Le cameroun se lance dans le marché financier international
Par Josiane TCHAKOUNTE, Cameroon Tribune
L’Etat s’apprête à mobiliser 750 milliards de F sur le marché
financier international. La lettre de mandat permettant de lever ce
financement a été signée mardi à Yaoundé.
Pour financer ses investissements, l’Etat du Cameroun vient de
franchir un nouveau palier dans la mobilisation de ressources. Le marché
financier international. Le montant recherché s’élève à 1,5 milliard de
dollars US, l’équivalent de 750 milliards de F.
L’argent est destiné au
refinancement de la Société nationale de raffinage (Sonara), au
financement partiel du plan d’urgence triennal et de certains projets de
développement. Pour la réalisation de cet emprunt obligataire
international, l’Etat du Cameroun (représenté par le ministère des
Finances) a signé mardi à Yaoundé la lettre de mandat y relative. Ainsi,
conformément au décret d’habilitation du président de la République du
06 février dernier, Alamine Ousmane Mey, ministre des Finances (Minfi), a
paraphé les documents y relatifs avec les directeurs généraux de
Société générale Cameroun (SGC), Jean-Philippe Guillaume, et Standard
Chartered Bank, Mathieu Mandeng. « Nous sommes co-chef de file avec
Standard Chartered Bank, ce qui signifie que c’est nous qui allons
organiser l’émission sur les marchés internationaux. Cette émission aura
lieu surtout auprès d’investisseurs américains, européens et
asiatiques. Nous n’intervenons par directement dans l’émission en
elle-même, nous l’organisons et nous faisons en sorte de trouver les
investisseurs », explique le Dg de la SGC.
Comment l’opération va se dérouler ?
L’opération qui se prépare est une émission obligataire
internationale ou eurobond. Plus simplement, un emprunt obligataire
comme ceux de 2010, 2013 et 2014 mais qui, cette fois, se fera à
l’international. Un « processus plus compliqué », selon Jean-Philippe
Guillaume. Le banquier fait allusion au fait que les montants soient
beaucoup plus élevés et que les investisseurs ne soient plus locaux,
mais internationaux. Dès maintenant, les deux co-chefs de file et les
équipes du Minfi vont commencer à rédiger toute la documentation
juridique qui permettra de lancer l’emprunt. Cet exercice de
structuration de l’emprunt qui démarre dès la semaine prochaine
constitue le plus gros du travail. Le Minfi l’a d’ailleurs souligné
pendant le toast, « il faut se préparer à des journées de 27 heures ».
Quelles chances de réussite ?
La mobilisation des ressources proprement dite, c’est-à-dire les 750
milliards de F, devrait être facile. « On aura les 750 milliards de F »,
assure un responsable du Minfi pour qui cette étape ne devrait pas
durer plus d’une semaine. L’Etat du Cameroun va sur le marché financier
international avec un capital confiance bâti sur les trois premiers
emprunts obligataires réalisés au niveau national qui ont permis de
mobiliser un montant cumulé de 330 milliards de F. Des opérations toutes
réalisées avec succès, du fait du respect des engagements par l’Etat.
Sauf que, de l’avis des experts, il faudra aussi tenir compte d’un autre
élément, l’état du marché. « Nous savons quel est l’état des marchés
aujourd’hui. Mais, comme l’émission aura lieu dans quelques mois, c’est
difficile de savoir quel sera l’état des marchés à ce moment là. Mais,
si des banques comme la Société générale et Standard Chartered ont
accepté d’engager leur réputation et leur signature sur un tel emprunt,
c’est que nous sommes raisonnablement confiants de notre capacité à
lever les capitaux », confie le DG de SGC.
Pourquoi y aller ?
Il s’agit d’un instrument de financement auquel l’Etat a choisi de
recourir. Cependant, le recours au marché financier international peut
aussi se justifier par l’importance des investissements à réaliser et la
« saturation » du marché national. En effet, depuis 2010, date à
laquelle l’Etat a eu recours pour la première fois au marché des
capitaux pour financer son économie, il a été rejoint par d’autres
Etats, notamment le Tchad, le Gabon et la RCA. Les demandeurs de
capitaux se multipliant, les offres se sont au fur et à mesure
amenuisées avec des incidences sur les taux et les volumes de
souscriptions. Il fallait donc, aller sur le marché financier
international.
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