Africa 24: L’INTERVIEW avec Aliko Dangote, Fondateur et PDG du groupe Dangote
Soyez les bienvenus dans l’interview d’AFRICA24 TV
qui reçoit l’un des hommes les plus influents de ce monde, la première
fortune du continent africain. Il s’agit d’Aliko Dangote, Fondateur et
PDG du groupe Dangote.
Marie-Angèle TOURE: Merci M. Dangote de nous recevoir ici.
Aliko Dangote: Merci à vous d’être venue.
Comment menez-vous vos affaires avec les autres pays du continent africain ?
Nous le faisons en fonction
des besoins de ces pays. Puis,
nous essayons de nous assurer que nous répondrons à leurs besoins en
matière de ciment. Et d’après ce que j’ai pu constaté, les pays
africains importent beaucoup de ciment. Nous essayons de répertorier
tous les pays d’Afrique subsaharienne où il y a un réel déficit en
matière de ciment et nous essayons de voir comment intégrer leurs
marchés en utilisant leurs propres matériaux tout en préservant les
réserves de change en créant des emplois et en leur permettant d’obtenir
du ciment à un prix abordable. Donc, nous créons des emplois et de la
prospérité et ce partenariat est gagnant-gagnant. Il est évident que
nous en tirerons des bénéfices mais le pays économisera de l’argent. Et
en créant des emplois, nous facilitons l’activité économique dans le
pays.
Comment êtes-vous parvenus à vous intégrer dans ces pays francophones quand on sait que les cultures sont différentes ?
Il est vrai que ce sont des pays dominés par des français.
C’est vrai, cela a été difficile. Vous avez dû lire les difficultés
qu’on a pu avoir au Sénégal à cause d’un concurrent qui se trouve être
français alors que nous sommes anglophones. Mais, tout cela est derrière
nous parce que les difficultés ne nous arrêtent pas. Nous aimons les
défis et nous avons eu les mêmes problèmes dans d’autres pays. En
Tanzanie par exemple où nous avons été au tribunal pendant trois ans.
Les tanzaniens étaient-ils suspicieux ?
Oui, ils l’étaient, c’est un projet que nous avons annoncé
en 2007 et la perception sur place des tanzaniens n’était pas bonne.
C’est l’Afrique qui investit en Afrique, ce n’est pas commun. Où que
nous allions, lorsque nous annonçons des projets d’un montant avoisinant
les 400 millions de dollars, ils ne nous croient pas. Ils pensent que
c’est une arnaque nigériane. Mais nous sommes très tenaces, nous savons
ce que nous faisons et nous maintenons notre position.
Pensez-vous pouvoir changer la mauvaise image que certains africains pourraient avoir des nigérians ?
Oui, nous sommes en train de changer cette perception. On
dit que la perception va au-delà de la réalité si elle n’est pas
rapidement corrigée. Nous sommes une grande compagnie du continent
africain qui a investit sur le continent dont les investissements sont
importants. Cette perception a radicalement changé parce qu’ils se sont
rendus compte que ce que nous promettons, nous le réalisons même dans
les pays où nous nous sommes vraiment battus jusqu’à la Cour suprême.
Nous avons réussi à calmer la tempête avec succès. Nous ne disons pas
que la tempête s’est définitivement calmée, mais nous continuerons. Nous
avons une stratégie agressive et nous n’avons pas peur des épreuves
lorsqu’il s’agit des affaires.
La diversification est-elle votre clé de succès ?
Oui. Il n’y a aucune affaire qui ne soit soumise à
certaines difficultés. Mais si vous avez différents types d’activités,
il sera difficile d’avoir des problèmes partout. Nous ne sommes pas
seulement dans le ciment, nous sommes aussi dans l’agro-alimentaire.
Donc, si l’agro-alimentaire se porte mal, le ciment se portera bien.
Nous sommes également dans le pétrole, le gaz, la pétrochimie. Nous
sommes aussi dans les fertilisants et aussi dans la construction. Par
exemple, dans le domaine du ciment, nous serons bientôt dans 16 pays.
