Le piège des fautes de gestion dans les Finances publiques
Par MESSI BALA, Cameroon Tribune
C’est
l’un des défis auxquels doivent répondre les auditeurs internes
africains réunis à Yaoundé pour la deuxième conférence internationale de
leur association, l’AFIIA.
Au
Cameroun, depuis près de dix ans, plus d’une dizaine de chefs
d’entreprises publiques et parapubliques ont été épinglés et écroués
pour faute de gestion. A en croire Amstrong Amanor, responsable de
l’Agence d’audit interne
du Ghana, « la responsabilité des gestionnaires
peut être engagée par simple négligence, non-respect des procédures,
imprudence, prise de décision relevant d’une autre entité ou erreur
d’appréciation». Et dans les cas évoqués plus haut, l’évaluation faite
par les services du Contrôle supérieur de l’Etat (Consupe) du préjudice
pour l’Etat camerounais, c’est plus de 200 milliards de F qui sont
imputés à ces Dg pour des irrégularités constatées dans leur gestion.
« Très
souvent, ce sont des gestionnaires qui ont accordé des marchés publics
sans que les normes inscrites dans le dossier d’appel d’offres soient
respectées. Parfois, c’est l’utilisation du gré à gré sans l’aval de
l’autorité des marchés publics ou alors la décision de vendre les biens
de l’entreprise alors que c’est une décision qui relevait du conseil
d’administration», relève un fonctionnaire du Consupe. Quel que soit le
cas, la structure d’audit interne dans la société ou le ministère aurait
dû attirer l’attention du dirigeant et éviter toute faute de gestion.
Justement parce que « l’audit interne est comme l’odeur du gaz dans la
maison. Cette odeur est rarement agréable, mais c’est elle qui fait ou
permet, parfois, d’éviter l’explosion », souligne le ministre délégué
chargé du Consupe, Henri Eyebe Ayissi.
Alors,
question aux auditeurs internes africains présents à Yaoundé dans le
cadre de la deuxième conférence internationale de l’Association
africaine des instituts des auditeurs internes (AFIIA) : les auditeurs
internes sont-ils complices des gestionnaires ? « L’auditeur interne a
un rôle de surveillance dans une administration certes, mais il est
hiérarchiquement placé sous les ordres du gestionnaire », clame Steve
Kitio. D’autres auditeurs vont plus loin en expliquant que « l’audit
interne doit être indépendant pour être efficace, parce que la pratique
voudrait que ce soit le chef du département ministériel ou de
l’entreprise qui propose l’auditeur interne à la nomination ».
Pour
Henri Eyebe Ayissi, il y a deux voies pour mettre fin aux fautes de
gestion. « Le premier aspect est l’exigence de la mise en place d’un
organe d’audit interne bien structuré, avec pour socle, un contrôle
interne organisé », afin de permettre à un dirigeant de mener au mieux
ses activités. Le second aspect étant « l’exigence du respect des règles
d’éthique par les dirigeants, c’est-à-dire la nécessité d’une
internalisation des valeurs morales par ces derniers et d’une prise en
compte, par eux et au quotidien, de ces valeurs morales dans la conduite
et la réalisation des activités des entités dont ils ont la charge ».
Commentaires
Enregistrer un commentaire