André Fotso - Être à l'écoute des créateurs de richesses
Par Mariom Obam, Mutations du 20 décembre 2011
Un Gicam ouvert et à l'écoute, agissant et uni, fort et respecté. Ainsi définissait il y a quelques semaines André Fotso sa vision pour le mouvement patronal dont il souhaite prendre la présidence dès demain, mercredi.
Il ajoutait qu'il s'agit plus précisément «d'être un rassembleur du secteur privé pour l'unification des organisations patronales, convainquant et efficace dans le dialogue secteur Privé/secteur public et enfin d'être plus dynamique à l'international». André Fotso a un parcours qui lui donne aujourd'hui la stature de prétendre à la présidence du Gicam. Ce titulaire d'un doctorat troisième cycle en Sciences de gestion obtenu à l'Université de Lyon II débute sa carrière professionnelle au sein de la compagnie Batoula comme contrôleur de gestion en 1982.
De 1985 à 1991 il travaille à Rhone Poulenc comme Directeur administratif et financier. A partir de ce moment, il va enchaîner la création des entreprises. André Fotso commence par 3T Cameroun spécialisé dans le transit, le transport, l'aconage, la manutention et la consigne. En 1993, il crée Fme-Gaz et en 2010 il rachète Cométal (construction métallique). Celui qui est le patron au Gicam de la commission économique et de l'entreprise va regrouper ses trois sociétés dans un groupe baptisé Taf investissement group, qui emploi aujourd'hui 702 personnes.
André Fotso ne peut attendre que Olivier Behle fasse un deuxième mandat comme le prescrit les statuts, chaque président ayant droit à deux mandats. Car André Fotso sent sûrement c'est le bon moment. Il a fait ses classes en gérant un groupe de sociétés aussi variés, il est entré au Gicam en 2002 et son engagement pour la cause de l'entreprise va lui valoir de présider la commission économique, tout comme la vice présidence du Gicam en 2008.
André Fotso considère que «la Pme est un levier important pour la croissance économique et l'émergence de notre pays», est un homme déterminé, peu patient, intelligent et cultivé. Amoureux de l'art nippon, il affectionne le proverbe japonais «Naseba Naru», qui veut dire «La où il y'a la volonté, il y'a une voie». André Fotso a aujourd'hui plus que de la volonté, reste à convaincre le vrai électoral constitué des membres à jour de leurs cotisations pour succéder à Olivier Behle. Il ne doute pas un seul instant de sa victoire finale. Echange avec un homme serein.
Concrètement, que proposez-vous aux membres du GICAM dont vous allez solliciter les suffrages le 21 Décembre prochain ?
La liste "ALLIANCE ACTIVE" que j'ai le plaisir de conduire porte un projet qui nourrit une réelle ambition pour l'entreprise et pour notre économie. D'une manière générale, les axes prioritaires de notre programme constituent un maillage structuré dont le seul objectif est de doper les investissements pour créer les emplois et les richesses, afin de gagner en croissance économique. Par plus de proximité, notre volonté est d'être à l'écoute des créateurs de richesses afin de recenser leurs difficultés, échanger sur les solutions et faire les propositions constructives au terme d'analyses et de recherches au sein du Cercle de Réflexion Economique que nous entendons créer avec les économistes du milieu universitaire.
Mais encore...
Dans le même ordre d'idée, nous travaillerons à l'impulsion d'une concertation avec les autres organisations, la multiplication des accords de partenariat à l'étranger, l'implication des chefs d'entreprise de la diaspora participent de notre démarche pour saisir toutes les opportunités qui contribueront au développement de nos entreprises.
L'une des préoccupations les plus prégnantes des opérateurs économiques demeure l'environnement des affaires qui est très peu incitatif au Cameroun. Que prévoit votre plan d'action dans ce sens si jamais vous êtes élu au soir du 21 Décembre?
Le climat des affaires dans notre pays a toujours constitué une préoccupation majeure pour notre groupement. A travers le Cameroon Business Forum, les pouvoirs publics ont engagé une réflexion sur l'attractivité de notre économie. Mais notre classement dans le "Doing business" continue d'être mauvais, exigeant que cette question soit prise à bras le corps pour être traitée avec la plus grande attention.
