de la victime dans un
délai bien précis. Selon l’équipe de Philémon yang, l’institution des
peines alternatives vise à «désengorger les prisons et permettent
d’éviter les courtes peines».
Lutte contre la corruption
Le
Projet de loi (composé de 370 articles) déposé au palais des verres de
Ngoa-ékellé fait un clin d’œil aux corrupteurs et corrompus. Notamment
ceux œuvrant durant les concours administratifs. Ainsi, l’article 163
dudit texte a été ajouté pour sanctionner la corruption en matière de
concours administratif. La loi (si le projet de loi est adopté tel quel)
prévoit « un emprisonnement de deux (2) à (5 ) ans et une amende de
deux cent milles (200.000) à deux millions (2.000.000) de francs ou
l’une de ces peines seulement, quiconque en utilisant des pratiques de
corruption, facilite l’admission ou provoque l’échec d’un candidat à un
concours administratif ou à un examen ». La même sanction frappe
également les personnes qui déclarent « admis un ou plusieurs candidats
n’ayant pas composé».
Le nouveau texte introduit ainsi des
pénalisations de comportements. Celles-ci vont du refus d’exécuter une
décision de justice devenue définitive, à celle de la filouterie des
loyers et la détérioration des lieux loués, en passant par la vente
illicite des médicaments et les personnes (qui ne sont pas les époux)
responsables de l’expulsion d’un conjoint du domicile conjugal.
Internationalisation
La
relecture du Code Pénal datant de 1967 se justifie en outre par
l’intégration de Conventions internationales ratifiées par le Cameroun.
Ainsi, Laurent Esso a ajouté au projet de loi portant Code pénal des
éléments de la Convention des Nations Unies contre la corruption. Il est
notamment question de pénaliser, le délit d’initiés, la prise d’emploi
prohibé, la non déclaration du conflit d’intérêt. Une autre convention
qui est au rendez-vous, est celle sur l’élimination de toutes les formes
de discrimination à l’égard des femmes. Le projet de loi prévoit ainsi
la répression des mutilations génitales. La répression de l’adultère
prend une nouvelle forme puisque désormais l’article 361 « est punie
d’un emprisonnement de deux (2) mois à (6) mois ou d’une amende vingt
cinq milles (25.000) à cent mille (100.000) francs, la femme mariée qui
a des rapports sexuels avec un homme autre que son mari ». La même
punition étant applicable à l’homme adultérin.
A ces conventions,
Laurent Esso a ajouté celle des Nations Unies relative aux droits de
l’Enfant, celle des Nations Unies contre la criminalité organisée et les
Actes uniformes OHADA portant sur le droit commercial général et
relatifs aux sûretés et aux Sociétés coopératives.
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