Franc CFA : changements discrets dans la Cemac, statuquo dans l’Uemoa
Investir au Cameroun) - Annoncée par les dirigeants de la France et des pays d’Afrique de l’Ouest, l’éco, future monnaie unique de l’Union monétaire ouest-africaine (Uemoa), censée remplacer le FCFA, ne sera finalement pas au rendez-vous en 2020, selon l’Agence Ecofin.
À ce jour, seules les avancées de la France dans ce processus
sont connues. Son parlement a, le 10 décembre 2020, approuvé le projet de loi relatif à la modification des accords de coopération monétaire avec l’Uemoa.« L’adoption par l’Assemblée nationale du projet de loi d’approbation de l’accord de coopération monétaire entre la France et l’Uemoa constitue une étape décisive dans la conduite de la réforme initiée par la signature de l’accord de coopération monétaire en décembre 2019 à Abidjan », peut-on lire dans une discrète communication de la direction générale du Trésor français.
Cette avancée dans le dossier ne suffit pourtant pas pour voir circuler des billets d’éco dans la zone Uemoa. Selon son article 10, le nouvel accord de coopération monétaire « entrera en vigueur à la date où sera valable la convention de garantie, sous réserve de la notification par l’ensemble des États signataires de l’achèvement de leur procédure de ratification ».
Il existe pourtant très peu d’informations sur le processus de ratification de cet accord par les États membres de l’Uemoa. Il n’est pas exclu que la question soit dans l’agenda des gouvernements. Mais l’essentiel des communiqués de Conseil des ministres des pays concernés ne confirme pas encore cela.
Quant à la convention de garantie, clé de voûte du nouvel accord, on sait grâce à un rapport parlementaire français que le gouvernement Macron y travaille en consultation avec des responsables de la Banque centrale de l’Uemoa (Bceao).
Toutefois, dans le dernier rapport de politique monétaire de décembre 2020 publié par l’institution régionale, cette question ne figure nulle part. Enfin, un dernier défi qui n’est pas négligeable, c’est que le Nigeria, première puissance économique de la Cedeao, une organisation sous régionale dont les pays de l’Uemoa sont individuellement membres, a menacé presque de réprimer toute adoption unilatérale à l’éco.
En Afrique centrale, de petits changements s’introduisent
Au regard de ce tableau, il est désormais certain que le projet de nouvelle monnaie dans la zone Uemoa est en stand-by. Selon Marc Le Fur, rapporteur pour avis du Parlement français, qui cite des officiels de l’Uemoa, les prochaines dates évoquées sont 2023 ou 2025.
Dans la zone jumelle de la Cemac, la question de la réforme monétaire qui est aussi discutée est encore floue. Le 1er août 2020, des investisseurs sous anonymat ont révélé à l’Agence Ecofin que la France et cette sous-région préparaient aussi un accord révisé de coopération monétaire. Cet état de choses a été confirmé par M. Le Fur.
« Il est vrai que l’accord nous liant aux pays d’Afrique centrale sera différent : la France sera toujours représentée dans leur Banque centrale et ils continueront d’être soumis à l’obligation de dépôt. Notre relation avec ces pays n’évoluera pas pour l’instant, mais étant donné celle qui est engagée avec l’Afrique de l’Ouest, nous irons dans la même direction avec les pays d’Afrique centrale s’ils en font explicitement la demande », a-t-il fait savoir.
Même en l’absence d’accord formel, de petits changements se mettent en place dans la Cemac. L’un d’eux concerne la libre transférabilité de la monnaie qui est devenue plus contraignante. Il est désormais plus difficile de transférer de l’argent en dehors des pays de la Cemac. Même entre les pays de la sous-région, des restrictions de transfert ou de paiement par voie électronique s’imposent désormais.
Enfin, la Beac, même si elle a accordé des délais, tient désormais à ce que toutes les ressources en devise soient rapatriées et centralisées à son niveau, avant le placement d’une partie sur le compte des opérations au sein du Trésor public français.
Idriss Linge
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