D’ici un an et demi ou deux, nous serons à 65 millions de tonnes. La
prochaine étape sera la raffinerie et d’ici la fin de sa construction,
la plupart de nos voisins (sans compter le Nigéria) seront capables de
répondre à la demande en matière d’autres produits, qu’il s’agisse de
pétrochimie, polypropylène, polyéthylène, nous serons le plus grand
complexe pétrochimique.
Comment réagissez-vous devant ces pays africains
dont les économies sont dominées par les relations avec des compagnies
occidentales ?
La différence entre les pays francophones et le Nigéria,
c’est que nous avons pris notre destin en main. Nous contrôlons
l’économie de notre pays. Je m’excuse auprès des personnes à qui cela
pourrait déplaire. Mais, nous contrôlons notre économie. Ce qui n’est
pas le cas de la plupart des pays francophones où les nationaux n’ont
aucune emprise sur leur économie. Ces économies sont contrôlées par des
étrangers qui parfois même dictent leurs termes et leurs conditions aux
gouvernements.
Nous pensons que nous sommes capables de rectifier cela en
allant dans différents pays et en investissant dans ces pays, parce que
ce sont des pays où il y a encore une dizaine d’années, il n’aurait pas
été possible pour un nigérian d’aller dans un pays comme la Zambie ou
encore le Sénégal et investir 400 millions de dollars.
Le type d’investissement que nous mettons en place nous
permet de ne pas mettre de pression sur les institutions financières
nationales, parce que nous n’empruntons pas d’argent local. Nous
ramenons notre financement du Nigéria à 100%. Et nous l’injectons dans
le pays, donc il n’y a pas un seul centime qui sort de ce pays.
C’est une grande opportunité. Les autorités devraient vous accueillir les bras ouverts ?
Il le faut et ils le font. Un pays où nous pensions qu’il
serait difficile de nous implanter est le Cameroun parce que les
relations entre nos deux pays étaient difficiles. Mais, nous avons reçu
un chaleureux accueil. Le Président nous a reçu avec tous les honneurs
alors que nous ne nous étions jamais rencontrés. Nous ne nous sommes
rencontrés qu’après, à Washington, mais le Premier ministre a été très
présent et nous a facilité les choses. Les ministres de l’Industrie, des
Finances, du Commerce, tous nous ont aidés. Toutefois, le meilleur pays
en termes d’accueil reste l’Éthiopie.
Nous allons terminer cette interview par la
question Joker. Êtes-vous fier de ce que vous faites ? Chaque matin au
réveil, que pensez-vous de vous-mêmes, de ce que vous êtes en train
d’accomplir ?
Je pense que notre compagnie a réalisé beaucoup de choses
grâce à des personnes de qualité. Pour répondre à ta question, je suis
heureux à mon réveil, mais pas totalement satisfait parce que nous avons
beaucoup de choses à accomplir et nous les africains, devons libérer
économiquement l’Afrique. Le seul moyen pour nous, de prospérer est que
les africains dirigent eux-mêmes leurs économies. Les étrangers verront
ce que nous sommes en train de faire, et ensuite, nous rejoindrons.
Nous ne pouvons pas nous développer seuls mais nous devons diriger.
Lorsque je regarde le futur, je deviens un homme encore plus heureux.
Même si nous n’y sommes pas encore parvenus parce que regarder le futur
et se dire que rien n’est impossible est plaisant.Mais, parvenez-vous à vous donner un temps de répit ?
Oui, mais durant la période où nous nous sommes passés de la négoce à la production, par exemple de 1996 à 2009, je n’ai pas pris de vacances. J’essaye maintenant et je peux me permettre de prendre des vacances une fois par an. J’essaie de me reposer le week-end aussi, car j’avais pour habitude de travailler le samedi. Mais, j’essaie de prendre du recul et faire ce que j’aime le plus.
Nos téléspectateurs sauront ce qu’il faut faire s’ils veulent réellement réussir. Merci.
Il faut leur dire que je travaille 18 heures par jour. Travaillez-vous aussi 18 heures par jour ?
Oui, nous le faisons tous à AFRICA24 TV. Merci de nous accueillir ici et de répondre à ces questions
Commentaires
Enregistrer un commentaire