Que comptez-vous faire ?
Dans notre projet, nous proposons en concertation avec le gouvernement, la mise en place de groupes de travail permanents sur le climat des affaires ; de notre point de vue, les priorités devraient être les suivantes : La sécurité juridique des investissements ; La fiscalité qui doit se muer en fiscalité de développement pour porter la croissance ; Les codes sectoriels d'investissement ; les infrastructures (Energie, Télécommunications et routes) ; la promotion des zones industrielles et des zones économiques ; les délais de création d'entreprises et d'obtention d'agrément administratif.
Nous insistons particulièrement sur la nécessité de sanctionner les travaux de ces groupes paritaires de travail par des plans d'action devant faire l'objet d'une évaluation trimestrielle.
L'emploi est également un problème épineux au Cameroun. Et le patronat a certainement sa partition à jouer sur cette problématique. Que prévoyez-vous de faire en matière de lutte contre le chômage si vous êtes élu demain ?
C'est une question d'une importance existentielle pour notre économie. Je le sais personnellement parce que j'ai été employé, puis employeur et je suis à la tête de Taf investissement Group qui emploie 702 Camerounais et Camerounaises. Sachant que la ressource humaine est la première richesse des entreprises, nous allons travailler avec les membres du Gicam, les grandes entreprises, les petites et moyennes industries/entreprises et les regroupements par secteurs pour trouver des solutions transversales, toujours en partenariat avec le Gouvernement. La Pme est un levier important pour la croissance économique et l'émergence de notre pays.
On attend des propositions concrètes...
Notre projet pour lutter contre le chômage est prêt. Des niches à fort potentiels d'emplois ont déjà été trouvées maintenant, le comité qui se mettra en place si je suis élu, va créer la synergie nécessaire entre les différents acteurs pour mettre le projet en marche. C'est pour cela que nous avons dans la liste Alliance Active «Pour un Gicam ouvert et à l'écoute, Agissant et uni, Fort et respecté». Les personnes qui sont sur ma liste sont expérimentées, connaissent l'administration, gèrent des grandes entreprises et sont complémentaires. Nous allons toujours privilégier le dialogue Secteur Privé/Public.
Que répondez-vous à ceux qui pensent que dans le dispositif décisionnel du Cameroun, le Gicam n'a pas de poids et n'est qu'un gadget ?
Je suis désolé que des gens pensent cela. C'est peut-être qu'ils ne suivent pas la vie du Gicam depuis des décennies, car le Gicam a été de tous les combats économiques qui ont contribué à l'amélioration de l'activité de ses membres mais aussi des Camerounais. Le Gicam a pesé de tout son poids pour résorber la question des délestages qui causaient de sérieux dommages à nos activités qui tournaient au ralenti. Beaucoup de points dans la fiscalité, les Douanes et Impôts ont été améliorés après le travail scientifique fait par le Gicam pour démontrer que l'environnement des affaires camerounais est vicié.
Vous entendez donc améliorer ces relations...
C'est tout à fait cela. Dois-je vous rappeler, dans le cadre du dialogue secteur Public/Secteur privé, nous avons travaillé dans les projets structurants que sont les projets énergétiques, la construction du Port en eau profonde de Kribi et les projets d'infrastructures. Pour y arriver nous avons par exemple créé des plateformes de discussions et d'échanges comme le Dîner -débat du Gicam, le Business adversory services, les journées de l'entreprise. Le Gicam travaille énormément avec le Gouvernement et réfléchit dans plusieurs comités décisionnels. Mais nous n'avons pas pour mission de divulguer le fruit de ces résolutions de comités. Mais beaucoup se fait de façon souterraine. Heureusement beaucoup de combats ont été gagné ainsi. Pour moi, Il faut toujours être à l'avant-garde. Il faut avancer, toujours avancer sinon, on recule ». Le Gicam a un vrai rapport de force avec le Gouvernement, le Gicam n'est pas un gadget.
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