Entreprises, ne passez pas à côté des avis clients
Au lieu de se focaliser sur les réseaux sociaux, les entreprises devraient davantage s’intéresser à la gestion des avis clients, un canal efficace pour générer des ventes.
(HBR France) Choisir un film, partir en vacances, acheter une paire de chaussures,
recruter un collaborateur… Le bouche-à oreille joue un rôle clé dans
grand nombre de nos décisions quotidiennes. Nous sommes davantage
réceptifs aux recommandations émises par des personnes de confiance
et
apprécions aussi tout particulièrement leur faire bénéficier de « bons
plans ». Quelques chiffres suffisent à illustrer l’importance du
bouche-à-oreille dans les processus d’achat. Dès 1955, les sociologues
américains Elihu Katz et Paul Lazarsfeld ont démontré qu’il était sept fois plus efficace que la publicité dans les journaux. En 2010, une étude du cabinet McKinsey
révélait que ce dernier était le facteur déterminant d’achat, dans 20% à
50% des cas. Traditionnellement, le bouche-à-oreille se définit comme
une un échange informel entre deux personnes. Il doit donc être
indépendant du fournisseur de service, une condition stricte de son
succès.
Historiquement, les entreprises avaient peu de prise sur les
mécanismes de bouche-à-oreille. Elles se contentaient d’offrir une
expérience parfaite à leurs clients, espérant que les recommandations
spontanées suivraient. Mais le digital a changé la donne. C’est de plus
en plus à travers ce canal que les internautes effectuent leurs achats,
s’informent et conseillent leurs amis. Il leur est possible de faire
appel à un réseau beaucoup plus large, au-delà du cercle de
connaissances. La nouveauté, c’est aussi que ce bouche-à-oreille
numérique peut être influencé par les entreprises. Sans céder à
tentation de publier ou d’acheter des « fake reviews », elles peuvent
infléchir ce bouche-à-oreille grâce aux réseaux sociaux ou à des
mécanismes de parrainage, par exemple. Et peuvent désormais analyser et
mesurer ces effets, à travers l’instrumentation du parcours client en
ligne (suivi de la navigation, des interactions et des achats).
Les réseaux sociaux, un canal risqué
Pour capter le bouche-à-oreille numérique, les entreprises ont
tendance à concentrer leurs efforts sur les réseaux sociaux. Le social
commerce, c’est-à-dire le commerce intégré aux réseaux sociaux, capte
l’essentiel de leur attention, tant leur succès semble prometteur. Sur
Instagram, qui a mis en place la fonctionnalité « Shopping »,
75% des utilisateurs qui prennent connaissance d’un post commercial
effectuent une action par la suite (comme visiter le site de la marque).
Un engagement unique dans le digital. Le succès de l’écosystème WeChat en Chine témoigne également du potentiel du social commerce. Cette
« super application » (messagerie, moyen de paiement, jeux, système de
réservation de taxi…) s’impose également dans le commerce en ligne. La
plateforme sociale construite par WeChat, qui comptait pas moins d’un milliard d’utilisateurs en 2018,
est l’endroit idéal pour partager des expériences d’achat et des
recommandations. Et cela se traduit en espèces sonnantes et trébuchantes
pour les marchands mis en avant sur la plateforme.
Toutefois, il est souvent difficile pour les entreprises de tirer
profit des réseaux sociaux et de transformer le bouche-à- oreille en un
cercle vertueux. Difficile, en effet, pour une marque de sortir de sa
sphère d’influence et de s’adresser à des prospects. D’autre part, les
investissements marketing des entreprises sont souvent perçus comme
intrusifs. Seules les campagnes originales et décalées ont une chance de
réellement déclencher du buzz. Hormis le succès d’Instagram, les
fonctions d’achat sur les réseaux sociaux ont connu des destins mitigés.
C’est le cas de Twitter qui a abandonné son bouton « Buy » en 2017, ses ambitions dans le e-commerce, et recentré son modèle économique sur la publicité.
Un système de notation qui suscite la confiance
Au-delà des réseaux sociaux, les avis clients ne doivent pas être
négligés. Historiquement, ces derniers ont fait leur apparition en même
temps que le e-commerce. Pour rassurer ses utilisateurs, eBay
a eu la brillante idée d’associer à ses produits un système de
notation, à la fois pour les vendeurs et les acheteurs. Ce dispositif
s’est imposé comme un des facteurs clés de succès de l’entreprise, car
il permettait de garantir la confiance, à une époque où le commerce en
ligne s’apparentait encore au Far West. Ce système est devenu
aujourd’hui un prérequis pour tous les sites de e-commerce et les
plateformes d’intermédiation. Partout où la confiance fait défaut, le
retour d’expérience d’un pair est perçu comme la meilleure garantie.
Les avis clients sont devenus une source d’avantage compétitif. Ils
permettent d’assurer la visibilité des entreprises auprès des prospects
qui effectuent des recherches en ligne (SEO, référencement naturel…).
Ils jouent un rôle clé lors du processus d’achat. Les avis clients
permettent également d’effectuer un suivi en temps réel sur l’ensemble de l’expérience client
(qualité, livraison…) et de prendre des mesures correctrices très
rapides en cas de défaillance. Car un pourcentage élevé de retours
négatifs aura pour effet de « massacrer » les taux de conversion. Enfin,
les avis clients sont assurément une mine d’or en matière de données.
Ils sont essentiels pour mieux comprendre les clients et la performance
des produits d’une marque. Et ils permettent également d’appréhender les
forces et les faiblesses de ses concurrents.
A ce titre, une étude menée en 2019 par l’entreprise spécialisée dans
les avis produits Linkproved est riche d’enseignements. Celle-ci a été
réalisée à partir de 550 000 commentaires publiés sur les plateformes de
quatre e-commerçants leaders en Europe concernant des produits
d’électronique, d’électroménager, de jardinage et de bricolage. Elle
révèle que les avis sont très souvent positifs (64% des commentaires
atteignent un score de 5 étoiles), mais que les avis négatifs (1 étoile)
sont les plus valorisés, c’est-à-dire signalés comme « intéressants »
par les internautes. D’autre part, même si ces avis proviennent de
e-commerçants leaders, seulement un quart des produits sont assortis
d’un avis de consommateur. Si certains sites s’appuient très bien sur
les commentaires clients (50% de produits avec au moins un avis),
d’autres sont clairement à la traîne avec à peine 1% des produits
« commentés » par les consommateurs.
Cela témoigne d’une opportunité très importante pour les marques, qui
doivent encourager les acheteurs à laisser un commentaire. Enfin, le
sujet qui revient le plus dans les avis concerne la livraison,
préoccupation qui reste donc majeure parmi les internautes, malgré
toutes les améliorations apportées ces dernières années. Une analyse
précise par produit, segment ou e-commerçant permet bien sûr
d’identifier les sujets de préoccupation des consommateurs. Par
exemple, il apparaît que les appareils électroménagers ont une note
inférieure en moyenne de 15% par rapport aux autres produits, notamment à
cause de problèmes liés à la livraison. Analyser, quantifier, segmenter
ces avis est donc un levier de croissance et d’amélioration immense
pour les marques.
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